Le « Rire pascal ». Une tradition à redécouvrir

 

Cette tradition oubliée de raconter des histoires drôles à Pâques, vient du Moyen Age. Le rire symbolise la joie de la résurrection, la Bonne Nouvelle libératrice de la victoire sur la mort. Ces histoires avaient parfois une pointe critique envers les autorités (religieuses et publiques) et conduisaient aussi à quelques excès. C’est pourquoi, Martin Luther a critiqué cette pratique. Et dès le 18e siècle, l’Eglise catholique l’interdit, tout en gardant la tradition du Mardi Gras, qui a cependant une autre thématique.

Dès l’Antiquité, les philosophes parlaient des vertus du rire, notamment pour lutter contre la mélancolie (qu’on appelle « dépression » aujourd’hui) et s’accommoder des malheurs de l’existence. Le rire devient un « exercice spirituel ». Des pages de la Bible, le judaïsme, les Pères du Désert cultivent l’humour. Durant toute l’histoire du christianisme, l’humour a sa place, quand bien même certains théologiens ont tenté de le proscrire. Le roman d’Umberto Eco, le Nom de la Rose, montre cette tendance, sous l’influence d’Aristote, lequel considérait, certes,  le rire « comme le propre de l’homme », mais surtout comme un défaut à corriger. A tel point que Thomas d’Aquin a précisé « les conditions du rire licite ».

Aujourd’hui, heureusement, l’humour a retrouvé sa place dans les Eglises. Contrairement à l’ironie, qui tend l’atmosphère, l’humour la détend. Si l’ironie, arme utilisée en politique, se rit de l’autre, l’humour est humble et n’humilie pas. « Un chrétien qui ne rit pas un chrétien en danger, écrit Benjamin Bosson. L’humour est un bienfait de Dieu, une qualité à acquérir, un moyen pour le chrétien de témoigner de l’espérance qui l’habite et de ce qu’a fait pour lui l’amour de Dieu » (*).

L’humour est aussi un excellent facteur de rapprochement entre membres de diverses religions. S’il y a une chose qu’elles ont en commun, c’est la plaisanterie ! Un des bons moments que j’ai passé à l’Arzillier, la maison du dialogue à Lausanne, est une fête où rabbins, prêtres, pasteurs, imams, lamas et autres responsables de communautés étaient invités à partager des histoires drôles. La surprise était que des « witz » que je pensais bien de chez nous se retrouvaient sous d’autres latitudes et religions.

(*)  Benjamin Bosson, Pour l’humour de Dieu. Rire sourire, se détendre dans la vie chrétienne. Ed. des Béatitudes, 2009

Cet article a été publié en 2012 et révisé en 2016

Quelques plaisanteries aptes à susciter le « Rire pascal »

Nouvelle série de plaisanteries.  

L’humour, une pratique mystique, Interview dans Protestinfo


Publié

dans

par

Étiquettes :