main dans la main

Esaïe, Pierre… et toi : quatre étapes d’une vocation. (Esaïe 6 – Luc 5)

Deux récits de vocation : Esaïe, le plus grand des prophètes. Pierre, le plus grand des apôtres. Ces deux récits ont la même structure. Quand Dieu appelle, il y a des constantes. Nous pouvons donc nous retrouver en eux et lire notre vocation à la lumière de la leur ! Vocation où je discerne quatre étapes dans ces deux grands textes (Esaïe 6, Luc 5)

L’expérience de l’amour saint de Dieu

Esaïe dans le temple de Jérusalem fait cette expérience. Le Dieu saint se manifeste à lui. Il le saisit dans son être tout entier et lui fait connaître sa sainteté. Un jour aussi, l’amour de Dieu nous a rejoints. C’est pour chacun différent. Cela peut être par une lecture, une rencontre, une souffrance, une guérison… Mystère des voies de Dieu. Mais quand nous relisons notre vie, nous pouvons dire : oui, c’est vrai : j’ai rencontré Dieu. Ou plutôt, il m’a rejoint, il a fait le premier pas. Seuls peuvent comprendre ce langage, ceux-là même qui ont vécu cela. Seule l’expérience fait le chrétien.

Pierre a fait cette expérience. Il était résigné au bord de l’eau après une nuit de pêche infructueuse. C’est alors que Jésus entre dans sa vie en l’appelant à jeter é nouveau son filet. Après un moment de surprise, il répond. On connaît la suite : les filets se rompaient tant il y avait de poissons.

Pierre a écouté et Dieu lui a manifesté son amour. Esaïe a été un homme d’écoute :  « matin après matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute » (Es. 50,4). Quand l’homme écoute, Dieu agit. C’est la loi spirituelle la plus importante. Quel est votre désir ? Voulez-vous que Dieu vous fasse sentir son amour ? Alors écoutez !

Se rendre transparent à Dieu

L’étape suivante de la vocation est de prendre conscience du décalage entre Dieu et nous. Devant la manifestation de l’amour de Dieu, Esaïe avoue son indignité. Non seulement la sienne, mais aussi celle de son peuple qui « déclare bien ce qui est mal et mal ce qui est bien ». Devant Jésus, Pierre a la même réaction : « Seigneur, éloigne-toi de moi ! Oui je suis un homme pécheur » !

Quand on se sait aimé de Dieu, quand on a éprouvé sa miséricorde jusqu’aux entrailles, alors on peut aussi s’ouvrir à lui, se rendre transparent à lui. N’ayons pas peur du Christ, ouvrons-lui nos cœurs ! Il connaît ce qui est en nous, nos adhésions et nos aversions, nos passions et nos transgressions. S’il nous connaît, cela veut dire qu’il nous aime et désire notre bonheur.

Le Christ est notre époux et l’Eglise son épouse. Il est saint et il veut son épouse sainte, belle, resplendissante. Sans cesse il travaille en nous pour nous conformer à son image. Ce travail intérieur et profond commence lorsque, sincèrement, nous nous plaçons devant Dieu et lui demandons pardon.

C’est à genoux que l’on avance dans la vie chrétienne !

Une transformation

La troisième étape de la vocation est celle de la transformation. Un ange touche la bouche d’Esaïe avec une braise et lui annonce que son indignité est supprimée, son péché effacé. Alors Esaïe se relève et dit ce que beaucoup de prophètes ont dit avant lui, depuis Abraham : « Me voici » ! Désormais il vivra avec Dieu et Dieu sera en lui. Il est une créature nouvelle.

Pierre aussi se relève, transformé. Jésus lui dit « N’aie pas peur » ! Or quand Jésus dit cela, ce ne sont pas seulement trois mots les uns après les autres. Mais Jésus réalise vraiment ce qu’il dit : il enlève toute frayeur du cœur de Pierre. Désormais la paix du Christ habite dans son cœur, tant qu’il reste en communion avec lui.

Quand nous écoutons, Dieu agit, il pardonne, libère, guérit, relève et transforme. Ayons confiance en la force de sa Parole ! Depuis qu’il est ressuscité, Jésus est au bord de tous les lacs et mers du monde, là où deux ou trois sont réunis en son nom. Il continue à appeler quand sa Parole est annoncée et partagée, vécue et incarnée. Ayons confiance qu’elle nous transforme !

Un envoi

Tant Esaïe que Pierre sont tous les deux envoyés pour annoncer l’amour de  Dieu. L’envoi est la quatrième étape de la vocation. Esaïe est envoyé pour dire les quatre vérités au peuple : « Va dire à ce peuple… ». Un peuple qui n’écoute pas, ne regarde pas, ne veut pas se tourner vers Dieu. Ce message semble fait pour aujourd’hui où la foi s’attiédit dans le conformisme ou bien se raidit dans l’extrémisme. Dire la vérité à autrui est une haute expression de la miséricorde. Pas d’amour sans vérité.

Pierre est aussi envoyé: « Désormais ce seront des hommes que tu prendras ». Habité par l’Esprit du Christ, il jettera le filet de la Parole sur les bas-fonds de l’humanité. Avec Pierre nous ne ressortons pas indemnes d’une rencontre avec Jésus.

Une rencontre qui souvent se fait sans bruit, dans la subtilité d’un changement d’accent dans le mot pécheur. Actuellement on discute une réforme de l’orthographe et certains voudraient se passer de l’accent circonflexe. Dans notre cas, cet accent remplace un ancien s. Le mot pêcheur se disait pescheur (du latin pescator).

« De pécheur que tu es, je te fais maintenant pêcheur d’hommes ».

Avec Pierre nous sommes passés de l’aigu (pécheur devant l’Eternel) au circonflexe (pêcheur d’hommes).

Nous sommes envoyés pour faire descendre le filet de son amour dans nos profondeurs. Et cet envoi consiste d’abord à témoigner de la grande nouvelle : « Le Christ est mort pour nous et trois jours après il est ressuscité des morts » (1 Cor 15,3). A en témoigner par notre vie d’abord : en vivant à la fois à genoux – humbles devant Dieu et les hommes – et debout : pleins de vie et d’espérance car le Ressuscité vit au milieu de nous et nous relève.

Quand vivons-nous cette vocation ?

Un jour que nous connaissons ou bien peut-être maintenant, Dieu nous a appelés. Et dès lors il ne cesse de nous appeler.  

Chaque matin, (mais aussi à chaque sainte cène, à chaque lectio divina, dans chaque rencontre, dans chaque événement joyeux ou douloureux)  le Christ nous redit son amour : « Les compassions du Seigneur ne sont pas épuisées, elles se renouvellent chaque matin »  (Lam 3,22). Chaque matin, il nous appelle à nous rendre transparent à lui. Chaque matin il vient en nous et au milieu de nous pour nous transformer en Lui. Chaque matin il nous envoie pour être témoin de son amour envers tous.

Oui, la vocation devient notre style de vie.

Que le Christ nous aide pour que nous le soyons de manière conséquente !

Comme Pierre, nous voulons te dire

« Sur ta Parole, Seigneur, je vais jeter les filets ».

Eveille notre confiance que ta Parole accomplit son œuvre,

Si nous y adhérons de tout notre cœur.

Fortifie notre décision, notre engagement et notre persévérance.

Forge en nous le courage de nous lever.

Conduis-nous pas à pas à travers la vallée obscure

Encourage-nous par des signes et place des anges sur nos chemins !


Publié

dans

par

Étiquettes :