En marche vers un festin !

L’Évangile de Luc montre Jésus faisant route vers Jérusalem, la ville où il va donner sa vie et ressusciter trois jours après. (13,22-30). Mais Jérusalem est encore plus que cela : c’est aussi de là que Jésus rejoindra son Père. Désormais, après sa résurrection, il est « Emmanuel, Dieu avec nous » sur nos chemins et il appelle à entrer dans cette communion non seulement les frères et sœurs de sa nation selon la chair, mais de toutes les nations.

En reprenant l’image, chère aux prophètes, du rassemblement final de toutes les nations à Jérusalem Jésus parle d’un grand festin préparé pour tous ceux qui viendront de l’orient et de l’occident pour prendre place dans le royaume de Dieu. (cf. Es 66,18-21).

Sur ce chemin vers Jérusalem, Jésus porte dans son cœur le salut de son peuple et celui de l’humanité tout entière. C’est en effet pour réunir en lui juifs et nations qu’il est descendu du ciel (Ephésiens 2). Ainsi tous les peuples loueront le Seigneur : « Laudate dominum omnes gentes » (Psaume 117) !

Ne l’oublions jamais : notre destin ultime n’est pas l’anéantissement de la terre par une catastrophe climatique ou nucléaire, mais une fête à laquelle tous sont invités. Il faut le redire dans un temps où l’angoisse d’un cataclysme gagne tant de gens et fait le fonds de commerce d’innombrables vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.

Oui, ayons le courage de le dire haut et fort : notre vie est un pèlerinage vers un festin, et non une chute vertigineuse dans le néant !

Dans les Écritures, les repas et les fêtes sont une métaphore pour nous faire comprendre que le règne de Dieu inclut divers peuples. La parabole du grand banquet en Luc 14,15-24 montre que pour Jésus les lois de l’hospitalité sont inversées. Ceux qui sont invités sont ceux qui ne peuvent rendre l’invitation, à savoir ceux qui vivent dans les marges de la société, qui ne sont ni désirés, ni désirables.

 

Le sens de la « porte étroite »

Pour participer au banquet deux choses sont requises : la foi et la justice. D’une part le peuple Dieu doit proclamer la Seigneurie du Christ et appeler à la foi en Lui. D’autre part il doit pratiquer la justice et la miséricorde, en particulier envers les plus démunis.

La question qui est posée à Jésus, chemin faisant – « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? » (Luc 13,23) – revient sans cesse dans les évangiles. Elle est celle de la condition du salut. Elle fait penser à la question de cet homme à qui Jésus a raconté la parabole du Bon Samaritain :       « Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ? »

La réponse de Jésus dans un cas comme dans l’autre est identique. Pour « être sauvé », ou « recevoir la vie éternelle », il ne suffit pas d’écouter l’enseignement, de prier ou de participer à l’eucharistie (« manger et boire en ta présence », 13,26), mais il faut « montrer de la compassion » (10,37) ou refuser l’injustice (13,27). C’est la « porte étroite » dont parle Jésus dans notre page d’Évangile.

En effet Luc insiste sur le fait que croire et aimer doivent conduire à un « faire ». Déjà dans l’Ancien Testament « écouter » la Torah (la Parole-Loi de Dieu) impliquait qu’on devait la « faire ».

La condition, donc, pour participer au festin eschatologique avec Abraham, Isaac, Jacob et tous ceux et celles qui viendront de l’occident et de l’orient est de pratiquer la justice au nom du Christ, en prenant soin en particulier des plus démunis dans lesquels le Christ nous attend (cf. Matthieu 25,40).

Pour cela, nous avons à nous encourager et à nous stimuler les uns les autres, en acceptant, avec humilité de nous laisser corriger par le Seigneur qui, comme un bon père, désire conformer nos vies de plus en plus à son Fils (Hébreux 12,5-13), ou comme un bon vigneron nous émonde pour que nous produisions du beau fruit (Jean 15).

 

Donner avant-goût de la joie à venir

Chaque eucharistie est une anticipation de ce festin du dernier jour quand le Christ viendra établir définitivement le Règne de Dieu. Que nos célébrations donnent un avant-goût de la joie ultime de sa venue !

Oui, donnons des signes anticipateurs du festin du Royaume par la louange universelle et par des rencontres entre chrétiens de tous horizons, comme celle de l’Assemblée mondiale du Conseil œcuménique qui s’ouvre à la fin de ce mois à Karlsruhe !

Que sur nos chemins de pèlerinage ici-bas nous gardions toujours à l’esprit la joie du banquet qui nous attend dans l’au-delà ! Que nous chassions de nos coeurs toute peur d’anéantissement ! Et que nous préparions cette fête en prenant soin les uns des autres et en annonçant et célébrant le nom de Jésus-Christ !


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