Beaute de Dieu

« Réinventer son jardin »

Aujourd’hui le monde entier parle d’écologie. Les jeunes manifestent pour le climat. Les politiques appellent à une transition écologique. Les Églises s’engagent également. Le pape François a écrit une belle encyclique sur le sujet. Depuis longtemps le Conseil œcuménique des Églises a invité à une prise de conscience de notre responsabilité vis-à-vis de la nature, en insistant sur les liens entre la justice et la sauvegarde de la création.

Vidéo de ce message à partir de 29,40 minutes u

Eco-Eglise, une plateforme œcuménique des Églises vient d’être créée en Suisse romande. Le Conseil synodal de l’EERV encourage les paroisses à en devenir membre. Il vaudrait la peine que le Conseil paroissial du Mont sur Lausanne l’examine !

Mais peut-être êtes-vous comme moi ? Même si je perçois l’importance du sujet, je me sens un peu dépassé par son ampleur et par ses enjeux.

Que puis-je faire à mon niveau ? Quelle contribution puis-je apporter ? Comment « cultiver son jardin », pour paraphraser le Candide de Voltaire ?

J’ai participé jeudi soir à une soirée à la Grande salle du Mont organisée par l’Association « Quartiers solidaires » sur le thème « Réinventer nos jardins ».

Les conférenciers de l’Alliance vaudoise pour la nature ont proposé des actions simples pour embellir nos jardins, comme remplacer les thuyas et les laurelles par des haies indigènes. Celles-ci apportent diversité de couleurs, de formes et de parfums. Elles sont un abri et une nourriture pour les animaux et attirent les oiseaux du ciel qui y viennent nicher.

Autres propositions :  fleurir une pelouse de gazon pour faire venir les papillons. Laisser un tas de bois pour attirer les insectes (vous les aurez dans le jardin au lieu de chez vous !), laisser un trou dans une barrière pour permettre à un hérisson de passer : il se régalera des limaces qui raffolent de vos salades !

Tout cela permet d’améliorer le milieu naturel (dont la moitié est menacée en Suisse) et la diversité des espèces (dont le tiers est menacé !). Savez-vous qu’il y a plus de 600 espèces d’abeilles en Suisse et que 45% des papillons peuvent vivre en milieu urbain, ce qui représente plus de 100 espèces ?

Améliorer la biodiversité est à la portée de chacun. Même si l’on n’a qu’un balcon, on peut y cultiver fleurs et légumes. Également à l’intérieur de nos habitations ! Et on se fait du bien par ce contact avec la nature !

 

« C’était très bon et très beau »

Dimanche dernier, Alain Wirth a donné une belle prédication qui nous invitait à la confiance envers l’œuvre de Dieu dans la nature, à l’émerveillement devant sa diversité et à nous laisser rejoindre par l’amour de Dieu à travers elle.

Ce matin j’aimerais prolonger cette réflexion sur la nature.

Tout d’abord, dans la foi chrétienne la nature est la création que Dieu aime, visite et soutient.

Si le mouvement écologique actuel pouvait reconnaître et intégrer cela, ce serait une révolution !

L’icône illustrant ce texte, intitulée Beauté de Dieu, beauté du monde, a été peinte dans le cadre d’un concours artistique sur ce thème organisé par la Communauté des Églises chrétiennes dans le Canton de Vaud. Cette image exprime ce que dit le premier article de notre foi :

« Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles ».

Cette icône a en effet deux parties : le bas du sablier avec le monde visible et le haut avec les anges, le monde invisible.

Tout est bon et beau. « Dieu vit que c’était très bon », c’est ce que constate Dieu à la fin du récit de la création (Genèse 1,3) Or « bon » (Tov en hébreu) peut aussi signifier « beau ». « Tout était très beau ».

« C’était bon » est aussi le thème du livret de l’École de la Parole sur les trois premiers chapitres de la Genèse. Le groupe de Lectio divina l’étudie durant sept rencontres. Nous avons eu notre première rencontre mercredi dernier et vous pouvez encore vous joindre à nous ! Une bonne occasion d’approfondir une réflexion sur l’écologie à la lumière de la Bible !

 

« La merveille que je suis »

Voyons de plus près ce récit de la création dans la Genèse ! Ce qui frappe c’est que l’univers et la nature et l’être humain font partie d’un tout.

L’être humain, s’il est le sommet de la création, n’en est pas séparé. Il est la merveille des merveilles, dès le sein maternel comme le chante le psaume : 

« Je te célèbre, car j’ai été fait de façon merveilleuse. Tes œuvres sont étonnantes, je le sais bien. Mon corps ne t’était pas caché lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient. » (Psaume 139,14-15)

Aujourd’hui on parle « d’écologie intégrale » qui montre l’interrelation entre la nature et l’être humain. Bien avant le mouvement écologique moderne, le récit de la Genèse et ce psaume ont pressenti que tout est relié.

« Toutes les œuvres du Seigneur » sont appelées à le bénir, chantent les amis de Daniel. Nous pouvons chanter avec eux ce beau chant de la communauté de Taizé.

Comme dans le récit de la Genèse, ce chant commence par le firmament du ciel, ce qui est le plus élevé et lointain, puis va vers la terre et tous les animaux et conclut par l’appel à l’être humain à bénir le Seigneur. (Daniel 3, selon la version grecque de la Septante).

 

Soumettre et dominer

Selon le récit de la Genèse la vocation de l’homme est de « soumettre et dominer » les animaux. (Gen 1,18)

Mais soumettre et dominer ne signifie pas exploiter sans limites, comme on l’a compris depuis la montée de la philosophie rationaliste (sans Dieu) qui imprègne aujourd’hui nos cultures occidentales. 

C’est « cultiver la terre et la garder » (Gen 2,15), élever les animaux en les respectant, car eux aussi font partie de ce « très bon » créé par Dieu. De même la personne humaine appartient à ce « très bon et très beau ».

Aujourd’hui, vous le savez bien, de grandes questions se posent au sujet du sens de la conjugalité et du début et de la fin de la vie humaine. Or certaines décisions politiques suscitent l’inquiétude de ceux qui croient à un « ordre de la création ».

Cet été des politiques français ont en effet voté des lois permettant l’effacement de la complémentarité homme-femme et l’occultation de la paternité dans la conception d’un enfant. Ils ont également légalisé la recherche sur l’embryon et une forme d’eugénisme. Des lois semblables sont d’ailleurs sur les tables des parlementaires suisses.

Devant l’« urgence climatique » proclamée aujourd’hui on ne peut se contenter d’une écologie qui ne concernerait que le climat et l’environnement, sans tenir compte de la nature et de la dignité de la personne, de son commencement à sa mort naturelle.

La science doit rester au service des personnes, en particulier des plus vulnérables et démunies. Et quoi de plus fragile qu’un enfant dans le sein maternel!

S’engager pour l’écologie intégrale signifie garder à l’esprit que l’être humain est le sommet de la création et qu’il doit être respecté, comme le reste de la création doit être respecté.

En ce qui concerne les animaux, notez en passant – et de manière provocatrice – que le plan originel de Dieu ne prévoyait pas l’abattage des animaux. Adam devait se nourrir uniquement des produits de la terre (Gen. 1,29). Ce n’est qu’après le déluge que Dieu a permis cela ! (Gen 9,3)

Cela doit nous faire réfléchir sur notre consommation démesurée de viande. Sa production industrielle non seulement est une offense aux animaux aimés par Dieu mais dérègle aussi complètement l’agriculture. En outre, manger trop de viande est mauvais pour notre santé.

 

Dieu est père avant d’être créateur

« Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre ». 

En effet Dieu, avant d’être créateur est Père qui aime. Avant que je sois créé, j’étais dans le coeur du Père. J’étais aimé par lui avant d’exister, avant même que l’univers soit créé. Comme le dit le beau chant de Samuel Olivier

« Bien avant le chant qui créa l’univers, Bien avant l’Esprit qui planait sur la terre, Bien avant que tu me formes de la poussière, Tu rêvais du jour où tu pourrais m’aimer. »

Jésus le chante aussi dans l’Évangile quand il dit que le Père céleste nourrit les oiseaux du ciel (Math 6,26). Et nous valons beaucoup plus qu’eux. Toute la création est traversée par le fil d’or de l’amour de Dieu.

Ce même fil d’or nous a tissés et ne cesse de le faire. C’est pourquoi nous avons à prendre soin de la création et par-dessus tout les uns des autres, nous qui sommes très aimés du Père de notre Seigneur Jésus.

Mais pour découvrir ce fil d’or nous avons à changer de regard. Et nous changeons de regard quand nous faisons l’expérience de l’amour de Dieu en vivant sa Parole.

C’est mon expérience à l’âge de 20 ans quand mon cœur a été transpercé par une parole de l’Évangile. J’ai pris alors conscience que j’avais blessé Dieu en blessant sa création. Je me suis alors agenouillé et un seul mot est sorti de ma bouche : « pardon ».

Le lendemain, Dieu a versé dans mon cœur son amour et mon regard sur la nature a complètement changé. Je savais au plus profond de moi-même qu’elle était l’œuvre de son amour, et que moi-même j’étais immensément aimé. Et cette confiance ne m’a jamais quitté.

 

En tout, l’empreinte de l’amour

Paul dit en outre que le Père a tout créé à travers le Fils : « En lui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles comme les invisibles ». (Col 1,15) 

Si Dieu a créé tous les êtres à travers son Fils, tout porte donc une empreinte de la relation entre le Père et le Fils dans la création, tout est relié dans l’amour.

Même le virus qui circule actuellement nous rappelle que tout est relié. Parce qu’il nous isole, nous prenons conscience d’autant plus forteement que nous vivons pour vivre en relation les uns avec les autres.

Mais pour percevoir que l’amour de Dieu relie tout, il faut aimer. Pour voir Dieu à l’oeuvre, il faut un coeur pur, c’est à dire que l’Esprit transforme notre cœur et notre regard.

De plus, il nous faut aimer notre prochain, particulièrement les plus fragiles. Tout ce que nous faisons aux plus petits de ses frères, c’est à lui que nous le faisons. (Mat 25,40).

Mais il faut aussi aimer les créatures les plus humbles, jusqu’à la limace et au ver de terre avec lequel Jésus s’est identifié, lui qui par amour pour nous est devenu « ver et non plus un homme », comme il le dit dans le psaume qu’il a récité sur la croix. (Psaume 22,7).

Que Dieu verse donc son amour dans notre coeur pour que nous découvrions son amour comme un fil rouge dans toute la nature!

 

Prière

Dieu notre Père, créateur des choses visibles et invisibles,
ta bonne main caresse les œuvres qui chantent ta beauté.
Tu es le Dieu d’amour présent dans toute ta création.
Qui pourrait connaître la profondeur de tes pensées ?
Nous t’aimons et te bénissons.

Jésus, Fils du Père, par qui tout a été fait,
Tu es devenu l’un des nôtres et a anobli la création.
Tu as ainsi magnifié la dignité humaine et élevé les humbles.
Tu nous attends dans les plus petits de nos sœurs et frères.
Nous t’aimons et te bénissons.

Esprit saint, lien d’amour entre le Père et le Fils,
Tu es partout présent et tu pénètres tout.
Tu nous as fait de façon merveilleuse dans le sein maternel
et tu viens habiter en nous pour nous faire renaître.
Nous t’aimons et te bénissons.

Dieu, Père, Fils et Saint Esprit,
en ce moment de silence, nous nous tenons devant toi
et invoquons ta miséricorde.
Pardonne nos fermetures à ton amour
et les blessures infligées à ta création !
Fais toutes choses nouvelles
dans nos cœurs, dans l’Église,
et dans la création que tu aimes !


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