pas peur

La résurrection : quelles émotions ! (Luc 24,35-48)

Les récits de la résurrection sont un sac d’émotions.

Les émotions les plus fondamentales : Joie, peur, colère, tristesse. Les psychologues identifient en effet ainsi ces quatre émotions essentielles. Une positive et trois négatives.

Bien sûr c’est la joie qui est la note dominante de Pâques : joie du Ressuscité au milieu des siens, joie d’un cœur qui brûle, joie et surprise.

Alors que les récits de la passion sont dominés par les émotions négatives : colère de Judas, peur de Pierre, tristesse de tous après la mort de Jésus, la joie est l’aboutissement des récits évangéliques.

Cependant la joie de Pâques fait aussi fond sur les trois autres émotions.

Peur des femmes quand des anges leur annoncent la grande nouvelle. Peur des disciples qui ne comprennent pas et se barricadent dans leur maison, les portes soigneusement fermées à clé. Frayeur des disciples quand Jésus apparaît au milieu d’eux : ils croient avoir affaire à un fantôme.

Tristesse de Marie de Magdala pleurant dans le jardin car on a enlevé son Maître.

Colère de Thomas qui ne croit pas un mot à ce que les apôtres lui racontent après leur rencontre avec le Ressuscité.

Dans le récit selon l’Evangile Luc, il est intéressant de voir comment Jésus s’y prend pour communiquer cette joie (Luc 24,35-48)

Voyons de plus près! Chacun peut s’inspirer de sa méthode.

Il vient au milieu des siens et leur dit « la paix soit avec vous ». Curieusement sa présence ne suscite pas la joie, mais la peur : « Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit ».

Alors Jésus va procéder en cinq étapes pour les faire passer de la peur à la joie et pour que la paix s’installe dans leur cœur. Le signe de la paix étant la joie.

Voyons ces cinq étapes :

1. Appeler à la réflexion et à l’expérience.

« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Pourquoi ces pensées ? Un esprit n’a pas de chair ni d’os… » Jésus pose des questions, fait réfléchir, argumente. « Pourquoi pleures-tu », demande-t-il aussi à Marie de Magdala.

Devant la peur, il faut utiliser notre intelligence, poser des bonnes questions ou se les poser. Est-ce que je fais bien d’avoir peur.

Souvent la peur n’a pas de fondement. Ce qui la désamorce est la relation. Poser une question, c’est déjà entrer en relation : « La peur a frappé à ma porte, dit un proverbe, j’ai ouvert la porte et il n’y avait personne » !

2. Rassurer

« Jésus leur montra ses mains et ses pieds ». Il leur donne des signes, les invite même à le toucher.

Devant la peur, l’argumentation ne suffit pas. Il faut aller plus loin, donner des signes, faire des gestes. Ce ne sont pas les paroles qui convainquent, mais les actes. Les gestes et les attitudes apaisent. Je peux tenir un discours bien construit, mais ne serai pas convainquant si mon comportement le contredit.

Que fait une mère quand son enfant a peur ou est triste? Elle lui parle gentiment mais aussi le cajole. Nous avons besoin aussi d’être caressé dans les moments difficiles. 

 

3. Inviter à table

« Avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent du poisson grillé qu’il mangea ». Jésus se met à table avec eux. Ce simple geste quotidien porte en lui un apaisement. Manger avec des amis, partager ses questions et ses émotions est guérissant.

Je me souviens lors d’un temps difficile que je traversais, qu’un ami m’avait presque forcé à manger alors que je n’avais pas du tout d’appétit. L’appétit est venu en mangeant, mais aussi par la grâce de l’amitié partagée. Et mes émotions se sont apaisées.

4. Relire les Ecritures

Jésus ouvre les Ecritures et explique aux siens tout ce qui le concerne. Dans les moments de peine, on a besoin de revenir à cette source de la Parole. Combien elle devient parlante et prend du relief dans ces moments !

Lire en particulier les Psaumes où toutes les émotions s’expriment. Nous pouvons nous y identifier. Ce sont aussi les émotions du Christ qui s’y expriment, puisqu’il les a tous priés. (voir à ce sujet le livret « Les émotions dans les Psaumes« ) 

5. Donner une responsabilité

Jésus appelle les apôtres à devenir témoins de ce qu’ils ont vu et entendu. Il leur donne une responsabilité. Il les rétablit dans leur dignité. Après le temps de désolation vécu après la crucifixion, voici le temps du courage du témoignage. Nous de même, en devenant témoins du Ressuscité, nous communiquons sa joie. Et cette joie nous construit aussi intérieurement. Elle grandit si nous la partageons.

Au lendemain de Pâques, quelle est le signe de ta présence ?

Est-ce la joie ?

Joie de Marie de Magdala s’élançant vers toi et vers ses amis.

Joie des disciples d’Emmaüs qui brûle leur cœur.

Joie de ta venue au milieu de tes apôtres.

Joie de l’Esprit soufflant sur eux.

Joie de t’appartenir au cœur de l’épreuve.

Joie d’Etienne persécuté et lapidé.

Joie de Paul trainé devant les autorités.

Joie de ton peuple attendant ton retour.

Joie des cieux donnée dans l’eucharistie.

Cette joie, est-elle dans ma vie ?

Etre dans la joie ou non, voici la question !

Donne-moi d’y répondre avec sincérité !

Donne-moi de la désirer,

Car cette joie, c’est toi-même !


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