chemin dans le desert

Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers (Marc 1,3)

Le temps de l’Avent prépare la venue de Noël. Ce temps est peu spécial. Nous le remarquons en nous promenant dans les rues : les illuminations, les vitrines de magasin nous invitant à faire des achats de Noël, les nombreux repas et fêtes des associations et des entreprises.
Mais souvent ces préparatifs masquent la chose la plus importante. Notre vie spirituelle est hélas colonisée par des choses secondaires qui occupent une place prépondérante.
Or notre premier souci devrait être de préparer le chemin du Seigneur, comme nous y appelle l’Evangile de ce dimanche :
Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers
Oui, le Seigneur est celui qui est, qui était et qui vient. Son désir est de venir habiter notre vie. Il se tient à notre porte et il frappe. Il vient de manière discrète dans nos frères et sœurs, particulièrement les plus fragiles. Il vient dans la prière, quand nous nous recueillons et méditons sa Parole. Il vient quand nous sommes rassemblés en son nom pour l’adorer.
Notre espérance est qu’il viendra un jour établir définitivement son royaume de justice et de paix, quand la mort et l’injustice ne règneront plus. Des signes des temps nous le rappellent régulièrement. C’est pourquoi nous prions « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt ! »
Comment alors répondre à cette invitation ?
Comment préparer le chemin du Seigneur, rendre droits ses sentiers ?
Suivons l’itinéraire que trace pour nous Jean-Baptiste, le précurseur ! C’est un itinéraire en quatre étapes :
1. Avoir confiance en la Parole prophétique
2. Vivre son baptême
3. S’ouvrir à Jésus-Christ tel qu’il est
4. Marcher dans l’Esprit de miséricorde

1. Avoir confiance en la Parole prophétique
L’Evangile de Marc commence par une citation du prophète Esaïe annonçant la venue du précurseur. « J’envoie devant toi mon messager, pour frayer ton chemin »…
C’est pour nous un appel à avoir confiance dans la Parole de Dieu. Ce qu’elle promet, elle l’accomplit. Jean Baptiste est ce messager que le prophète a annoncé. En lui la prophétie se réalise.
Contrairement aux paroles humaines elle effectue toujours ce qu’elle dit. La Parole de Dieu donne non seulement une information mais elle est aussi performative.
Alors quand elle nous dit de préparer le chemin du Seigneur pour qu’il nous rejoigne, en vérité le Seigneur viendra à nous si nous aplanissons ce chemin.
Nous avons à renouveler notre confiance en l’efficacité de la Parole. Elle est vivante et efficace. Cela nous est indiqué par le sens du mot parole en hébreu. Dabar signifie parole, mais aussi action. La parole de Dieu est agissante. On le voit au plus haut point en Jésus, chez qui action et parole sont conjointes. Jésus fait toujours ce qu’il dit. Dans la suite de l’Evangile de Marc, on découvre en effet l’efficacité de sa parole : il appelle des pêcheurs et ceux-ci le suivent immédiatement. Il dit à un lépreux « Sois pur » et celui-ci est purifié. Il dit à un paralytique : « Tes péchés sont pardonnés » et celui-ci est guéri dans son âme, puis dans son corps. Etc…
Acceptez que je vous partage une expérience de la force de la Parole de Dieu que j’ai faite cet été. C’était pour moi une période de grande fragilité et de dépression. Je participais à une retraite spirituelle à Nazareth. Pendant un temps de prière pour une personne malade du groupe, j’ai perçu que le Seigneur me parlait personnellement. Une voix intérieure m’appelait à la confiance et me disait que je serai fortifié. Et au moment même où elle me disait cela, je sentais effectivement que je me fortifiais.
Peu après je lisais ce passage du prophète Daniel : « L’ange m’a dit: «N’aie pas peur, homme considéré comme précieux! Que la paix soit avec toi! Fortifie-toi! Fortifie-toi!» Pendant qu’il me parlait, j’ai repris des forces. J’ai alors dit: «Que mon seigneur parle, car tu m’as fortifié.» (Dan 10,19) Je me suis reconnu dans ce passage, car moi aussi pendant que je percevais cette voix intérieure me disant qu’elle allait me fortifier, je sentais mes forces revenir.
Donc, préparer le chemin du Seigneur, c’est d’abord avoir confiance en la force de la Parole de Dieu. En la vivant nous découvrons toujours à nouveau qu’elle dit la vérité.

2. Vivre son baptême
« Jean proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». (v 4)
Notre baptême a plusieurs significations. Il est le signe de l’alliance d’un Dieu qui nous aime. Comme à Jésus, Dieu nous dit : « Tu es mon enfant bien-aimé, c’est en toi que j’ai pris plaisir ».
Le baptême représente notre lien au Christ mort et ressuscité. Dans notre union à lui, nous faisons mourir le « vieil homme » et nous faisons vivre « l’homme nouveau ».
En baptisant, Jean appelait le peuple à confesser ses fautes pour recevoir le pardon. Cela fait partie aussi du sens de notre baptême chrétien.
Vivre son baptême, c’est réaliser combien le pardon est important.
Vivre son baptême, c’est d’abord dire à Dieu du fond du cœur : pardon !
Puis c’est dire ce même mot au prochain que nous avons pu blesser : pardon !
Dire ces petits mots « pardon », ou « je m’excuse », c’est le BA à BA de la vie chrétienne. D’ailleurs Dieu nous attend en chaque prochain. En blessant notre prochain, c’est Dieu que nous touchons.
Et pourtant il semble que pour certaines personnes cela soit quasiment impossible de dire ce petit mot de pardon, tant l’orgueil et la propre justice les dévorent.
Comme la vie sociale changerait si on prenait ces petits mots au sérieux ! A commencer par la vie de l’Eglise où on a des valeurs très élevées, mais où on a tant de peine à les vivre !
Préparer le chemin du Seigneur, c’est donc vivre son baptême en donnant le pardon et en demandant pardon, toujours et toujours. Devant Dieu et devant chaque prochain.

3. S’ouvrir à Jésus-Christ tel qu’il est
Troisièmement préparer le chemin du Seigneur, c’est avoir une juste perception de Jésus-Christ. L’Evangile de Marc le révèle dès la première ligne comme « Fils de Dieu ». Puis Jean Baptiste dit de lui qu’il est plus puissant que lui, à tel point qu’il n’est pas digne de délier la lanière de ses sandales (v 7).
Demandons à Dieu une révélation de Jésus-Christ tel qu’il est en vérité ! Lorsque nous le découvrons notre vie change radicalement !
Jean en a été bouleversé : celui qu’il reconnaît comme le Messie est venu dans l’humilité. Il s’abaisse, entre dans l’eau et se laisse baptiser, alors qu’il est sans tache et péché.
Jésus est le Dieu qui s’est abaissé pour nous rejoindre tous. Il est descendu au plus bas pour nous ouvrir le ciel. Le signe de Jésus est l’humilité. Il est plus humble que le plus pauvre et le plus démuni !
Pour pouvoir le connaître tel qu’il est, il nous faut contempler cette humilité qui a conduit Dieu à s’abaisser ainsi. Et demander pour nous cette grâce de l’humilité.
Préparer le chemin du Seigneur, c’est donc aussi demander une révélation de qui est Jésus en vérité : le Dieu humble et aimant.

4. Marcher dans l’Esprit de miséricorde
« Moi je vous ai baptisés d’eau, lui vous baptisera d’Esprit » (v 8).
Jésus est le Messie rempli d’Esprit saint. En lui jaillissent tous les dons de l’Esprit. Et le plus grand des dons est l’amour. Durant toute sa vie terrestre Jésus a été animé par l’Esprit d’amour, jusqu’aux plus grandes souffrances vécues sur sa croix.
Mais la mort n’a pas pu retenir celui qui n’a fait qu’aimer. Ce même Esprit l’a ressuscité d’entre les morts. Et à tous ceux qui se confient en Lui, il donne l’Esprit d’amour afin que nous marchions à la suite du Christ.
Ce chemin nous indiqué par l’apôtre Pierre quand il écrit (2e lecture) :
« Ayez tous les mêmes dispositions et les mêmes sentiments ; aimez-vous comme des frères, soyez miséricordieux et humbles les uns à l’égard des autres. Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l’insulte pour l’insulte. Au contraire, répondez par une bénédiction, car c’est une bénédiction que Dieu a promis de vous accorder quand il vous a appelés ».
Puis Pierre cite le Psaume 34 que nous avons médité lors de la retraite d’Avent vendredi dernier :
« En effet, voici ce qui est écrit :
« Celui qui veut jouir d’une vie agréable et connaître des jours heureux doit se garder de médire et de mentir. Il doit se détourner du mal, pratiquer le bien et rechercher la paix avec persévérance. Car le Seigneur a les yeux fixés sur les fidèles, prêt à écouter leurs prières ; mais le Seigneur s’oppose à ceux qui font le mal. » (1 Pierre 3,6-12)
Préparer le chemin du Seigneur et marcher dans l’Esprit saint, c’est marcher dans la miséricorde les uns envers les autres. C’est le chemin par excellence qui prépare la venue du Seigneur dans nos vies. La miséricorde est le chemin qui conduit à la bénédiction et au bonheur. Avec « l’année de la miséricorde » qui s’ouvre cette semaine, nous aurons toute une année pour nous le rappeler. Et bien au-delà !

Saint Loup, 6 décembre 2015


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