roue de N. de Flue

Vivre à partir du centre pour s’ouvrir à la fraternité

Voici ma dernière méditation des célébrations « Parole et musique » faisant un lien entre la vie de Nicolas de Flue et un texte de l’Evangile.

Nicolas, un homme fraternel! Par son renoncement à sa famille de sang, quelque rude qu’il fût, Nicolas s’est ouvert à une fraternité universelle. On l’appelait « un nouvel Antoine », disputant avec des maîtres en théologie, alors qu’il n’avait jamais fait d’études.

Un homme fraternel, accueillant chacun, comme un frère, une soeur, en qui il discernait le Christ lui-même. Voilà comment frère Nicolas – Bruder Klaus – apparaissait à ses contemporains.

Déjà comme soldat, à une époque où les Suisses inspiraient la terreur sur les champs de bataille, Nicolas «faisait le moins de dommage possible à l’ennemi, qu’il cherchait autant que possible à protéger ». Dans son ermitage, il accueille ses visiteurs «d’un air ouvert et riant », témoigne un de ses contemporains.[1]

Bientôt le monde viendra à lui, car les confédérés voyaient vraiment en lui leur frère. Il avait tout connu comme eux : les champs de bataille, les fatigues nécessaires pour assurer le pain quotidien d’une famille nombreuse, les responsabilités de la vie politique. Il était leur frère, il pouvait les comprendre, se faire tout à tous, et même, certaines fois, exercer le don de lire dans les cœurs. (P. Baud, p. 70)

Dans une vision, le Père prend Nicolas dans ses bras pour le remercier d’avoir secouru son Fils dans la détresse que vivent tous les petits. (P. Baud, p. 139)

Comme les élus au dernier jour, Nicolas s’étonne. Quand a-t-il aimé Jésus dans l’étranger, le malade, le prisonnier, l’affamé.  En vérité, répond le Christ : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25.40).

 

Lectio sur Marc 10.23-31

Commençons par cette prière pour nous ouvir à l’Esprit saint

Viens, Esprit de partage et de fraternité,

nous faire découvrir le cœur de Dieu.

A l’écoute de la Parole,

donne force et courage

aux plus petits et aux derniers.

Ouvre nos cœurs et nos bras

pour dessiner ensemblela grande ronde

d’une humanité renouvelée. Amen.

 

Quelques points de méditation sur le texte

Confiance mal placée

Pourquoi les richesses sont-elles un si grand obstacle ? Parce qu’elles risquent de conduire le riche à mettre sa confiance en elles, plutôt qu’en Dieu. Avec une hyperbole rhétorique Jésus le fait comprendre à ses disciples médusés : l’image du chameau et du trou de l’aiguille est une provocation pour susciter un changement radical.

 

Un chemin « impossible »

Etre disciple de Jésus, c’est le suivre sur un chemin de simplicité et de confiance, présent à son appel. 

Lui-même a pris ce chemin de manière résolue en montant vers Jérusalem. Ce dialogue entre Jésus et ses disciples sur les richesses a lieu justement en route vers cette ville.

Mais qui pourra s’engager sur ce chemin ? « Qui pourra être sauvé » ? se demandent les disciples ? « Tout est possible à Dieu », dit Jésus. Comme le disait l’ange à Marie. Le salut, la vie en plénitude dans la confiance et la simplicité du coeur est une œuvre de l’Esprit saint dans nos vies. Un miracle à la suite de celui de l’incarnation ! Le salut est une grâce immense, un don gratuit de Dieu !

 

La logique de Pâques

En fait Jésus invite à entrer dans la logique d’un passage indiqué par deux verbes : laisser pour recevoir le centuple. C’est la logique qu’il a vécue dans sa croix et sa résurrection qu’il vient d’annoncer à deux reprises et qu’il annoncera une troisième fois tout de suite après ce texte (10.32).

Vivre la résurrection aujourd’hui, vivre en communion avec le Ressuscité parmi nous, c’est entrer constamment dans cette logique du laisser pour recevoir, du mourir à soi pour gagner la vie. C’est la logique paradoxale des Béatitudes.

Cette logique pascale est celle de notre baptême qui doit inonder tous les aspects de notre vie. La lumière de la sa croix et de sa résurrection les éclaire tous, comme nous le voyons dans le tableau des couleurs inspiré de la roue de frère Nicolas.   

Cette logique est créatrice de communion, de fraternité et de vraie communauté, parce qu’elle nous décentre de nous mêmes et nous donne d’être présents à Dieu avec un cœur entier.

[1] Philippe Baud: Nicolas de Flue. Le Cerf, Paris,1993, p. 29

Lire ici les autres méditations « Vivre à partir du Centre »


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