Aviron

La joie et le silence de l’amour.

Joie et silence. Deux attitudes qui décrivent ce que Dieu fait au milieu de nous. Il est celui qui est joie, pure joie. Il est celui qui garde le silence, le silence intérieur pour écouter et accueillir.

Quand le prophète Sophonie annonce que Dieu viendra au milieu de nous, il dit qu’il fera de nous sa plus grande joie et gardera le silence dans son amour : « Il fera de toi sa plus grande joie ;  Il gardera le silence dans son amour ; Il aura pour toi des transports d’allégresse ». (Sophonie 3,16-17)

Joie et silence : ces deux attitudes sont aussi à rechercher dans nos relations les uns (es) avec les autres.

Que veut dire pour nous faire de l’autre sa plus grande joie ?

Que signifie garder le silence par amour devant l’autre ?

Je voudrais réponder à ces deux questions à la lumière du texte de la première lettre de Jean que nous avons lu. (1 Jean 3,16-24)

Pour l’apôtre Jean, une chose est claire. C’est qu’on ne peut séparer l’amour pour Dieu de l’amour les uns envers les autres.

Au soir de sa vie, après une longue expérience de la vie chrétienne, il dit une seule chose : Dieu est amour.

Puis, il redit sa conviction de mille et une manières. Comment puis-je dire que j’aime Dieu, que je ne vois pas, si je n’aime pas le frère, la sœur, que je vois ?

Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ?

Si Jésus a donné sa vie pour nous, nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères.

Voilà pour Jean la voie privilégiée pour faire l’expérience de la présence de Dieu : la voie du frère, la voie de la sœur, à aimer comme Jésus l’a aimé, c’est-à-dire en étant prêt à donner notre vie pour lui, pour elle.

 

Mon prochain, « ma joie »

Faire de l’autre sa plus grande joie. Mais qu’est ce que cela signifie ?

Séraphim de Sarov, un des saints les plus aimés dans l’Eglise orthodoxe russe, disait à chaque personne qu’il rencontrait : « Ma joie ».

Il discernait sur chacun le visage de Dieu, un frère créé à l’image de Dieu, reflétant sa gloire.

Devant chaque personne, nous pouvons chanter intérieurement le beau chant : « O Jésus ma joie, toi que Dieu m’envoie »… Chaque personne est un don, que Dieu me donne pour me réjouir et pour augmenter sa joie.

Garder le silence intérieur devant l’autre, qu’est-ce à dire ?

C’est une haute manifestation de l’amour.

C’est donner à l’autre un espace dans nos pensées, c’est l’écouter sans arrière-pensées. Et cela commence par faire taire en nous toute pensée négative à son égard, lesquelles peuvent s’infiltrer si facilement et si rapidement. C’est le voir avec des yeux nouveaux, comme si on le rencontrait pour la première fois.

Si nous abordons chaque personne dans cet esprit, je suis certain que la qualité de notre vie spirituelle va progresser de manière décisive.

 

Paix du coeur

Le fruit de cette attitude sera que la présence de Dieu en nous grandira, ainsi que sa présence au milieu de nous.

Nous n’aurons pas recherché cette présence pour elle-même, elle sera le fruit de notre manière d’être et d’agir.

C’est ce que Saint Jean écrit :

« Mes petits enfants, n’aimons par en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité, et devant lui nous apaiserons notre cœur ».

Recevoir la paix dans notre cœur, c’est y trouver celui qui donne la paix, le Christ en nous.

Et nous la recevons, comme un don et dans la mesure où nos aurons fait de nos frères et sœurs notre joie, où nous aurons garder le silence intérieur devant eux.

Notez que la paix du cœur, la paix du Christ en nous, nous ne l’avons pas recherchée, elle est un fruit. La racine de ce fruit se trouve dans l’amour envers le frère.

Veux-tu arriver à l’union à Dieu ? Unis-toi à chacun de tes frères et sœurs. Alors tu trouveras l’amour pour Dieu dans ton cœur, tu seras uni à lui, en communion avec lui.

Fais des autres ta plus grande joie et garde le silence par amour devant eux, comme le Seigneur l’a fait, alors le Seigneur se manifestera tout de suite dans ton cœur.

A celui qui l’aime dans la personne de ses frères, le Seigneur promet de se manifester.

 

Les deux rames de la vie chrétienne

Durant ma jeunesse, j’ai fait de l’aviron. Pour avancer, vous devez avoir deux rames. Ainsi en va-t-il pour notre avancement dans la vie spirituelle. Nous avons besoin de deux rames. Ces deux rames représentent notre union avec Dieu et note communion avec nos frères et sœurs.

Cependant lorsque vous ramez, vous ne devez pas donner un coup de rame avec la main gauche, puis un coup de rame avec la main droite. Si vous  ramez ainsi, vous n’avancerez que par à coup et vous risquez de déséquilibrer votre bateau, voire de le faire tourner – ce qui m’est arrivé quelques fois. Non, il faut mettre les rames exactement en même temps dans l’eau. C’est ainsi que le bateau avancera, si vous ramez de manière simultanée.

Ainsi en va-t-il pour notre vie spirituelle. L’union avec Dieu et la communion avec nos frères et sœurs se réalisent en un seul moment, elles sont simultanées, elles ne sont qu’un seul et même mouvement. En les vivant ensemble nous avancerons beaucoup plus vite sur le chemin vers le Royaume.

L’amour pour Dieu et l’amour pour les frères et sœurs sont donc liés. Plus, ils sont simultanés et concomitants. Ils ne font qu’un !

Jean le dit quand il affirme que c’est un seul et même commandement que d’adhérer avec foi au Christ et de nous aimer les uns les autres.

Commençons donc dès maintenant et à chaque instant à rechercher l’union avec Dieu et faisant de chacun notre plus grande joie et en gardant le silence par amour devant lui.

Martin Hoegger


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