Sophonie 3. Dieu au milieu de nous

Faire la joie de Dieu parmi nous (Sophonie 3,16-17)

Ne crains rien. Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi comme un héros qui sauve ; Il fera de toi sa plus grande joie ; Il gardera le silence dans son amour ; Il aura pour toi des transports d’allégresse. (Sophonie 3,16-17)

Sophonie écrit à une des périodes les plus noires du peuple de Dieu. Sous le règne de Manassé. Le roi qui a érigé des idoles dans le temple de Dieu, qui a offert son fils en sacrifices à des dieux et qui a répandu des hectolitres de sang innocent. Il a commis plus de mal que les nations environnantes, selon le livre des Rois (2 R. 21,11).

C’est pourquoi le livre de Sophonie s’ouvre sur une impressionnante annonce de divers jugements de Dieu contre l’impiété et l’injustices de son peuple, mais aussi de toutes les nations : celles de l’ouest comme de l’est, du nord comme du sud. Et finalement contre Jérusalem, la rebelle, l’impure, la tyrannique. Celle qui n’écoute pas.

Dieu interviendra en son jour : « jour de fureur, de détresse et d’angoisse ». Comme nul autre prophète Sophonie annonce ce « Dies irae » qui a été mis en musique et qui nous fait frémir. (1,14ss) Je me souviens d’un concert de vendredi saint à l’Abbatiale de Payerne, où j’ai sursauté au moment de ce passage, tellement la musique était puissante.

 

Effets de la présence de Dieu parmi nous

Mais comme tous les prophètes, Sophonie n’en reste pas à la prophétie de jugement, il annonce aussi la promesse du salut. Pour l’annoncer il se base sur une conviction : un jour le Seigneur interviendra et il viendra lui-même habiter au milieu de sa ville. Alors son peuple abandonnera ses mauvais chemins et se tournera vers lui.

Sophonie chante merveilleusement la présence de Dieu au milieu de nous, comme Esaïe (1-3) avant lui. Ecoutons ce que signifie avoir « Dieu au milieu de nous » (3,14ss). 

            – Nous recevons un pardon plein et entier

            – Nous sommes libérés de nos ennemis

            – Toute peur est ôtée de nos cœurs

            – Nous sommes fortifiés

            – Nous sommes vainqueurs dans les combats

            – Nous sommes renouvelés intérieurement

            – Nous sommes rassemblés dans l’unité

            – Nous recevons la guérison

            – Nous sommes honorés par ceux qui nous méprisaient

            – Notre destinée change : des horizons incroyables s’ouvrent devant nous.

Ceci ne donne-t-il pas un merveilleux relief à la Parole que Jésus dira : « Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » ? (Mt. 18,20).

Il est clair que pour le prophète cette présence de Dieu au milieu de son peuple est la perle précieuse qu’il faut acquérir, quitte à vendre tous ses biens pour l’obtenir. Elle est le bien suprême, qu’il faut chercher à acquérir avant tout, et garder envers et contre tout.

 

Conditions pour obtenir la présence de Dieu

Mais pour obtenir cette promesse de la présence de Dieu au milieu de nous, des conditions bien précises sont nécessaires. Sophonie en énumère deux principales : l’humilité et la pauvreté. Il annonce que le Seigneur maintiendra un reste de gens humbles et pauvres. Ceux-ci chercheront leur refuge dans le nom du Seigneur, en l’invoquant sans cesse. Ils n’auront plus sur leurs lèvres les noms des idoles. Ceux-ci vivront dans la justice envers leurs frères, dans la vérité, sans double langage.

Voilà donc les conditions nécessaires pour que Dieu soit au milieu de nous :

            – invoquer son nom continuellement

            – vivre dans l’humilité les uns envers les autres

            – chercher la pauvreté de cœur et la simplicité extérieure

            – vivre les uns et les autres dans la vérité, en renonçant à toute forme de duplicité ou de mensonge.

Deux attitudes sont donc nécessaires. L’une est une disposition intérieure : l’invocation du nom de Dieu. L’autre est une attitude extérieure : par nos paroles, nos actes et nos gestes, on construit la maison dans laquelle la Trinité viendra habiter.

Cela rejoint ce que l’apôtre Paul dit : « Avec le Christ je suis un crucifié. Je vis mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui  vit en moi » (Galates 2,20). Pour que le Christ vienne vivre en nous, il faut adopter son style de vie : humilité, pauvreté de coeur,  simplicité, vivre dans la vérité. C’est ainsi que je comprends cette parole assez radicale : « Avec le Christ, je suis un crucifié« !

Thérèse d’Avila parlait du « Château intérieur » qu’il faut aménager pour accueillir la présence du Christ en nous. Ici nous voyons aussi qu’il est nécessaire de construire le « Château extérieur », de prendre soin des relations que nous avons les uns avec les autres, afin que le Christ vienne demeurer au milieu de nous. (Cette image du « château extérieur » vient de Chiara Lubich)

Sophonie parle d’un « reste ». Il ne voit pas la multitude se tourner vers Dieu. C’est ainsi que Dieu continue d’agir. Il commence par nous appeler personnellement et attend une réponse personnelle de chacun. A la plénitude des temps, lors de son incarnation, Dieu a maintenu un reste un Israël : des personnes humbles et pauvres qui attendaient sa venue. Et il a choisi de s’adresser à une jeune fille, la plus humble et la plus pauvre, Marie.

Soyons aujourd’hui ce reste. Dieu ne regarde pas au nombre ; il ne se réjouit pas de la multitude. Que nous soyons 400, 80, 50, 20 ; cela ne lui importe guère. « En vérité, disait un Père de l’Eglise, Dieu ne se réjouit pas d’une multitude, mais de ce que deux ou trois sont réunis en son nom, car il est au milieu d’eux ».1 Demandons sans cesse la grâce de l’humilité et de la simplicité afin d’attirer le Christ à nous, afin de lui permettre de venir au milieu de nous.

Demandons l’art de savoir établir la présence de Jésus au milieu de nous. Demandons-lui de devenir des spécialistes :

– En vivant avec sensibilité et discernement

– En usant des moyens de grâce : Parole, cène, prière.

– En cherchant ce qui unit. La recherche de l’unité nous obtient en effet la grâce de la présence de Jésus au milieu de nous.

 

En conclusion quels sont les effets de la présence de Dieu au milieu de nous ? Nous les avons déjà énumérés. Mais je voudrais souligner un effet surprenant : en vivant de telle manière que Jésus puisse venir habiter au milieu de nous, nous allons donner de la joie à Dieu !

Réjouir Dieu lui-même ! Voici le but le plus élevé de la vie communautaire.

Que notre manière de vivre les uns avec les autres donne des « transports d’allégresse » à Dieu.    

« Pouvons-nous imaginer quelque chose de plus grand que de faire de notre vie une succession de journées qui ajoutent une joie supplémentaire à la béatitude de Dieu » ?2

Vivons donc ainsi, et nous augmenterons la joie de Dieu dans le ciel.

 

Prière

Par ta résurrection, tu chasses la peur et apportes la confiance.

Verses en nous l’amour dont tu es aimé

et vivifies-nous par ta Parole !

 

Par ta résurrection tu chasses la colère et apportes le pardon.

Guéris nos cœurs blessés par le pardon que tu as donné

et donnes-nous d’aimer nos ennemis !

 

Par ta résurrection tu chasses la tristesse et apportes la joie.

Sois parmi nous quand nous nous réunissons en ton nom

et donnes-nous de chercher ton unité !

 

Par ta résurrection tu chasses le défaitisme et apporte l’élan de l’Esprit.

Baptises-nous chaque jour dans ton Esprit

et donnes-nous de marcher vers toi, en communion !

[1] Theophile de Bulgarie, Expositio in Prophetam Oseam (PG 126,587)

[2] Chiara Lubich, Augmenter la joie de Dieu au ciel, 26 août 2004.


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