nativite9

Dieu s’est fait coeur

« La Parole s’est faite chair. Elle s’est faite cœur. Dieu a pris un cœur. Le cœur divin bat au rythme des milliards des coeurs humains. Depuis nous savons ce qui habite dans le cœur de l’homme. Car le Dieu omniscient a voulu se faire le Dieu tout proche. [1]Il a non seulement voulu savoir ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, mais il a voulu en faire l’expérience. »

 Oui, Dieu a pris notre cœur. ila ressenti tout ce que nous ressentons. Il a aimé, il a peiné, il a exulté. Il a eu le cœur en fête ou le coeur brisé, transpercé. Il a prié toutes ces prières, qui demandent la lumière intérieure : « Seigneur, scrute moi et connais mon cœur ». (Ps. 139). Toi « Seigneur qui connais le cœur de tous » (Ac. 1.24). « Donne moi un cœur qui écoute » (1 Rois 3,9)

Comment a-t-il vécu notre cœur ? Jésus nous le dit : « Je suis doux et humble de cœur » (Mt. 11.29). Jésus avait aussi un cœur pur, source pour lui d’un grand bonheur, qui le maintenait constamment en communion avec Dieu : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ». Il le gardait pur pour pouvoir aimer de tout son cœur, de toute sa force, de toute sa pensée.

Le cœur de Jésus est habité par de grands contrastes : il est transpercé par une épée mais aussi traversé par des fulgurances divines. « Jésus est l’enfant vulnérable, le prédicateur humble, le Christ méprisé, rejeté et crucifié. Mais Jésus est aussi « l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création… qui existe avant toutes choses et en qui tiennent toutes choses » (Colossiens 1: 15,17). Jésus est le roi, ridiculisé sur la croix et régnant de son trône dans la Jérusalem céleste. Il est le Seigneur qui monte dans la ville sur un âne, et l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. Il est maudit par le monde mais béni par Dieu.

Regardons toujours à Jésus, car dans son cœur crucifié et glorifié, nous nous verrons appelés à partager ses souffrances et sa gloire » (Henri Nouwen)

 

Vivre notre cœur

Dieu a pris notre chair, donc aussi notre cœur. Pour quelle raison ? Certainement par amour pour nous et pour nous apporter le ciel sur terre. Il a vécu notre cœur pour introduire dans notre cœur son amour.

Il y a donc en notre cœur quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Un don de Dieu, qui est l’amour. « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs. » (Rom. 5.5). Cet amour n’est pas comme l’amour tel qu’on le conçoit ici-bas, mais l’amour qui est en Dieu, l’amour qui est Dieu. « C’est lui-même qui a brillé dans notre cœur » (2 Co. 4.6) et a inscrit dans nos cœurs et nos pensées cette loi divine de la nouvelle alliance (Hébr. 10.16), la loi de l’amour, la loi du Christ..

Alors nous pouvons vivre notre cœur. Parce que Dieu l’a habité, il n’est plus comme auparavant. « Notre cœur n’est pas un rêve qui jamais ne se réalise, il n’est pas notre condamnation à un échec sans issue, il n’est pas un alibi fatal face à la réalité. Non notre cœur a raison. Car Dieu lui-même a pris notre cœur. »[2]

Notre cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Si la prière habite en nous, nous pouvons l’écouter, lui faire confiance et le laisser vivre en nous. Dieu nous parle au profond de nous-mêmes par son Esprit qui vit en nous (Jean 14,17)

Prenons des temps de silence, de prière, de méditation en faisant le lien entre la Parole et notre vie ! Ne nous laissons pas entraîner par l’activisme.

Ecoutons notre coeur. S’il nous condamne, ne nous replions pas sur nous-mêmes, car « Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3.20).

Si notre coeur nous fait rêver, il y a peut-être quelque chose du rêve de Dieu : que la terre ressemble au ciel, où sa volonté d’amour est faite par tous !

Vivre le cœur de l’autre.

Si Dieu s’est fait cœur, ce n’était pas seulement pour que nous puissions vivre notre cœur, mais aussi pour que nous vivions le cœur de l’autre. Que veut dire « vivre le coeur de l’autre ? C’est se mettre à sa place, deviner ses besoins, ses craintes, comme le dit la « règle d’or » : « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le pour eux. »

Qui est cet autre ? D’abord l’Autre, le Christ. Puis chaque prochain, surtout l’autre qui souffre

  • Vivre le cœur du Christ : « Ayez entre vous les sentiments qui sont en Jésus-Christ » (Phil. 2). Chercher toujours à le mettre à la première place en l’aimant en tout et en chacun de tout notre cœur.
  • Vivre le cœur de chaque prochain : « Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur » (Eph.4.23). L’art d’aimer s’adresse à tous, sans exclusion
  • Vivre le cœur de l’autre, comme Paul, qui disait de Philémon : « lui qui est comme mon propre cœur » (Phil.12)… mais particulièrement le cœur de ceux pour qui Jésus avait une prédilection, c’est à dire ceux qui rappellent son abandon douloureux: les pauvres (comme Philémon), les malades, les étrangers, ceux qui sont délaissés.

Grégoire de Naziance disait : « Avant qu’il ne soit trop tard, assistez le Christ, secourez le Christ, nourrissez le Christ, revêtez le Christ, honorez le Christ en l’invitant à votre table. »

Ouvrons les yeux et partons à sa recherche. Il n’y a pas de ville sur terre sans un hôpital, sans une maison de retraite, sans une prison, sans des endroits pour écouter le cœur de ceux qui crient.

En les écoutant, nous entendrons battre le sien. En vivant leur cœur, nous vivrons le sien et notre cœur sera tonifié.

Une lumière nous sera donnée et nous ferons l’expérience d’une union plus profonde avec Dieu.

Dieu a vécu notre cœur. C’est la grande bonne nouvelle de Noël.

Nous pouvons vivre notre cœur. C’est la joie de Noël pour nous.

Nous pouvons vivre le cœur de l’autre. Cette joie est pour tous.

 

Tu es devenu cœur

pour habiter ma volonté,

renouveler mon intelligence,

partager mes émotions.

 

Désormais tu sais ce qui m’habite

non plus du haut de ta divinité,

mais du dedans de ton humanité.

 

Désormais tu es plus près de moi

que l’artère de mon cœur.

 

Tu es devenu cœur

pour ouvrir le mien au tien,

que je me tourne vers toi au matin

et me repose en toi au soir.

 

Tu es devenu cœur

pour que je rejoigne le mien

et sois à son écoute,

attentif et sincère.

 

Tu es devenu cœur

pour que j’accueille mon frère

et qu’entre son coeur et le mien

batte le tien.

[1] Klaus Hemmerle. « Et Dieu s’est fait enfant », Nouvelle Cité, Montrouge, 1996, p. 20

[2] Ibid


Publié

dans

par

Étiquettes :