Photo groupe Forum chretien mondial

Jésus appela…pour être avec lui…et il les envoya.

Durant le premier Forum chrétien francophone (Lyon 28-31 oct. 2018), un texte biblique nous a accompagnés durant ces quatre jours. Celui de l’appel des douze apôtres. 

Trois verbes de ce texte ont été approfondis par trois théologiens: Jésus appela…pour être avec lui…il les envoya.

 «Puis Jésus monta sur une colline; il appela les hommes qu’il voulait et ils vinrent à lui. Il forma ainsi le groupe des douze qu’il nomma apôtres. Il fit cela pour les avoir avec lui et les envoyer annoncer la Bonne Nouvelle, avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais.»

Marc 3:13-15

 

I. Jésus appela

 

Valerie Duval, bibliste de l’Eglise baptiste se demande comment Dieu appelle. Il y a plusieurs modèles de conversion.

Paul : un changement radical. Mais plusieurs années sont nécessaires pour lui afin de construire sa nouvelle pensée, alors que sa conversion fut fulgurante.

Pierre est la figure de celui dont le feu est ranimé par l’Esprit après un temps de tiédeur.

Timothée vient à la foi transmise par son entourage. La foi est chez lui une continuité plutôt qu’une rupture. Le contraire de Paul.

Qu’importe la forme de l’appel, c’est la direction donnée qui compte. L’appel indique l’initiative et la gratuité de la grâce divine. C’est Jésus qui est le sujet de l’appel. Il faut toujours se souvenir de qui appelle et garder les yeux fixés sur lui.

Nous ne choisissons pas nos frères et sœurs : Dieu appelle qui il veut. On ne choisit pas sa fratrie humaine, ni nos frères et sœurs en Christ. « Avant toute démarche de notre part, il nous a liés en un seul corps » (D. Bohnhoeffer)

Reconnaissons que nous avons de la peine à reconnaître cet appel adressé à tous !

« Nous sommes une minorité créatrice qui peut changer les choses. Notre effort pour se reconnaître en tant que frères et sœurs sera un témoignage pour le monde de l’amour du Christ. »

 

II. « Pour être avec lui »

 

Le Père Jacques Descreux, doyen faculté de théologie catholique de Lyon, affirme que la mission doit avant tout être enracinée dans un « être-avec Jésus ».

En vue de la mission, Jésus associe de plus en plus ses disciples.

Ces jours, durant le Forum chrétien, nous sommes avec lui pour être témoins de ce que nous avons vécu durant ces jours ici.

Vivre derrière lui, avec lui, devant lui. Les trois vont ensemble.

Que signifie être avec Jésus ?

Les 12 apôtres renvoient aux 12 tribus d’Israël. Ils représentent le peuple de Dieu dans sa diversité. Être avec Jésus signifie aussi être avec ce peuple. Il tisse les liens avec lui, mais aussi entre les disciples. Il tisse le tissu ecclésial.

Il renvoie à deux textes. Celui d’Exode 24 : Moise monte sur la montagne avec des disciples qui représentent le peuple de Dieu. L’expérience de Dieu nous dépasse.

Apocalypse 6 : l’agneau sur la montagne de Sion avec les 144.000 qui préfigurent le rassemblement eschatologique du peuple de Dieu. Il symbolise l’appel à être avec l’agneau pour combattre les puissances du mal. Un combat non violent mais qui peut impliquer le prix de sa vie. Être compagnon de l’agneau implique le don de soi, le service.

En résumé être avec Jésus signifie faire partie de son peuple, combattre avec lui contre le mal, servir.

Chacun est choisi pour être personnellement avec Jésus : « Je serai avec toi », dit Dieu. Jésus ne veut pas exercer sa mission de Messie de manière solitaire. Son premier acte est de rassembler des disciples.

Or tous ceux qui ont choisi pour être avec lui, ont failli. Les disciples ne comprennent pas, sont en décalage. Ils ne comprennent pas les paraboles. La peur les conduit à rompre leur être avec Jésus, à Guetsemané.

Pierre se déclare ne plus être avec lui: «  n’es-tu pas avec lui ? » lui demande-t-on. Judas pervertit les signes de la communion pendant le repas partagé avec Jesu et son baiser. Au terme de sa vie, ce ne sont que deux brigands qui seront avec Jésus !

Mais au moment où tous vont l’abandonner, Jésus rassemble les siens autour de lui, autour d’une table…et il continuera à le faire jusqu’à la fin.

 

III. « Pour les envoyer »

 

Ioan Sauca, secrétaire général adjoint du Conseil œcuménique des Eglises, rappelle que la fondation du Forum chrétien mondial s’est faite au Château de Bossey en 1998 où il enseignait comme professeur orthodoxe.

On pense que les orthodoxes ne s’intéressent pas à la mission. Ayant fait une thèse de doctorat sur la missiologie orthodoxe I. Sauca s’emploie à détricoter cette fausse opinion.

La descente de l’Esprit a changé radicalement les apôtres. C’est l’Esprit saint qui transforme les chrétiens en missionnaires. Un chrétien, dans son identité la plus profonde, est missionnaire. La mission appartient à toute l’Eglise, elle n’est pas une spécialisation de quelques uns.

Le mystère de l’Eglise est d’être habitée par la Trinité. Les chrétiens habités par le S. Esprit sont donc missionnaires.

La mission n’est donc pas une option ou une activité que l’on peut choisir ou non. Elle appartient à l’être même de l’Eglise. Les orthodoxes préfèrent le mot « martyria », témoignage, à celui de mission.

Saint Paul en parle abondamment : I Cor 9,16 : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ». « Nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu ».

La joie ne peut être cachée. C’est le partage d’une histoire d’amour. Quand on tombe amoureux pour la première fois, on ne peut le cacher. On parle de la personne aimée.

La Samaritaine a partagé sa joie. Les femmes portant les parfums ont annoncé le Christ ressuscité. Les apôtres ont en aussi parlé sans peur.

Durant la liturgie, l’eucharistie renforce et transforme les chrétiens pour qu’ils soient missionnaires. La « liturgie après la liturgie » est une vie de témoignage.

A l’époque du communisme tant de témoignages de vies données à cause de l’amour du Christ!

Que Dieu nous donne la force de transmettre le message de joie et d’espérance ! Une Eglise qui cesse d’être missionnaire est démissionnaire.


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