Chouette

Veiller sur la communion (1 Corinthiens 1,1-9)

La chouette est le symbole de la vigilance et de la sagesse. Toute la vie chrétienne est un appel constant à la vigilance.

Veillez, nous dit Jésus dans l’Evangile !

 

Ah si le ciel se déchirait

Si tu descendais du ciel…(Esaïe 63)

Comme chrétiens, nous savons que Dieu est descendu en Jésus-Christ.

Ensuite, en Jésus, Dieu descend pour chacun de nous. L’Esprit nous donne de la vivre. Le baptême nous le signifie.

Paul l’a vécu : Jésus est descendu du ciel pour faire de lui un apôtre.

Il est devenu un homme vigilant et sage pour appeler les chrétiens à la vigilance dans une communauté qui est en train de se diviser.

Etre vigilant pour garder la communion ecclésiale, l’unité : voilà la vigilance essentielle à laquelle il garde constamment dans toutes ses lettres.

Car cette communion est le grand don que Dieu a fait à l’humanité :

La communion entre juifs et païens d’abord,

Celle entre hommes et femmes, maîtres et serviteurs.

Rien ne doit plus nous séparer les uns des autres.

Paul écrit à la communauté qui est à Corinthe, mais aussi « à tous ceux qui partout font appel au nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (v.2 ) : Vigilants dans la communion, c’est la vocation de chaque Eglise : à Jérusalem, Corinthe, partout et dans la suite de tous les temps.

 

Enrichis en lui

« Vous avez enrichis en lui, en toute parole et en toute connaissance » (v. 5)

« Il ne vous manque aucun charisme » (v. 7)

Quelle était la taille de l’Eglise de Corinthe au moment où Paul lui écrit ?

Peut-être une centaine de personnes. Pourtant il ne lui manque aucun charisme !

Elle vit de la plénitude de la vie de l’Esprit. Ce qui est le sens profond, premier, qualitatif du mot « catholicité ».

Elle a reçu les dons de l’Esprit comme la première Eglise de Jérusalem. Il ne lui manque rien.

Il en est aussi ainsi de chaque Eglise locale.

Dans chaque Eglise, chaque communauté, chaque paroisse, qu’elle soit grande ou petite, nous avons à être vigilants pour que ces dons de l’Esprit circulent parmi nous.

Quels étaient les marques de la première Eglise ?

Dans le livre des Actes des Apôtres, je vois cinq marques (2,42) :

  1. Les premiers chrétiens disaient la Parole avec assurance. Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la Parole de Dieu
  2. Ils priaient et rompaient le pain tous les jours
  3. Ils pratiquaient la communion des cœurs et des esprits. Ils cherchaient entre eux l’unité spirituelle
  4. Ils pratiquaient la communion des biens, le partage matériel
  5. Ils étaient proches de petits et des personnes dans le besoin

 

Comment regardons-nous?

A ce sujet, permettez-moi de vous partager une expérience

Il y a bientôt trois ans, j’ai passé une semaine à Jérusalem, durant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Un matin, alors que je marchais dans la vieille ville, je suis frappé par des mendiantes. L’une tient un enfant malade dans ses bras et m’implore du regard ; l’autre assise, le visage couvert et penché vers le sol, tend une main ; une troisième est debout contre un mur, l’air résigné.

Je rejoins mon groupe pour commencer cette nouvelle journée avec un temps de chants et de partage biblique. Durant la prière, ces images de mendiantes se bousculent dans mon esprit. Me revient alors à l’esprit le récit de la rencontre de Pierre et Jean avec le mendiant paralysé. Le premier « acte des apôtres » après la Pentecôte (Actes 3). Ceux-ci sortent du Cénacle, remplis de l’Esprit saint et rencontrent la pauvreté humaine. Pourquoi leur premier miracle est-il destiné à un mendiant ? Or hier, nous avions justement prié pour l’unité avec les Eglises de Jérusalem dans le Cénacle et c’était comme une nouvelle Pentecôte : des prières dans plusieurs langues avaient été dites en ce lieu. Et ce matin, je rencontre des mendiants et suis touché par eux.

Je fais part de cette coïncidence et propose de faire silence pour méditer sur ce texte. Pierre et Jean s’approchent du mendiant et lui disent « Regarde-nous » ! Il avait donc la même attitude que cette femme de tout-à-l‘heure, prostrée, coupée de toute relation. Une image de l’humanité emprisonnée. Les apôtres s’arrêtent et le voient. Il est trois de l’après-midi, l’heure de la mort de Jésus. Ils lui disent : « je n’ai ni or, ni argent, mais ce que j’ai je te le donne : au nom de Jésus le Nazaréen, lève-toi et marche ». Que donner ? Pierre a donné ce qu’il avait. Il a tout quitté pour suivre Jésus, mais il a reçu en échange sa miséricorde et son autorité. Qu’est-il plus facile de dire « Regarde-nous » ou « Lève-toi et marche » ? « Lève-toi », le même verbe utilisé pour décrire la résurrection de Jésus ! Voir, s’arrêter, entrer en relation ne va pas de soi. Les apôtres le croisaient tous les jours assis à cette porte, mais ils ne le voyaient pas. Pourquoi le voient-ils maintenant ?

Un membre de mon groupe a cette réflexion : « Les disciples ne voyaient pas cet homme, parce que ce n’était pas le moment. Mais après la Pentecôte, ils vivent dans le temps de l’Esprit. Nous vivons aussi dans ce temps. La question à me poser est alors quelle est ma relation à l’Esprit saint ? Là où il est présent, là est la liberté d’être attentif à ses impulsions. Il peut me dire « approche-toi de telle personne » ! « Fais ceci ou cela » !

Nous croisons beaucoup de personnes, mais nous ne les voyons pas. Peut-être n’est-ce pas le temps ? Peut-être ne sommes-nous pas prêts à les rencontrer ? Quel est le temps dans lequel nous vivons ? Comment discerner les temps de Dieu ?

Ne sommes-nous pas tous comme ces mendiantes dont le regard m’avait si touché? Avides de regard, de communion ? Leurs regards ne sont-ils pas un appel à cette communion pour laquelle nous avons été créés ?

Etre vigilant pour garder la communion ecclésiale, c’est être attentif au regard de l’autre. Le Christ ne nous attend-il pas dans ces regards ? N’est-il pas présent dans nos regards réciproques, de bienveillance les uns envers les autres ?

C’est ce que Paul dit aussi aux Corinthiens : soyez vigilants à vous attendre les uns les autres.

Veillez, dit Jésus, car je viens !

Il viendra le dernier jour, mais il vient chaque jour dans nos regards.

C’est « chouette » de veiller, car Jésus vient au milieu de nous quand nous prenons soin les uns les autres.

Soyons vigilants dans la communion !

Martin Hoegger


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