Forum chrétien francophone, Lyon octobre 2018

LE PREMIER FORUM CHRETIEN FRANCOPHONE Petite chronique

Fin octobre 2018, j’ai participé au premier  « Forum Chrétien Francophone », à Lyon, sur le domaine de Valpré. Plus de 200 personnes de beaucoup d’Églises et de mouvements y ont participé.

C’est la première fois que le « Forum chrétien mondial » organise une rencontre pour la francophonie. Son but : élargir l’espace oecuménique à toutes les Églises afin de mieux se connaître et témoigner ensemble du Christ.

 

UNITE DANS LA DIVERSITE

« Nous sommes beaux dans notre diversité. Que Dieu bénisse son Église aux mille visages », dit le pasteur Pierre Blanzat, délégué à l’oecuménisme dans la région lyonnaise de la Fédération protestante de France.

Le pasteur Daniel Thévenet, président des Églises évangéliques de Réveil de France, nous confie que le premier Forum auquel il a participé a marqué sa vie pour toujours. Son rêve était de voir un tel forum dans son pays. « Dieu nous a mis en relation de manière merveilleuse »

Regardant l’assemblée Marie Jo Guichenuy, la déléguée à l’oecuménisme du diocèse de Lyon affirme que « Jésus est fait d’une multitude de visages. Nous avons à nous laisser transformer pour refléter son visage le mieux possible ».

Après un chant mené par le groupe musical, Casely Essamuah, le nouveau secrétaire général du «Global Christian Forum » salue l’assemblée avec les mots du Psaume 133 : « Ah qu’il est bon, doux, pour des frères et soeurs de demeurer ensemble ». « J’ai toujours apprécié ce psaume qui déclare que nos efforts pour l’unité appellent la bénédiction de Dieu: « Là le Seigneur a décidé de bénir, c’est la vie pour toujours ».

Dans un monde de souffrance et de désespérance, le Forum chrétien travaille « à créer un lieu sûr et ouvert où peuvent se rencontrer des personnes qui normalement n’auraient pas pu entrer en contact les unes avec les autres ».

Pour qu’ensuite les Eglises puissent mieux témoigner ensemble de l’espérance en Jésus-Christ et de servir les plus pauvres!

La pasteure Anne Laure Dannet, responsable de l’oecuménisme à la Fédération protestante de France, évoque la récente rencontre de Bogota en avril 2018, à laquelle elle a participé: « Appartenant à Jésus on découvre aussi que nous appartenons les uns aux autres. On découvre aussi combien on est pauvre des autres et combien il est beau de se laisser enrichir; combien il est important de construire des ponts dans un monde qui bâtit tant de murs ».

Katherine Shirk Lucas, enseignant à l’Institut catholique de Paris, affirme que cette rencontre a été un don de l’Esprit.

Trois expériences l’ont marquée : les temps de prière commune, le témoignage des représentants des Communions mondiales qui ont signé la Déclaration sur la Justification, le 5e anniversaire de l’enlèvement des deux évêques syriens, avec un appel fort à prier pour la paix au moyen orient

De passage à Lyon, Mgr Anba Thomas, évêque copte orthodoxe, témoigne que le plus beau et fort témoignage de l’Eglise en Egypte a été d’accorder le pardon aux persécuteurs islamistes (voir ci-dessous la vidéo de son intervention)

Chaque jour la prière est animée par une Eglise différente. Cette première soirée se termine par une prière dirigée par les Eglises évangéliques de Lyon, avec des chants entrainants et un temps de prière libre.

 

LES GROUPES DE PARTAGE.

Qu’est-ce qui constitue le coeur d’une réunion du Forum chrétien mondial?

Les petits groupes de partage! La deuxième journée du Forum Chrétien Francophone nous a permis de les découvrir et de les vivre.

Hubert Van Beek, ancien secrétaire du Forum chrétien mondial (entre 1998 et 2012) introduit l’assemblée à cette pratique originale.

« On avait le sentiment qu’on ne pouvait pas faire une réunion sur le modèle traditionnel des rencontres œcuméniques, dit-il. Non pas des conférences sur un thème, avec discussion ensuite, mais un partage des itinéraires de foi. Cela est devenu la « marque de fabrique » du Forum »

Mais comment partager notre itinéraire de foi ? Ce qui nous distingue en tant que chrétiens est la rencontre personnelle avec Jésus. Nous avons tous cela en commun.

On peut l’imaginer en trois étapes
– Par quel processus ? Puis-je dire que j’ai rencontré Jésus à un moment précis ?
– Qu’est-ce que cela a changé dans ma vie ?
– Que signifie faire partie d’une communauté chrétienne (ou de plusieurs) ? Quelle est l’importance d’appartenir à une communauté ?

L’idée est de ne pas entrer en discussion, mais d’écouter chacun. Les groupes sont composés de douze personnes et chacun a sept minutes à sa disposition. Ecouter l’autre sans l’interrompre est la règle d’or !

Deux exemples de témoignages sont alors donnés.

Jean Pierre Delville, évêque de Liège, a découvert Jésus dans sa famille, dans la prière du soir, dans la liturgie, puis dans la musique en tant qu’organiste. Il a réalisé qu’on parlait trop de Jésus mais qu’on ne le vivait pas assez. A l’université il a participé à une « Équipe Notre Dame » où il a découvert Jésus qui l’invitait à le suivre.

Au séminaire il a vécu une crise : il s’est senti incapable de Le suivre. Ce qui lui a permis de dépasser cette crise, c’est la rencontre avec Jésus dans l’amitié avec le pauvre à travers la communauté de S. Egidio. Être en proximité avec l’être humain dans sa fragilité dans l’amitié vécue dans une communauté.

A l’université il a découvert la diversité des visages de Jésus dans les évangiles, chez les pères de l’Eglise, François d’Assise, Luther (le Jésus de la grâce), de J S Bach (le Jésus intime)…

« Il me manque la spontanéité de ma jeunesse. J’attends beaucoup de vos témoignages pour la retrouver ».

Puis Anne Cathy Graber partage son chemin de foi. Elle a été élevée dans une famille mennonite. Dans son enfance elle a été touchée par l’appel de Samuel. Dieu peut s’intéresser à un enfant.

A 14 ans elle demande le baptême. Un peu plus tard elle a reçu l’effusion de l’Esprit. Cela a été comme si les mots de la Bible se mettaient à danser.

Comment servir son Église ? Elle était touchée par le choix de non-violence qu’avait fait son Église mennonite. A 20 ans elle rencontre la communauté du Chemin Neuf. Elle découvre la valeur de risquer ensemble, de faire confiance, et retrouve le sens du mot fraternité.

Vivre l’œcuménisme était inattendu pour elle. Mais jusqu’où peut-on aller dans la fraternité ? Un jour elle a réalisé que Dieu l’appelait à aimer l’Eglise de l’autre comme la sienne. Il n’y a pas de rivalité dans l’amour.

Cependant Jésus est aussi « signe de contradiction » : « cela m’a conduit à une conversion du coeur : avoir le courage d’interpeller nos Eglises…mais il faut le faire à genoux. ».

« Dans l’échange des dons, j’ai aussi reçu celui du célibat pour le Royaume. Je l’ai reçu de chrétiens catholiques et coptes et en suis reconnaissante ».

Après ces préparatifs, nous avons vécu deux rencontres en petits groupes d’une dizaine de personnes. La première où nous avons partagé notre itinéraire avec Jésus.

La deuxième où nous avons répondu à la question : quelles richesses ai-je reçu de la part des autres Églises ?

 

Le theme du Forum : Jésus appela…pour être avec lui…et il les envoya.

Durant ce forum, un texte biblique nous a accompagnés durant ces quatre jours. Celui de l’appel des douze apôtres. 

Trois verbes de ce texte ont été approfondis par trois théologiens : Jésus appela…pour être avec lui…il les envoya.

 «Puis Jésus monta sur une colline; il appela les hommes qu’il voulait et ils vinrent à lui. Il forma ainsi le groupe des douze qu’il nomma apôtres. Il fit cela pour les avoir avec lui et les envoyer annoncer la Bonne Nouvelle, avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais.» (Marc 3:13-15)

 

1. Jésus appela

Valerie Duval, bibliste de l’Eglise baptiste se demande comment Dieu appelle. Il y a plusieurs modèles de conversion.

Paul : un changement radical. Mais plusieurs années sont nécessaires pour lui afin de construire sa nouvelle pensée, alors que sa conversion fut fulgurante.

Pierre est la figure de celui dont le feu est ranimé par l’Esprit après un temps de tiédeur.

Timothée vient à la foi transmise par son entourage. La foi est chez lui une continuité plutôt qu’une rupture. Le contraire de Paul.

Qu’importe la forme de l’appel, c’est la direction donnée qui compte. L’appel indique l’initiative et la gratuité de la grâce divine. C’est Jésus qui est le sujet de l’appel. Il faut toujours se souvenir de qui appelle et garder les yeux fixés sur lui.

Nous ne choisissons pas nos frères et sœurs : Dieu appelle qui il veut. On ne choisit pas sa fratrie humaine, ni nos frères et sœurs en Christ. « Avant toute démarche de notre part, il nous a liés en un seul corps » (D. Bohnhoeffer)

Reconnaissons que nous avons de la peine à reconnaître cet appel adressé à tous !

« Nous sommes une minorité créatrice qui peut changer les choses. Notre effort pour se reconnaître en tant que frères et sœurs sera un témoignage pour le monde de l’amour du Christ. »

 

2. « Pour être avec lui »

Le Père Jacques Descreux, doyen faculté de théologie catholique de Lyon, affirme que la mission doit avant tout être enracinée dans un « être-avec Jésus ».

En vue de la mission, Jésus associe de plus en plus ses disciples.

Ces jours, durant le Forum chrétien, nous sommes avec lui pour être témoins de ce que nous avons vécu durant ces jours ici.

Vivre derrière lui, avec lui, devant lui. Les trois vont ensemble.

Que signifie être avec Jésus ?

Les 12 apôtres renvoient aux 12 tribus d’Israël. Ils représentent le peuple de Dieu dans sa diversité. Être avec Jésus signifie aussi être avec ce peuple. Il tisse les liens avec lui, mais aussi entre les disciples. Il tisse le tissu ecclésial.

Il renvoie à deux textes. Celui d’Exode 24 : Moise monte sur la montagne avec des disciples qui représentent le peuple de Dieu. L’expérience de Dieu nous dépasse.

Apocalypse 6 : l’agneau sur la montagne de Sion avec les 144.000 qui préfigurent le rassemblement eschatologique du peuple de Dieu. Il symbolise l’appel à être avec l’agneau pour combattre les puissances du mal. Un combat non violent mais qui peut impliquer le prix de sa vie. Être compagnon de l’agneau implique le don de soi, le service.

En résumé être avec Jésus signifie faire partie de son peuple, combattre avec lui contre le mal, servir.

Chacun est choisi pour être personnellement avec Jésus : « Je serai avec toi », dit Dieu. Jésus ne veut pas exercer sa mission de Messie de manière solitaire. Son premier acte est de rassembler des disciples.

Or tous ceux qui ont choisi pour être avec lui, ont failli. Les disciples ne comprennent pas, sont en décalage. Ils ne comprennent pas les paraboles. La peur les conduit à rompre leur être avec Jésus, à Guetsemané.

Pierre se déclare ne plus être avec lui: «  n’es-tu pas avec lui ? » lui demande-t-on. Judas pervertit les signes de la communion pendant le repas partagé avec Jesu et son baiser. Au terme de sa vie, ce ne sont que deux brigands qui seront avec Jésus !

Mais au moment où tous vont l’abandonner, Jésus rassemble les siens autour de lui, autour d’une table…et il continuera à le faire jusqu’à la fin.

 

 3. « Pour les envoyer »

Ioan Sauca, secrétaire général adjoint du Conseil œcuménique des Eglises, rappelle que la fondation du Forum chrétien mondial s’est faite au Château de Bossey en 1998 où il enseignait comme professeur orthodoxe.

On pense que les orthodoxes ne s’intéressent pas à la mission. Ayant fait une thèse de doctorat sur la missiologie orthodoxe I. Sauca s’emploie à détricoter cette fausse opinion.

La descente de l’Esprit a changé radicalement les apôtres. C’est l’Esprit saint qui transforme les chrétiens en missionnaires. Un chrétien, dans son identité la plus profonde, est missionnaire. La mission appartient à toute l’Eglise, elle n’est pas une spécialisation de quelques-uns.

Le mystère de l’Eglise est d’être habitée par la Trinité. Les chrétiens habités par le S. Esprit sont donc missionnaires.

La mission n’est donc pas une option ou une activité que l’on peut choisir ou non. Elle appartient à l’être même de l’Eglise. Les orthodoxes préfèrent le mot « martyria », témoignage, à celui de mission.

Saint Paul en parle abondamment : I Cor 9,16 : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ». « Nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu ».

La joie ne peut être cachée. C’est le partage d’une histoire d’amour. Quand on tombe amoureux pour la première fois, on ne peut le cacher. On parle de la personne aimée.

La Samaritaine a partagé sa joie. Les femmes portant les parfums ont annoncé le Christ ressuscité. Les apôtres ont en aussi parlé sans peur.

Durant la liturgie, l’eucharistie renforce et transforme les chrétiens pour qu’ils soient missionnaires. La « liturgie après la liturgie » est une vie de témoignage.

A l’époque du communisme tant de témoignages de vies données à cause de l’amour du Christ!

Que Dieu nous donne la force de transmettre le message de joie et d’espérance ! Une Eglise qui cesse d’être missionnaire est démissionnaire.

 

ECHOS DES COMMUNAUTES

Les communautés et les mouvements ont aussi une place dans le Forum. Des échos de quelques communautés ont ainsi été donnés.

Tout d’abord la communauté de GOSHEN, qui se trouve à la Ferme de la Chaux. Un « Eco hameau chrétien » en Bourgogne.

Marie Sokolovsky souligne l’attention à la vie communautaire et à l’écologie, Jésus au centre, la vie de prière, l’accueil et le partage qui y sont vécus.

Deux réseaux sont touchés par cette communauté : le réseau chrétien, avec des relations multiples avec des Eglises et mouvements catholiques, protestants et évangéliques.

Puis le Réseau alter mondialiste qui a faim et soif de justice. Les personnes découvrent un Jésus présent à côté des petits. Un Jésus qui a aussi faim et soif de justice. Tous y sont bienvenus !

Puis la communauté de GRANCHAMP en Suisse, présentée par les soeurs Anne-Emanuelle et Pascale.

Née dans la marmite de l’œcuménisme, l’unité chrétienne n’est pas un choix que la communauté aurait fait, mais une grâce reçue dès le début. « Notre pauvreté nous a ouvert le trésor de l’autre », dit S. Pascale.

L’abbé Couturier l’a accompagnée à ses débuts. « Il faut aimer et prier plutôt que juger. Peu à peu on arrive à l’unité par l’union plutôt que par l’unification », écrivait S. Marguerite, une des premières sœurs.

Comment œuvrer à la réconciliation ? Des témoins de paix ont été rencontrés. Simone Pacot, avec ses sessions Bethesda ou « Évangélisation des profondeurs ».

Prendre conscience de la violence qui nous habite. Choix écologiques dans le style de vie. Communion au pied de La Croix. Le pape Jean Paul II a demandé à Soeur Minke, la prieure de la communauté en l’an 2000, d’écrire le chemin de croix au Colisée du vendredi saint.

« Le meilleur d’autrui se met à s’unir avec ce qui m’est essentiel. L’œcuménisme est alors retournement du coeur, conversion, bien plus que découverte de l’autre », conclut S. Pascale.

  1. Anne-Emanuelle, l’actuelle prieure, ajoute que l’essentiel est de se mettre au pied de La Croix et de vivre le pardon. Un long chemin de transformation !

Venu du monastère de CHEVETOGNE en Belgique, frère Thaddée explique qu’au lendemain de la 1e guerre mondiale, cette communauté a été fondée avec vocation de comprendre les autres confessions.

On y célèbre le culte catholique dans une Église et dans une autre le rite orthodoxe russe.

Les études le conduisent à découvrir qu’il n’apprend pas quelque chose, mais Quelqu’un. « On tremble alors quand on découvre tout ce que Dieu a donné aux autres confessions ».

Il demande pardon aux orthodoxes de ne pas avoir suffisamment été attentif à leur spiritualité, de ne pas avoir appris leur langue.

« Je mène une vie de grande joie et de découverte. Souvent grâce à des personnes venant d’horizons très différents du mien ».

La crise ukrainienne le fait énormément souffrir : « je prie le Seigneur pour la réconciliation dans la justice et la charité ».

 

PONTS ET PASSERELLES DE LYON

Par groupes de six, nous avons été invités à réfléchir sur les passerelles: comment être passerelles d’Evangile?

Entre Saône et Rhône, Lyon est en effet reliée par plusieurs ponts et passerelles.

Nous entrons dans un « bouchon lyonnais » (un bistrot) sur la place S. Jean, à côté de la cathédrale et nous parlons d’une rencontre personnelle avec un membre d’une autre confession : accueil d’une famille biélorusse, visite auprès d’un prêtre maronite, accompagnement d’une famille algérienne…

Sur le chemin vers la paroisse qui nous accueille pour le repas, nous sommes invités à témoigner de ce que nous vivons.

Sur la place Bellecour je m’approche de trois jeunes femmes qui refusent tout d’abord de m’écouter. Je leur demande alors à quelle Église elles appartiennent. Après un moment d’hésitation, l’une d’entre elles me dit qu’elles sont Témoins de Jehovah.

S’engage alors une discussion sur la traduction du texte biblique figurant sur la carte qui présente le Forum: « que le Seigneur te bénisse et te garde… »
Après les avoir quittées, la plus âgée me court après pour me donner un livret : « Ce que dit la Bible»!

 

VISITE DANS UNE PAROISSE

A « l’Espace Bancel » de la paroisse de la Rive gauche de l’Église protestante unie de France, nous sommes attendus pour un temps de partage suivi d’une collation.

Une membre du Conseil présente son engagement dans l’économie solidaire, son travail auprès des gens de la rue avec une association catholique et sa participation à l’Ecole biblique de la paroisse.

« Ma vie spirituelle permet à toutes mes autres vies d’être irriguées. Elle s’enracine dans la lecture quotidienne de la Bible et la vie de la communauté », dit-elle.

« L’expérience de Dieu est un exercice qu’on se donne, une expérience régulière.
Comment est-ce que je crée des ponts?

Il y a des ponts solides, certains s’effondrent. Je dois d’abord créer des ponts en moi même en faisant des choix cohérents avec ma foi. Puis des ponts entre mes engagements professionnels et ecclésiaux: comment porter un regard qui reconnaît une dignité humaine aux gens de la rue? Le système voudrait qu’on les ignore ! Je veux aussi faire des ponts entre la réflexion sur la vie simple et la pratique de consommation et de transport de l’Eglise ».

D’autres membres de la paroisse parlent aussi des ponts avec l’Eglise universelle, comme la « lumière de Bethléem » apportée par les scouts dans la paroisse avant Noël.

Et puis il y a des ponts avec les autres Églises : les célébrations avec la paroisse anglicane. Chaque vendredi de carême des prières œcuméniques « pain- pomme » sur une place, où on fait connaissance avec les habitants du quartier.

Chaque année un « culte de la Cité « invite les acteurs politiques et des associations. Un autre pont encore : les Eglises protestantes coréenne et camerounaise tiennent leurs cultes ici.

Nous nous dirigeons ensuite vers l’université catholique de Lyon où nous attendent déjà plus de 500 personnes pour une célébration œcuménique. Mais cela sera pour mon prochain post!

 

AMBASSADEURS DE LA RECONCILIATION

Belle méditation, le dernier matin, par le pasteur protestant Andreas Lof, à l’occasion du Jour de la Réformation :

« C’est avant tout le Christ qui nous unit. Dieu s’est réconcilié avec nous par lui. (2 Cor 5,21). La vie nouvelle s’appelle invitation à la réconciliation. Elle est inscrite dans l’être même de Dieu qui est réconciliation.

La réconciliation est à accueillir au plus profond de nos vies. Mais il faut parfois toute une vie, tant le péché est inscrit en nous.

Le repli sur soi est une tentation majeure. On le voit à l’œuvre dans toutes les Eglises, où on cherche à définir son identité. Peut-être est-ce aller à contre-courant, déjà aujourd’hui, que de chercher l’unité?

Nous sommes le 31 octobre, jour de la réformation. Chaque dimanche témoigne que nous sommes encore divisés quand nous célébrons le Christ séparément.

Cependant il faut rendre grâce que la question du salut est réglée : nous en avons la même conception. Catholiques et protestants peuvent dire ensemble que l’on est sauvé par grâce en Jésus Christ et que cette grâce œuvre dans nos vies.

Je vous en supplie, au nom du Christ, annonçons cela au monde ! Soyons ambassadeurs de la réconciliation ! »

 

L’HUMILITE, PIERRE DE TOUCHE !

En conclusion de ce beau forum, voici des pensées des trois secrétaires du Forum chrétien mondial qui nous ont fait l’amitié de participer à cette rencontre. Tout d’abord Larry Miller appelle à l’humilité, pierre de touche de la vie chrétienne.

« Nous avons besoin d’humilité, avant tout, pour continuer. Elle est la première vertu des responsables d’Eglises ».

Jésus nous en donné l’exemple. Larry lit alors le grand texte paulinien :

« Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. Que personne ne recherche son propre intérêt, mais que chacun de vous pense à celui des autres. Comportez-vous entre vous comme on le fait quand on connaît Jésus-Christ. » (Philippiens 2:3-5)

 

ENVOI : EN PELERINAGE !

Huibert Van Beek, premier secrétaire, apporte le mot de la fin avec une parole d’envoi :

« Dès le début, la métaphore du pèlerinage s’est imposée à nous. Le Forum est toujours un pèlerinage non pas vers l’inconnu mais dans l’inconnu.

Le but est l’unité des Eglises, qui est un don et un appel.  À chaque étape nous avançons avec la confiance que Dieu nous guide.

Non pas une confiance passive mais dans le discernement ensemble, en communauté.

Que l’Esprit nous montre le chemin que nous sommes appelés à parcourir ! »

Le successeur de Huibert Van Beek et Larry Miller, au poste de secrétaire du Forum chrétien mondial, Casely B. Essamuah a dit aussi :

« J’ai été dans la même école que Martin Luther King. Comme lui j’ai fait un rêve : que les Eglises se rapprochent et que Celui qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise. Le monde regarde aux ponts que nous construisons ».

Martin Hoegger

www.hoegger.org


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