Chaque année Chantal et moi marchons sur la « Via Francigena », ce chemin de pèlerinage qui va de Cantorbéry à Rome, en passant par Lausanne. Récemment nous avons même intéressé un journaliste qui a écrit un petit article sur notre marche (voir dans la deuxième partie) !
Cette année nous avons sommes arrivés au bout de la Vallée d’Aoste. Belle découverte d’une terre riche de culture tant de la terre que de l’esprit !
Nous avons profité de rendre visite à une personnalité du monde monastique : frère MichaelDavide. Pour le rencontrer, nous avons dû monter tout au fond d’une vallée latérale : le Val de Rhême. Son petit monastère, récemment établi, se trouve à Rhême Notre Dame, à près de 1800 mètres.
Le regard pétillant, Frère MichaelDavide (un nom composé de deux prénoms sans trait d’union) nous accueille généreusement dans la maison qu’il partage avec deux autres frères.
Le but de cette visite est de lui présenter la vision de « Jésus Célébration 2033 », car il est important qu’elle soit portée par des hommes et des femmes qui ont fait de la prière et de la vie fraternelle le cœur de leur existence. En juillet dernier, j’ai d’ailleurs pu la présenter à une cinquante de religieux dans le cadre des Rencontres interconfessionelles et internationales des religieux et religieuses, en Bavière (voir mon compte rendu de cette rencontre ici )
« Cela serait très beau d’imaginer un jubilé ensemble. Pour mettre l’Eglise catholique dans le coup, il faut trouver la bonne clé, en particulier un « cardinal protecteur » ! dit-il.
Frère MichaelDavide insiste surtout pour que la célébration des 2000 ans de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ soit vraiment centrée sur…Jésus. « Cela paraît évident, mais les Eglises ont toujours tendance se célébrer elles-mêmes. Il faut mettre l’accent sur le message, pas sur le messager, sur l’Evangile, pas sur l’Eglise. Nous avons trop identifié le message au messager », répète-t-il.
Il cite Tertullien : « Le Christ est l’homme le plus véritable ». L’humanité du Christ est un thème qui lui tient à cœur : il vient de publier un livre « Humains, jamais trop humains » dont il me donne un exemplaire. (éditions Salvator, Paris, 2017). Pour 2033, il voit donc une célébration « moins cléricale, mais plus humaine« .
Mais il ajoute que cela nécessite une conversion, celle de choisir entre la nostalgie de nous-mêmes et celle du Royaume de Dieu. Il faut penser l’Eglise au service du Royaume. « L’éternité n’est pas pour les Eglises mais pour l’humanité. Celles-ci ont une mission à accomplir mais sans se mettre en avant : elles doivent diminuer et faire grandir le Christ », affirme-t-il.
Un brin provocateur, frère MichaelDavide nous laisse ce mot : « Je souhaite que 2033 ne soit pas comme l’an 2000 ; que cette année soit une célébration du Christ, pas une célébration des Eglises qui célèbrent leur foi »!
A la fin de cette belle rencontre, sous le regard souriant d’une icône de la Vierge à l’enfant, nous vidons la théière et finissons les biscuits qu’il nous avait préparés. Et nous visitons la chapelle où les frères vont se réunir pour la prière du soir. Quant à nous, nous regagnons le val d’Aoste pour une nouvelle étape de la Via Francigena.
Rhêmes Notre Dame