Transformés en Christ pour devenir serviteurs de l’unité. (1 Cor 15,51)

Que se passera-t-il le dernier jour de l’histoire ? Depuis toujours, l’humanité cherche à connaître les fins dernières. Pour certains, d’ailleurs, il n’y a pas de fin, mais un cycle éternellement recommencé. Pour d’autres on pourrait spéculer sur la fin des temps. Quelle est l’approche de la foi chrétienne »?  

« Tous, nous serons transformés…par la victoire de notre Seigneur Jésus-Christ. » [1]1 Corinthiens 15, 51-58

L’apôtre Paul s’en fait l’écho. La fin des temps sera une rencontre avec un Amour : celui qui a dit « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Qu’arrivera-t-il à ceux qui sont vivants au moment de son retour ? Ils seront immédiatement transformés : « Tous nous serons transformés…par la victoire de notre Seigneur Jésus-Christ ». Paul ne spécule pas sur ce qui se passera. Il reste très sobre. Ce qui lui importe est de communiquer sa conviction : un jour la mort disparaîtra, en communion avec le Christ nous seront vivants en lui à jamais. Il le dit ailleurs : « ni la mort, ni la vie, ni aucune puissance, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ » (Rom. 8).

Je viens d’exposer notre espérance par rapport à la mort et à la fin des temps. Vous le saviez déjà. C’est le B à BA du christianisme. Mais il faut toujours à nouveau répéter l’alphabet de notre foi, en apprenant à mettre toutes les réalités de notre vie et de notre mort, de notre présent, passé et futur en relation avec le Christ, l’Alpha et l’Oméga. Toutefois, cette espérance ne va pas de soi. Paul dit que c’est un mystère que Dieu nous révèle (v. 51). Pour en vivre, nous avons besoin que l’Esprit saint la souffle à nos oreilles.

Mais la question qui nous intéresse maintenant est la suivante : si nous croyons que nous serons transformés un jour pour être engloutis entièrement par la vie du Christ, comment se transformer aujourd’hui ? Cette transformation qui sera totale à la fin, peut-elle déjà commencer maintenant ?

La réponse est : oui, bien sûr. Si notre religion ne nous apporte qu’une consolation pour l’avenir, mais n’a pas de prise sur le présent, si elle ne nous transforme pas maintenant, alors elle n’est qu’un « opium du peuple », que critiquait K. Marx.

Mais il n’en est pas ainsi. Dès maintenant nous sommes appelés à être transformés pour ressembler de plus en plus au Christ.

Si au dernier jour, la transformation en Christ sera « en un instant, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette » (v. 51), aujourd’hui la transformation est progressive. Parfois il y a des temps de recul, où nous retombons dans de vieilles ornières. Nous avons besoin alors de persévérer, de remettre l’ouvrage de notre sanctification cent fois sur le métier. Alors que notre corps dépérit, notre esprit se renouvelle de jour en jour.

 

Transformation et unité chrétienne

Cette transformation a une immense importance pour l’unité chrétienne : plus nous serons transformés en Christ, plus nous lui ressemblerons. Plus nous lui ressemblerons, plus nous serons proches les uns des autres. Plus nous ferons sa volonté et non la nôtre, plus nous serons unis.

L’unité parfaite adviendra lorsque tous feront sa parfaite volonté… Mais cela ne sera qu’au dernier jour. Toutefois, nous pouvons l’anticiper en priant « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite, sur terre comme au ciel ». Prier et, bien sûr, vivre en cohérence avec notre prière. C’est pourquoi Paul dit dans notre texte « Soyez de plus en plus actifs dans l’œuvre du Seigneur » (v. 58).

Plus nous serons proches les uns les autres, dans l’amour du Christ, plus nous serons aussi capables de nous accueillir les uns les autres comme des dons. Nous pourrons alors aussi envisager de changer certaines doctrines ou pratiques dans nos églises qui peuvent constituer des obstacles pour une unité plus grande.

Comme le dit le livret de la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens, de l’année 2012 : « La célébration a pour thème 1 Corinthiens 15, 51-58, où il est question de la puissance transformatrice de la foi au Christ, celle-ci étant mise spécialement en rapport avec notre prière pour l’unité visible de l’Église, Corps du Christ. C’est en priant et en œuvrant pour la pleine unité visible de l’Église que nous serons nous-mêmes – ainsi que les traditions auxquelles nous appartenons – changés, transformés et rendus semblables au Christ. C’est une perspective enthousiasmante mais cela peut cependant nous remplir de crainte ! L’unité pour laquelle nous prions requiert peut-être le renouveau de certaines formes de vie ecclésiale dont nous sommes familiers. Cette unité va au-delà du « confort » d’une relation d’amitié et de collaboration. Elle requiert de notre part la volonté de renoncer à nous concurrencer mutuellement. Il faut que nous nous ouvrions les uns aux autres, nous fassions des dons et acceptions d’en recevoir en échange, afin de pouvoir entrer vraiment dans la vie nouvelle du Christ, qui est la seule vraie victoire ».2

Beau signe de communion œcuménique, ce thème de la transformation et ce verset de la lettre aux Corinthiens ont été repris par le livret de la semaine de prière de l’Alliance évangélique européenne, en 2012 3 : Tous, nous serons transformés… par la victoire de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

  1. Transformés, en regardant au Christ des Béatitudes. [4]

Dans cette deuxième partie, je voudrais répondre à cette question : comment être transformé dès maintenant en Christ ? La réponse est simple. Il faut regarder à Jésus-Christ, qui a vaincu la mort, le dernier ennemi qui nous sépare les uns des autres : « Loué soit Dieu qui nous donne la victoire par Notre Seigneur Jésus-Christ » (v. 57). Nous l’avons aussi lue dans la lettre aux Hébreux et dans l’Evangile de Jean. Il s’agit de fixer les yeux de notre cœur sur Jésus ou encore d’être uni à Lui, comme le sarment est uni au cep :

« Gardons les yeux fixés sur Jésus … courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée » (Hébreux 12:2)

« Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un rameau ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne » (Jean 15,4)

Parce que le Christ est l’« image visible du Dieu invisible » (Col. 1:15), il devient notre modèle suprême dans tous les domaines de la vie et Dieu nous appelle « à devenir conformes à l’image de son Fils » (Rom.8:29).

Qui que nous soyons, où que nous soyons, nous avons besoin d’imiter notre Seigneur Jésus. C’est l’œuvre de son Esprit de nous transformer en Lui. Et pour être transformés en Lui, nous avons d’abord à contempler la personnalité et l’action de Jésus lui-même. Nous voulons méditer sept aspects de sa personnalité. Nous le ferons en lien avec les Béatitudes que Jésus a données et qu’il a été le premier à vivre. En les vivant dans la force de l’Esprit saint, nous nous transformons en Lui. Ces sept aspects sont :

  • Sa prière
  • Son amour inconditionnel
  • Sa miséricorde et sa compassion
  • Sa justice et sa haine du péché
  • Sa pureté dans tous les domaines de la vie
  • Son esprit de serviteur
  • Son courage dans l’obéissance à la volonté de Dieu
  • Sa dépendance totale à Dieu par la prière

 

« Heureux les pauvres en esprit, le Royaume de Dieu est à eux »

Les évangiles nous montrent Jésus priant. Il est ce pauvre qui ne dépend que de Dieu. Il nous invite à demeurer en Lui par la prière.

« Demeurez en moi, et je demeurerai en vous ….. si vous ne demeurez pas en moi, vous ne pouvez porter aucun fruit » (Jean 15:4-5) Il est remarquable que chaque fois que la vie devient difficile, Jésus se retire pour prier (Luc 5:15-16).

Le renouvellement de notre vision et notre force viennent principalement d’une relation personnelle avec lui.

 

  • Son amour immense et inconditionnel, sans aucune discrimination.

« Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés »

Jésus aimait les marginaux, et même ses ennemis, avec l’amour agapè qui ne nécessite pas de sentiments positifs antérieurs. Il aimait indépendamment du devenir de cet amour. Lorsque son amour n’était pas aimé, il a même pleuré sur ceux qui le refusaient. Puis il faisait toujours le premier pas et il nous appelle aussi à prendre l’initiative d’aimer : «Faites pour les autres tout ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous, car c’est là tout l’enseignement de la Loi et des prophètes » (Matt. 7:12, La Règle d’Or)

  • Sa miséricorde et sa compassion.

« Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde »

Dans toutes ses relations, même dans la controverse et le désaccord, Jésus reflète la grâce: il traite chacun avec dignité. Jésus appelle ses disciples à faire de même.

La grâce est l’un des traits les plus distinctifs de la communauté chrétienne. Toutes nos relations avec les autres devraient exister afin de les bénir plutôt que de les « utiliser ».

  • Sa justice.

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés ».

À la Croix, Dieu révèle à la fois son amour et sa justice. L’Évangile n’est pas seulement une bonne nouvelle d’amour, mais aussi de justice. Ou plutôt la justice est une expression de l’amour. Un amour sans justice n’est pas le vrai amour. (Es. 42:1,4 et 7; Luc 4:17-19) Jésus l’a dit clairement dans l’une des Béatitudes (Matt. 5:6), mais la justice biblique est bien plus qu’une affaire privée et personnelle : elle comprend également la justice sociale, comme il est indiqué à plusieurs reprises dans la loi et les prophètes (Michée 6:8)

  • Sa pureté dans tous les domaines de la vie, y compris le langage.

« Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu »

Il disait la vérité, rejetant tout mensonge, toute calomnie (Matt. 5:34,37), bénissant au lieu de maudire (Luc 6:28), rejetant fortement toute forme de corruption (Luc 3:14) et d’hypocrisie (Matt. 6:16-18; Matt. 23.23-36). Il gardait son cœur pur de toute compromission avec le mal. Voilà les signes distinctifs de son enseignement et de son comportement.

  • Son esprit de serviteur.

« Heureux les doux, car ils hériteront la terre ».

De sa naissance à sa mort, il avait l’esprit d’un serviteur, rejetant toute forme de pouvoir humain (Es. 42:1; Phil. 2:7). La seule fois où Jésus dit explicitement « apprenez de moi », il parle précisément du besoin d’être « doux et humble de cœur » (Matt. 11.28). C’est justement le résumé qu’il fait de son caractère. Son autorité vient de son esprit de serviteur, non pas de force ou de pouvoir humains (Jean 13:15-16).

  • Son courage est visible dans son obéissance à la volonté de Dieu.

« Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi »

Une obéissance jusqu’aux conséquences finales, un courage qui l’a amené à rejeter le compromis lorsqu’il est tenté par Satan (Matt. 4:1-11; Luc 23:36-39) et à faire face à la forme la plus cruelle de mort. « … c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme un caillou » (Es. 50:7) et « il décida de manière résolue de se rendre à Jérusalem « (Luc 9:51; Phil.2:8). Nous ne voyons pas le moindre signe de lâcheté en lui.

« Dieu a oint Jésus de Nazareth en répandant sur lui la puissance du Saint-Esprit.

Celui-ci a parcouru le pays en faisant le bien et en guérissant … car Dieu était avec lui » (Actes 10:38). Jusqu’au bout il est resté dans l’amour, qui est la synthèse de la volonté de Dieu notre égard. Il n’a pas rendu l’insulte pour l’insulte.

Être comme le Christ en toute circonstance n’est pas une option, mais une nécessité :

« Je viens de vous donner un exemple, pour qu’à votre tour vous agissiez comme j’ai agi envers vous » (Jean 13:15). Les disciples de Jésus doivent montrer le caractère de leur maître. Jésus est le modèle pour toute personne et à chaque étape de la vie, quel que soit le contexte culturel ou le type de ministère : « C’est à cela que Dieu vous a appelés … vous laissant un exemple, pour que vous suiviez ses traces » (1 Pierre 2:21).

Regardons donc à Lui, demeurons unis à lui, vivons ses béatitudes pour nous être transformés en lui. Dès maintenant et chaque jour un peu mieux. « Aujourd’hui mieux qu’hier », afin de progresser dans l’œuvre du Seigneur et être des ferments de paix, de communion et d’unité.

1 Thème de la Semaine de prière de l’Alliance évangélique (8-15 janvier) et de la Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier)

2 Foi et Constitution et Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens : Livret de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, 2012, p. 13, http://www.oikoumene.org/fileadmin/files/wcc-main/documents/p2/2011/WOPCU2012fr.pdf

3 Voir : http://dialogueoecumenique.eerv.ch/files/RES_Semaine_priere_2012_basse-r%C3%A9solution1.pdf

4 Les lignes qui suivent s’inspirent de : L’approche socio-politique de l’Alliance évangélique européenne. http://www.worldevangelicals.org/pdf/AEE-Approche%20socio-politique-FR.pdf


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