Arcabas lavement des pieds

L’honneur de Dieu, c’est de s’agenouiller

 » Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds! Jamais ! » (Jean 13,6). C’est le cri de Pierre quand Jésus veut s’agenouiller devant lui. Qu’a-t-il compris de Jésus, ce Pierre, le premier des apôtres ? Celui que la tradition exaltera ; celui qu’on appellera le Prince des apôtres et en l’honneur duquel on construira les plus vastes basiliques ?

Pauvre Pierre, il n’a pas compris que Jésus ne recherche pas cet honneur que le monde veut. Pour Jésus l’honneur ne réside pas dans le fait de rester debout, droit, devant les siens ; son honneur se trouve dans le fait d’aimer jusqu’à la fin, de s’agenouiller jusqu’à leurs pieds.
Le monde recherche les premières places et les courbettes. Et si quelqu’un dérange, alors on l’élimine ou on le fait taire. Ce récit nous apprend le contraire : à tellement honorer les autres, à tellement les mettre au centre qu’on leur lave les pieds. C’est un commandement nouveau qu’on ne trouve pas dans le monde : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Un commandement à l’opposé de nos habitudes de pensée et de nos conformismes sociaux. C’est que ce commandement vient directement de Dieu et Dieu est le premier à le mettre en pratique.
Par ce geste, Jésus nous enseigne comment vivre et par où commencer à vivre. La vraie vie ne consiste pas à rester debout, droits, froids, intraitables dans notre honneur. La vraie vie en Dieu consiste à nous agenouiller vers nos frères et sœurs, en commençant par les plus faibles et démunis. C’est un chemin qui vient du ciel. Personne n’aurait pu imaginer que Dieu s’abaisse à ce point pour répondre à notre besoin d’amitié et d’affection.
L’eucharistie que Jésus institue durant ce repas où Jésus lave les pieds est vraiment un sacrement où se révèle la compassion de Dieu. C’est le sacrement de l’amour d’un Dieu qui s’abaisse jusqu’aux pieds de ses amis. Et tous sont ses amis, y compris celui qui est sur le point de le trahir. Aux yeux de Jésus, personne n’est un ennemi ; pour lui, tous sont l’objet de sa compassion.

 

Une icône de la miséricorde

Nous avons à contempler longuement cette icône de la miséricorde de Dieu. Même si nous n’avons pas d’icônes dans nos lieux de culte, même si, dans certaines Eglises on ne fait plus le geste du lavement des pieds, nous avons à accueillir cette immense compassion de Jésus qui se penche vers nous.
Peut-être pour contempler ce geste de Jésus et nous en imprégner, nous suffit-il d’entrer dans un hôpital ou dans une maison pour personnes âgées. Ce geste de Jésus y est chaque jour répété des centaines de fois.
Mais faire ce geste n’est pas le devoir de quelques uns. Laver les pieds n’est pas seulement un geste, mais c’est tout un style de vie. De quel mode de vie s’agit-il ? De celui qui est attentif aux autres, car il sait que le chemin de l’union avec Dieu passe à travers la communion avec ses frères et sœurs.

L’unité: testament de Jésus 
Ce geste de Jésus commence la partie de l’Evangile de Jean qu’on appelle le discours d’adieux. Jésus le finira en parlant d’unité. C’est son testament, ce qui lui tient le plus à cœur.
Or en commençant son discours d’adieu par ce geste extraordinaire, Jésus donne la tonalité à tout son discours. Quand il parle de son commandement nouveau d’amour réciproque, de la vie dans l’Esprit et de l’unité à vivre dans la communauté, il faut avoir à l’esprit, à l’arrière plan, ce geste du lavement des pieds.
C’est ce geste qui nous donne de comprendre toutes les paroles de Jésus dans ce discours d’adieu. Ce geste d’abaissement annonce sa croix, où Jésus s’abaisse encore plus, puisqu’il se laisse clouer, lui qui est Dieu et qui aurait pu, d’un mot, appeler une armée d’anges à son secours.
Le but du christianisme c’est une unité sans borne, une fraternité universelle. Et le secret pour y parvenir, c’est de chercher notre honneur en s’agenouiller devant les autres, à l’image de Jésus devant ses disciples. Une femme remarquable, Chiara Lubich, l’a exprimé ainsi :
« Mais quel christianisme avions-nous vécu auparavant si nous étions passés les uns à côté des autres avec indifférence, sinon mépris, alors que notre destinée était de nous fondre dans l’unité demandée par le Christ ?
Que tous soient un…Il nous semblait que par ces mots Jésus lançait une corde vers le ciel et nous reliait, nous les membres dispersés, en unité avec le Père – à travers Lui – et en unité entre nous. Le corps mystique se révélait à nous dans toute sa réalité, sa vérité et sa beauté. »
Préférer la recherche de l’unité à tout le reste : voici un chemin de vie ! Que le Seigneur nous le révèle en trouvant notre honneur à nous laver les pieds les uns les autres !


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