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Vivre à partir du centre – Habiter la solitude

Durant les cinq célébrations « Parole et musique », nous aimerions vous proposer une démarche originale autour de la personne de Nicolas de Flue et de l’évangile de Marc. Aujourd’hui les énormes moyens de communication risquent de fragmenter notre vie. La pandémie avec le confinement et le repli sur soi qu’elle implique accentuent cela.

Une question se pose : comment vivre à partir du centre de notre personnalité en luttant contre cette fragmentation.

 Ecouter la musique jouée durant cette célébration : Max Bruch, Trio opus 83

C’est là que la méditation de l’Évangile ainsi que l’exemple de frère Nicolas peuvent nous inspirer.

Le symbole de cet homme remarquable était la roue. Il vivait à partir du centre : il était un homme centré.  Quel est le centre de notre vie ?

Un fil rouge à deux brins : Marc et Nicolas

Nous nous laisserons conduire par un fil rouge à deux brins : la personne de Nicolas de Flue qui a incarné cette vie vécue à partir du centre et quelques textes de l’Évangile de Marc, en lien avec la vie de Nicolas.

Père de famille, agriculteur, soldat, homme engagé dans la vie sociale de politique de son temps, Nicolas de Flue a reçu un singulier appel de Dieu.

Saint Nicolas de FluesAlors qu’il se rendait en Alsace pour chercher Dieu plus profondément en compagnie d’une communauté laïque, les « amis de Dieu » (« Gottesfreunde »), il est arrêté à Liestal, près de Bâle par un homme qui lui parle de la part de Dieu : C’est chez lui et non ailleurs qu’il fera la volonté de Dieu : « Dieu ne peut pas te vouloir à son service ailleurs qu’au milieu des tiens ».

De retour à Flueli, en Suisse centrale, avec l’accord de son épouse Dorothée (« Don de Dieu ») et de ses grands enfants, sans lesquels il n’aurait pu répondre à sa vocation, il quitte sa famille pour vivre en ermite dans le Ranft, à quelques jets de pierre de la maison familiale, où il meurt en 1487, à l’âge de 70 ans.

Rapidement, sa sagesse et sa vie unique étonnent les suisses. Beaucoup viennent au Ranft chercher conseil. C’est grâce à sa médiation que les cantons ont pu se réconcilier alors qu’ils étaient sur le point de prendre les armes, en 1481.

 

1. Vivre à partir du centre pour habiter la solitude – Marc 1,32-39

Dans la période actuelle marquée par de grands questionnements, comment habiter les temps de solitude qui sont beaucoup plus fréquents ?

Vivre à partir du centre et unifier sa vie, c’est d’abord accueillir la solitude pour chercher la communion avec Dieu.

Les évangiles nous montrent Jésus se levant de nuit pour rencontrer Dieu son Père. Être présent à Dieu, aux autres, à soi-même n’est pas possible sans ces moments d’intimité dans la méditation de la Parole et la prière. Ces moments où l’on abandonne tout et fait le vide en soi pour entrer dans la maison de notre Père. Où l’on fait taire toute sollicitation du monde et de ses moyens de communication. Où l’on est seul devant le Seul.

 

Solitude de Nicolas

Nicolas avait le goût de la prière. Lui aussi se levait de nuit. Un de ses fils raconte : « La nuit quand je me réveillais, j’entendais que mon père s’était relevé : il se tenait près du fourneau et priait ».

Sa vocation de tout quitter pour rencontrer Dieu rappelle les grands pèlerins de la Bible « étrangers et voyageurs sur cette terre » (Hébreux 12). Cependant il a mis comme condition sine qua non pour tout abandonner le consentement de sa femme et de ses grands enfants, ainsi que la bénédiction d’un prêtre.

 

Écoutons l’Évangile !

32 Le soir venu, après le coucher du soleil, les gens amenèrent à Jésus tous les malades et ceux qui étaient possédés par des démons.
33 La ville entière se pressait à la porte de la maison.
34 Jésus guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies et il chassa aussi beaucoup de démons. Il ne laissait pas parler les démons, parce qu’eux savaient qui il était.

35 Le lendemain, Jésus se leva bien avant l’aube et sortit de la maison. Il s’en alla dans un lieu désert et là, il se mit à prier.
36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche ;
37 quand ils le trouvèrent, ils lui dirent : « Tout le monde te cherche. »
38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, pour que là-bas aussi, je proclame la bonne nouvelle ; car c’est pour cela que je suis venu. »
39 Et il parcourut toute la Galilée ; il proclamait la bonne nouvelle dans leurs synagogues et il chassait les démons.

 

Structure du texte

Notre texte se situe après l’appel des premiers disciples et deux miracles.

Il a deux parties qui peuvent se résumer en deux mots : agitation et solitude

  1. 32-34 : agitation des foules qui viennent à Jésus pour être guéries
  2. 35-39 : solitude, prière et mission d’annonce de l’Évangile et de guérison.

 

2e Lecture personnelle du texte

Je vous invite maintenant à une deuxième lecture du texte où chacun relit et souligne ce qui le touche.

 

Bref commentaire

a) 32-34 : Agitation des foules :

Des malades et démoniaques lui sont amenés : l’homme a non seulement besoin d’être guéri dans son corps, mais aussi délivré dans son âme.   

Jésus est venu apporter un salut intégral : la réconciliation de l’homme avec Dieu, avec son prochain, avec lui-même. Et les guérisons sont des « signes » du Royaume de Dieu. Elles anticipent la résurrection de la chair promise à la fin des temps.

Comme au temps de Jésus, les gens cherchent la guérison de leurs maux, par toutes sortes de moyens.

Aujourd’hui, le défi pour l’Église est d’accueillir un énorme besoin de guérison de la part de nos contemporains, en priant pour eux. Mais aussi d’évangéliser ce désir en les tournant vers le Christ.

 

b) 35-39 : solitude, prière et mission

« Dans un lieu désert » : après l’agitation des foules, le contraste est grand. Jésus est seul, tôt le matin et il prie. Dans l’Évangile, il prend sans cesse du recul pour ne pas se laisser submerger par la marée humaine (6,46 ; 14,35-39).

C’est dans ces moments qu’il vit à partir du centre, qu’il se rapproche du moyeu de la roue, pour ensuite rayonner partout.

Ce n’est qu’en étant centré qu’il pourra exercer son ministère envers tous, dans toute la Galilée, qui symbolise la mission envers tous.

 

Conclusion et introduction dans le silence

Ces quelques versets disent le secret de toute fécondité apostolique : pour partager l’Évangile annoncé avec une Parole d’autorité et attesté par des signes, Jésus cherche avant tout le dialogue avec le Père. « Quand tu pries, entre dans ta chambre, là où ton Père te voit dans le secret » (Mat 6).

Je vous invite maintenant à un temps de silence, introduit par un morceau de piano. Il sera suivi d’un temps de partage : les personnes qui désireraient prendre la parole pourront le faire au moyen d’un micro baladeur.

J’aimerais vous laisser deux questions pour votre méditation

  • Quel est le centre de la roue de ma vie ?
  • Comment faire de ma chambre un ermitage, un « Ranft», un lieu d’accueil de la Parole, de guérison de mes blessures, de libération de mes angoisses et d’envoi vers mes Galilées ?

 

Prière d’envoi

Pour chercher Dieu davantage,
frère Nicolas a demandé aux siens
– à son épouse Dorothée et à ses grands fils –
de le laisser prendre le chemin d’une plus grande solitude.
Seigneur, apprends-moi à ne pas craindre le silence de ma chambre,
les temps creux de ma journée,
les vides de ma pensée,
l’anxiété de me retrouver seul,
la peur de ne savoir que te dire ni que faire.
Car c’est là, dans la solitude, que tu aimes à parler à nos cœurs.

Aide-moi à tendre l’oreille
et à m’ouvrir à ta présence. Car ta voix est douce
et ton amour plus fort que la mort.
Amen.

(Prière tirée du livret : Au milieu du monde. Avec Frère Nicolas, imiter le Christ dans l’Evangile de Marc. Ecole de la Parole, 2017, p. 13)


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