shabbat et craetion

Le shabbat, souvenir de la création

Se souvenir que le Seigneur s’est reposé le 7e jour de la création et se reposer soi-même est le premier sens du sabbat. Le repos n’est seulement de l’homme, mais aussi pour les animaux. Le sabbat protège la liberté de chacun. Aucun travailleur n’a le droit d’être exploité.

Rappelons le texte fondateur:

« Souviens-toi du shabbat, pour en faire un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour, c’est un shabbat pour le SEIGNEUR, ton Dieu : tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni les immigrés qui sont dans tes villes. Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le shabbat et en a fait un jour sacré. » (Exode 20,8-11)

 

Un rappel fort de notre condition de créature

Le shabbat est d’abord un rappel de la création. Il a fait le ciel, la terre et tout ce qui s’y trouve en six jours et c’est reposé le septième. « C’est pourquoi le Seigneur a béni le shabbat », selon le récit de la Genèse qu’il ne faut, bien sûr, pas comprendre de manière littérale.

Et au sommet de sa création, il y a l’homme et la femme créés à son image.

Le shabbat nous rappelle avant tout que nous sommes les créatures d’un Dieu qui nous a fait par amour.

« Homme et femme, il les créa », dit le récit des origines (Gen 1,26). C’est une vérité fondamentale de notre foi chrétienne que nous partageons avec la foi juive. L’union dans la distinction entre l’homme et la femme, voulue par un Dieu qui est lui-même communion d’amour, est une révélation centrale.

Le shabbat le redit de manière forte aujourd’hui, où se perd ce sens de l’ordre de la création.

 

La culture et le culte

Le travail constitue l’homme dans sa dignité. Le mot hébreu pour travail est « service ». Littéralement, le texte dit « durant six jours tu serviras ». Les rabbins disaient que Dieu fait confiance à l’homme durant six jours, le septième l’homme fait confiance à Dieu.

Il y a un lien entre le shabbat et double commandement d’amour : le jour du shabbat l’accent est mis sur l’amour envers Dieu, durant les six autres jours, l’accent est mis sur l’amour envers le prochain qu’il faut servir par son travail.

Pendant six jours la priorité est mise sur l’horizontal, la culture de la terre ; au septième jour, la priorité est donnée au vertical, au culte du Seigneur.

 

Prendre soin de nos relations

Le shabbat est aussi un temps où l’on prend soin de nos relations. Dieu que l’on rencontre dans sa Parole et dans le rassemblement, on le rencontre aussi dans nos frères et sœurs.

A commencer par « les plus petits de nos frères » (Mat 25,40). Le commandement parle en effet de nos enfants – « tes fils et tes filles » – à qui les parents doivent donner du temps et de l’attention ce jour-là.

Notez le langage inclusif utilisé par ce commandement ! Il faut donner autant d’attention aux filles qu’aux garçons !

Ce langage inclusif apparaît aussi avec l’exigence de donner du repos aux « serviteurs et servantes ».

 

Protéger les travailleurs

Cette première loi de protection du travailleur est tout à fait révolutionnaire. Les autres cultures ne connaissaient pas la semaine de sept jours, avec un jour chômé. Les travailleurs étaient corvéables à merci. Rappelons que dans l’empire romain, c’est grâce à l’influence judéo-chrétienne que l’empereur Constantin a adopté, le 7 mars 321, le dimanche comme jour chômé dans une semaine de sept jours. Cela a été une révolution sociale.  

Cette loi du shabbat est aujourd’hui en péril dans une société où l’économie veut tout dévorer. Bon signe…et même clin d’œil : le dimanche 7 mars de cette année, soit 1700 ans après la décision de Constantin, le canton de Berne a refusé l’ouverture des commerces, durant quatre dimanches de l’année.  

 

Protéger l’étranger

« Les immigrés qui sont dans tes villes », avant d’être les autres dont il faudrait se distancier, par peur de la différence, sont créés à l’image de Dieu. Ils sont le prochain à aimer comme soi-même. Le Christ nous attend en eux, dit Jésus dans la grande parabole du jugement dernier (Mat 25). Eux aussi ont droit au repos et lorsque nous les rencontrons dans l’esprit du shabbat, joie et paix nous sont promises.

De même le bétail a besoin aussi de repos, sur lequel je reviendrai lors de la prochaine rencontre.

 

Le shabbat et le jeûne

Une question pourrait se poser : peut-on étendre le shabbat au jeûne. Notre corps est-il aussi appelé à se reposer ? Est-ce que le shabbat implique aussi que nous ayons à nourrir notre corps pendant six jours et à le laisser reposer un septième jour ?

Avant de répondre à cette question, il faut souligner que le shabbat, dans la tradition juive, n’est jamais un jour de jeûne. C’est un jour de joie et de paix, de communion et de compagnonnage (où l’on mange le pain à la même table).

De même durant le temps de carême de l’Église orthodoxe, le samedi (jour du shabbat) et le dimanche (jour de la résurrection du Christ) sont considérés comme jours de fête incompatibles avec un jeûne. Si on s’abstient de viande, on prend de l’huile et du vin, qui sont symboles de joie. En effet selon le Psaume « le vin réjouit le coeur de l’homme, et fait plus que l’huile resplendir son visage » (104,15).

Toutefois le judaïsme connait des jours de jeûne durant la semaine. Le pharisien de la parabole se vante de jeûner deux fois par semaine (Luc 18,12). Dans l’Église orthodoxe, tous les mercredis et vendredis sont jours de jeûne en souvenir de la Passion du Christ.

Aujourd’hui on pourrait considérer que le jeûne intermittent que de plus en plus de personnes pratiquent une fois par semaine, est comme un « shabbat du corps ».  

 

Prière

Souverain de l’univers, père de miséricorde et du pardon, accorde-nous de commencer en paix les jours de travail qui s’approchent : libres de tout péché et de toute infidélité ; purifiés de toute iniquité, méchanceté et malveillance ; appliqués à l’étude de ta Parole (Torah) et attentifs à accomplir le bien.

Que la semaine qui vient nous apporte que des nouvelles joyeuses et heureuses. Que le cœur de personne ne soit envieux de nous. Et que nous ne soyons envieux de personne.

Notre roi, notre Dieu, Père de miséricorde, bénis et enrichis le travail de nos mains. Père qui aimes et Seigneur qui pardonnes, ouvre-nous, durant cette semaine et les semaines à venir, les portes de la lumière et de la bénédiction, de la rédemption du salut, de l’aide céleste et de la joie, de la sainteté et de la paix, de l’étude de la Parole (Torah) et de la prière.

Fais que s’accomplissent pour nous ces paroles de l’Écriture : « Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du porteur de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte le bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion : Que Dieu règne ! »

(Havdalah, prière de conclusion du Shabbat)

 

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