Viens – Reviens! Le Cantique des Cantiques

Le Cantique des Cantiques, ce « plus beau de tous les chants » est d’abord un poème d’amour entre un homme et une femme. Mais dès la plus haute antiquité, on l’a interprété comme une allégorie des relations entre Dieu et Israël, puis entre le Christ et l’Eglise. Ou encore entre Dieu et l’âme.  

« Mon Bien-aimé arrive…et il me dit « Viens ». Et la Bien-aimée dit à son Bien-aimé : « Reviens » ! (Cant. 3,8ss).

Ce jeu du « Viens » et du « reviens », on le trouve aussi dans la relation entre Dieu et nous.

Les derniers mots de la Bible dans le livre de l’Apocalypse (22,17) sont : « L’Esprit et l’Epouse disent « Viens » ! « Viens Seigneur Jésus ».

Nous aussi nous disons « Viens, Esprit saint, Esprit créateur ». « Viens, Seigneur Jésus ».

Mais le premier à nous dire cela, c’est l’Esprit saint, c’est le Christ.

« Venez et vous verrez », dit Jésus à ses premiers disciples. (Jn 1)

L’Esprit et l’épouse disent « Viens ». (Apoc. 22)

C’est l’Esprit qui met dans nos cœurs ce soupir, cette aspiration en faisant monter dans nos profondeurs : « Viens ».

Parce qu’il nous dit « Viens », nous pouvons aussi l’invoquer : « Viens Esprit saint ».

Cette invocation, l’homme et la femme se la sont dites aux origines, et se la redisent chaque jour : « Viens » – « Reviens ».

Ils sont faits pour la rencontre l’un avec l’autre, parce que Dieu a mis en eux ce qui le constitue lui-même : la relation vive.

Le mystère de la Trinité nous rappelle que Dieu est rencontre, Dieu est relations. Il est communion d’amour entre le Père et le Fils dans la tendresse de l’Esprit saint.

En nous créant à son image, comme le dit le récit des origines, il a inondé notre cœur de ce besoin de vivre des relations vraies entre nous.

Tout ce qui touche les relations entre l’homme et la femme, touche aussi notre relation avec Dieu. C’est pourquoi la manière de concevoir les relations entre l’homme et la femme est une question tellement sensible dans l’Eglise et dans la société. Les débats actuels en témoignent. Elles peuvent conduire à chanter le plus beau cantique, mais aussi à crier la plus profonde douleur.

Jésus est venu nous révéler que Dieu nous dit « Viens » !

« Viens », cet appel, le Père le dit au Fils, depuis toujours. Et le Fils y répond en se donnant à lui, parce qu’il se reçoit entièrement de lui.

L’Evangile de Jean nous le révèle, dès ses premières lignes : « Au commencement était la Parole, et la Parole était tournée vers Dieu. Et la Parole est Dieu ».

Le Fils se tourne vers le Père, qui l’appelle. Il répond à son appel : « Viens ».

Il se tourne vers lui en faisant sa volonté, en vivant sa Parole

Comme le montre l’icône de la Trinité d’A. Roublev, le Fils (au milieu) est tourné vers le Père. L’Esprit se tourne vers nous : il nous appelle à venir, à nous tourner aussi vers le Père, dans le Fils et à sa suite. Il nous appelle à faire la volonté du Père, à vivre sa Parole.

« Tout ce que le Père possède est aussi à moi. C’est pourquoi j’ai dit que l’Esprit recevra de ce qui est à moi et vous l’annoncera ». (Jn 16,15)

Vivre dans l’Esprit c’est se tourner en Christ vers le Père pour faire sa volonté. Le signe que l’Esprit saint m’anime est quand je décide de faire non ma volonté mais la sienne.

Les premières paroles que Jésus dit dans l’Évangile de Jean sont justement « Venez et vous verrez ». Plus tard, il dira : « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et chargés…et je vous donnerai du repos ».

Où nous invite-t-il ? Dans quel jardin ou quelle maison nous appelle-t-il à entrer en disant « Venez ».

Il nous appelle à quitter la maison de la peur pour entrer dans celle de l’amour.

A sortir du jardin du repliement sur soi, pour entrer dans celui de la relation vive.

Ces relations qu’il a vécues durant plus de 30 ans dans la pauvre et simple maison de Nazareth, de manière cachée, humble et persévérante, il désire maintenant les ouvrir à tous ceux qu’il rencontre sur son chemin et à travers eux à toutes les familles de la terre.

Il y a quelques années, j’ai vécu un pèlerinage en Terre sainte avec mes enfants et petits-enfants. Nous avons commencé par quatre jours à Nazareth, dans une maison mise à notre disposition. C’était beau de chercher à vivre cette « spiritualité de Nazareth » dans cette ville qui a vu Jésus grandir. Il me semble que l’unité a grandi entre nous durant ces jours bénis.

Faire de chaque maison, une maison de la fraternité.  Faire de chaque jardin aride une vigne en fleurs.

La vocation de l’Église est de vivre ces relations vives de la fraternité et d’appeler tous à en goûter les fruits : « Venez et vous verrez » !

A entrer dans la maison de la fraternité pour que nos cœurs se tournent vers le Père et soient unis en Lui.

Parfois, nous vivons des retours de l’hiver ou des hivers précoces. Or la bonne nouvelle du Cantique des Cantiques est que l’hiver n’est pas pour toujours.  « Allons, dit le Bien-aimé, ma tendre amie, ma belle, viens. L’hiver est passé, la pluie a cessé… »

L’hiver, dans le Cantique des cantiques symbolise l’éloignement de Dieu, l’absence de communion avec lui. Seule la bien-aimée vit en hiver. Cela provoque une grande souffrance chez elle.

Or voici que l’hiver de la souffrance et de l’éloignement est définitivement terminé. 

Le Bien-aimé vient la délivrer. Notre temps est celui de la visite du Christ, notre Bien-aimé toujours avec nous. Celui qui est venu, vient maintenant et reviendra pour mettre fin à tout hiver.

Cependant la condition pour éprouver l’amour de Dieu est de lui ouvrir la porte. De se tourner vers lui.

« Viens » – « Ouvre-moi ta porte ! » dit à plusieurs reprises le Bien-aimé. « Me voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui… », dit en écho Jésus, notre divin époux, qui a éprouvé la morsure de tous les hivers du monde.  

Pour vaincre tout hiver, en nous et en dehors de nous, écoutons la voix de Jésus, notre Bien-aimé qui nous dit « Viens » !

Ecoutons la voix de l’Esprit qui dit aussi « Viens ».

Ecoutons la voix du Père, qui dit au Fils de toute éternité « Viens ». Et à travers le Fils à nous tous : « Venez à moi ! »

Cette voix nous promet qu’aucun hiver n’est éternel, que personne ne doit s’enfermer ni enfermer l’autre dans un hiver. Car la joie suit toujours la peine. Oui, que notre cœur s’éveille à sa voix, forte et pleine de tendresse !

Et avec toute l’épouse du Christ, disons-lui avec confiance : « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt » !

Esprit saint, tu viens dans notre monde et tu tournes nos cœurs vers Dieu,

comme le cœur du Fils est tourné constamment vers le Père.

Tu fais naître en nous la prière et la confiance, le vouloir et le faire,

la nostalgie de la beauté, la recherche de la vérité, le désir de la bonté.

 

Tu viens visiter nos profondeurs pour accomplir ton œuvre de pardon,

d’apaisement de nos passions et de restauration.

Tu nous donnes ta joie qui unit le Père au Fils

et tu allumes en nous ton amour flamboyant.

 

En ce moment de silence, nous t’invoquons :

Viens en nous, visite notre jardin aride !

Ouvre-nous à la tendresse du Père !

Brûle en nous ce qui n’est pas digne du Christ !

Refraîchis-nous par ton souffle bienfaisant !


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