Venir à Dieu pour qui il est

Quel est le contexte de ce dimanche du Jeûne fédéral ?

Crainte d’une énième vague du coronavirus alors qu’il fait moins chaud ? Inquiétude que la guerre en Ukraine se prolonge et s’étende à d’autres pays ? Questionnement sur la crise énergétique et climatique : aurons-nous froid cet hiver ? Est-ce qu’une gigantesque crise économique se prépare à l’horizon ?

Et tant d’autres questions que les médias ne manquent pas de communiquer sous tous les angles, entretenant ainsi une peur diffuse.

Or à quoi nous invite cette journée du Jeûne fédéral ?

En Suisse allemande, l’accent n’est pas mis sur le jeûne, mais sur la prière : « Dank, Buss und Bettag » !

Nous sommes invités à l’action de grâce, à la repentance et à la prière.

En un mot, à revenir à Dieu en le mettant au centre !

L’appel du Christ à venir à lui était au cœur d’une soirée, vendredi dernier avec la pasteure Hetty Overeem, venue animer une rencontre dans notre église du Mont sur Lausanne.

Elle s’est basée sur ce texte où Jésus dit :

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Matthieu 11,28-30).

J’aimerais ce matin développer trois moments de ce grand texte

  – L’appel à venir à lui

  – Reconnaître que nous sommes « fatigués et chargés »

  – L’appel à se mettre à son école.

 

1. Venez à moi !

Jésus est le seul à avoir le droit de dire « Venez à moi ». Il est le seul à qui nous permettons de nous « séduire ». Le mot séduction signifie littéralement « conduire vers soi » (se-ducere).

Quand Jésus nous dit de le mettre en premier, il nous rappelle le premier commandement d’aimer le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre pensée et de toutes nos forces.

Il nous invite aussi à vivre la première partie du Notre Père, toute centrée sur Dieu : la sanctification du nom de Dieu, la venue de son règne et sa volonté à vivre.  La prière, c’est d’abord se focaliser sur lui, ensuite sur nos besoins, mentionnés dans la deuxième partie du Notre Père : le pain de chaque jour, le pardon, la vigilance par rapport au mal.

Pour nous centrer sur Dieu, Hetty nous a invités à prendre 20 minutes de silence, en deux temps.

Le premier temps a été de nous arrêter pour nous placer devant Dieu. Pas d’abord pour qu’il fasse des choses pour nous, nous parle ou nous inspire, mais pour qui il est réalité. Il désire avant tout d’être aimé pour qui il est.

Nous nous sommes mis alors simplement devant lui, sans autre désir que de l’aimer.

Puis nous avons pris un deuxième temps de silence de 10 minutes pour demander à Dieu quelles sont les fausses images que nous avons de lui.

Après quoi nous avons eu un temps de partage et avons poursuivi par un temps de prière, conclu par le Notre Père.

Ce fut un très beau moment qui a surpris tous ceux qui y ont participé.

Cette démarche m’a rappelé les retraites que nous avons eues à la communauté de Saint Loup, au moment de la création du « Rassemblement pour un renouveau réformé » (R3), en 2015.

Nous étions sur le point de le créer quand la même Hetty a reçu un « stop » d’en haut nous appelant à nous arrêter et à prendre davantage de temps d’écoute !

Nous avons reçu cette inspiration et décidé de prendre deux temps de retraite à trois mois d’intervalle. Au cœur de ces retraites, une heure de silence absolu vécu ensemble, suivie d’un temps de partage.

Cela a été une expérience forte ! Avec le recul, je suis très reconnaissant que ce mouvement de renouveau spirituel ait été fondé à la suite de ces temps si intenses d’écoute et de prière.

Cet appel à nous arrêter se trouve au début du prologue du « Manifeste bleu », le texte le plus important du R3 publié à ce jour :

 

« Un appel qui nous brûle »

« Arrêtez-vous … et connaissez que je suis Dieu ! » (Psaume 46/11)         

L’appel qui nous brûle, c’est la voix de Jésus-Christ qui encourage son Église alors qu’elle s’épuise sous de nombreux fardeaux. Et voici ce qu’il nous semble entendre :

« Arrêtez-vous ! C’est urgent !

Priez, jeûnez et revenez à Moi, dit le Seigneur. »

« Venez à moi », dit Jésus-Christ. Nous comprenons ainsi cet appel :

Arrêtez vos œuvres trop souvent autonomes, dans lesquelles vous vous passez de moi ! Arrêtez ce remplissage qui vous épuise, déposez ce fardeau trop lourd ! Créez de l’espace : il deviendra une place pour me recevoir ! Alors vous trouverez le vrai repos.

Prenez mon joug ! Travaillez non plus pour moi, mais avec moi, à mes côtés, en vous joignant à ce que je suis en train de faire ! Et pour savoir ce que je fais, prenez du temps pour entendre ce que l’Esprit de vérité veut vous apprendre ! Il vous permettra de travailler selon mes priorités. Je ne veux pas des « il faut » sans fin qui remplacent mon Esprit.

Je fais, et alors vous ferez avec moi ! Là est le Royaume de Dieu. Tout le reste vous sera donné en plus ».

 

Revenons à Dieu… pour qui il est !

C’est ce qu’Hetty Overeem et le mouvement « Évangile en chemin » proposent pour ce dimanche du Jeûne, de 14h à 17h à la cathédrale de Lausanne.

« Offrir du temps juste pour notre Dieu, le Dieu de Jésus-Christ, pour être dans sa présence sans forcément lui demander ou faire quelque chose ».

Nous serons en communion silencieuse. Il est possible de rejoindre et de quitter le groupe de prière à n’importe quel moment. Et finalement, de 17h à 18h, un temps de prières et de chants libres. https://evangile-en-chemin.ch/

 

2. « Fatigués et chargés »

Jésus appelle ceux qui sont « fatigués et chargés » à venir à lui.

« Fatigués », nous le sommes quand notre santé chancelle ou quand nous traversons une épreuve, ou encore quand nous ne comprenons plus le sens des événement de ce monde ou de ceux qui nous arrivent. La fatigue n’a pas de signification morale. Elle fait simplement partie de notre condition humaine.

Le mot « chargés », en revanche, a un sens moral. C’est le poids de notre conscience qui nous dit que nos paroles ou notre comportement n’honorent pas Dieu. Notre conscience peut être blessée par nos erreurs ou nos transgressions de la loi d’amour.

C’est alors que nous avons à dire et à redire ce petit mot de la prière : « pardon ». Il se trouve au cœur du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».

C’est ce que nous avons fait au début de ce culte lors de cette longue prière rédigée spécialement pour ce dimanche du Jeûne fédéral (à lire ci-dessous). Ce jour est en effet aussi un jour où l’on réapprend à dire « pardon » avec humilité. Comme le dit Dieu à Salomon après sa prière faite au moment de la consécration du premier temple de Jérusalem :

« Si mon peuple, sur lequel mon nom est invoqué, s’humilie, prie, cherche ma face et se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je pardonnerai son péché et je guérirai son pays. » (2 Chroniques 7,14)

 

« Metanoïa »

Ce texte est très intéressant pour nous faire comprendre les étapes que nous avons à franchir. Tout ce processus a un nom en grec, « metanoïa ». Un mot difficile à traduire qui implique trois étapes :

  • 1e étape : entrer en soi-même, ou comme le dit le texte « s’humilier », c’est-à-dire demander pardon à Dieu.
  • 2e étape : se tourner vers Dieu : « prier et chercher sa face»
  • 3e étape : « Se détourner de ses mauvaises voies».

Entrer en soi-même – se tourner vers Dieu – se détourner de ses mauvaises voies, voici les trois étapes essentielles de la vie spirituelle qui est la « metanoïa » !

Le résultat est que nous sommes rétablis dans la communion avec Dieu : « je pardonnerai son péché et je guérirai son pays ».

Jésus nous appelle à venir à lui. Et venir à lui, c’est avant tout vivre la « metanoïa en vue du pardon des péchés ». (Luc 24,47).

« Comme beaucoup de pasteurs ou d’évangélistes, j’ai surtout appelé les gens à la foi ; je leur ai surtout parlé de l’amour de Dieu, tel qu’il s’est manifesté en Christ, pour les inviter à mettre leur confiance en lui…Mais, avec le recul, je me rends compte que la foi sans metanoïa, c’est insuffisant…

La metanoïa, ce n’est pas seulement me repentir pour ce que j’ai fait de mal ; c’est aussi me distancer de ce que j’ai cru ou pensé de faux ; c’est encore me démarquer de toutes mes idoles plus ou moins conscientes. », écrit le pasteur Gérard Pella.

La « metanoïa », c’est aussi cette « tristesse selon Dieu » qui provoque un changement intérieur qui nous conduit à changer nos relations avec autrui, comme le dit Paul. Car après avoir dit « pardon » à Dieu, nous avons à dire ce petit mot de la prière aussi à notre prochain. Avoir le courage de s’excuser et de renouer des relations qui étaient troublées. (2 Corinthiens 7,10-11). La réconciliation avec Dieu conduit à la réconciliation avec le prochain.

Enfin, n’allons pas croire que la metanoïa ne serait nécessaire qu’au début de notre vie chrétienne ! C’est quasiment chaque jour que nous en avons besoin. C’est pourquoi c’est une très bonne chose de réciter régulièrement le Notre Père, puisque l’appel au pardon y est central ! La vie chrétienne est un chemin sur lequel on avance à genoux. Nous sommes « toujours à la fois justes, pécheurs et pénitents », comme le dit la célèbre formule de Martin Luther. (« Simul semper justus, peccator et penitens »)

 

3. « A mon école »

Après avoir nous avoir appelé à lui les « fatigués et chargés », Jésus nous invite à « prendre son joug » et à nous « mettre à son école ».

« Prendre son joug » fait référence au joug de la Torah, la loi donnée par Dieu : ses commandements sont source de vie pour ceux qui les prennent au sérieux et les pratiquent (cf Psaume 119). Avec Jésus, ce « joug est doux et son fardeau léger », car il le porte avec nous : il est avec nous, au milieu de nous et même en nous pour nous donner d’accomplir sa loi d’amour.

Et quelle est son « école » ?

Jésus n’est pas un maître qui accumule les devoirs pour ses élèves et les blâme s’ils ont une mauvaise note. Il est « doux et humble de cœur ». Sa méthode, c’est « learning by doing » : il nous enseigne par l’exemple.

En fait, tout ce que Jésus nous donne comme devoirs à accomplir, il les vit et les met en pratique.

Et finalement, il résume tous ses commandements en un seul, celui de l’amour réciproque : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». (Jean 13,34)

En somme, Jésus nous appelle à adopter son style de vie.

Venir à Jésus signifie recevoir la communion avec lui par la metanoïa / le pardon, puis marcher avec lui dans son style de vie.

« Marcher humblement » avec lui (Michée 6,8), telle est alors notre vocation quotidienne. Les sens de la vie chrétienne est de marcher ensemble avec lui au milieu de nous. Cette marche n’est pas solitaire. Car si nous voulons qu’il soit au milieu de nous, selon sa promesse (Mat 18,21), nous avons à être au moins deux.

Prions-le donc qu’il mette sur notre chemin un ou plusieurs compagnons de route si nous n’en avons pas encore ou qu’il élargisse notre fraternité en lui si nous les avons déjà !

Ne tardons pas à répondre à son invitation ! Venons à lui avec nos fatigues et nos lourdeurs ! Ouvrons-lui nos cœurs pour qu’il nous décharge par son pardon. Mettons-nous à l’école de son commandement nouveau et avançons en partageant son style de vie !

Remettons chaque jour l’ouvrage sur le métier et ne nous décourageons pas ! Chemin faisant nous recevrons le repos pour nos âmes et sa paix qui dépasse tout ce que nous pouvons comprendre.

Et si nous venions à perdre cette paix, ne tardons pas ! Mettons-nous tout de suite à genoux pour lui redire ce mot que Jésus nous a enseigné sa vie durant…jusque sur sa croix : « Père, pardonne » !

 

Deux prières pour le Jeûne fédéral

Confession des fautes

Ensemble, nous confions nos peines à Dieu, nous nous présentons humblement devant lui et nous lui demandons pardon.

Quand nous, humains, vivons ensemble, quand nous travaillons ensemble et nous engageons ensemble : il nous arrive de faire des erreurs.

Ensemble nous voulons confesser nos fautes. Il est bon de confier à Dieu nos fautes et nos échecs. Son pardon nous aide à nous laisser transformer ; son pardon nous aide à envisager l’avenir avec courage et avec une espérance renouvelée.

Seigneur, nous te prions de nous pardonner car nous t’oublions parfois ; pardon de ne pas chercher ta volonté, mais notre propre volonté – dans les domaines politique, économique et social et tant d’autres.

Pardon d’utiliser nos richesses à notre propre avantage, au lieu de t’exprimer notre reconnaissance en les partageant avec d’autres, en particulier avec ceux qui manquent de tout, qui sont seuls, accablés, ou malades.

Seigneur, tu nous demande que nous aimions et acceptions les étrangers qui habitent au milieu de nous.

Nous te prions de nous pardonner lorsque nous rejetons les étrangers qui vivent au milieu de nous et quand nous ne leur donnons pas suffisamment d’espace ;

Seigneur, tu crées la vie et tu nous appelles à prendre soin de la vie.

Nous te prions de nous pardonner pour nos décisions qui portent atteinte aux personnes faibles et démunies.

Seigneur, tu nous demandes de nous aimer les uns les autres, et de vivre dans l’unité en tant que Corps de Christ – afin que le monde croie que toi, Père céleste, tu as envoyé
ton Fils Jésus-Christ.

Pardonne-nous de n’avoir pas cherché cette unité en ton Fils Jésus-Christ et de nous détourner des chrétiens de confession différente de la nôtre ;

Pardonne-nous d’oublier que nous formons ensemble ton peuple, dont tu es la tête ; de ne pas vraiment chercher à nous comprendre les uns les autres et de ne pas chercher à découvrir la manière dont tu agis par les uns et les autres.

Prenons un temps de silence et ouvrons nos cœurs à l’Esprit saint : qu’il nous visite et purifie nos cœurs !

Silence

 

Annonce du pardon

Ainsi parle le Seigneur : J’ai pardonné ta faute et ta culpabilité. Elles ont disparu comme la brume face au soleil.

Comme le ciel est élevé au-dessus de la terre, telle est la puissance de sa grâce envers ceux qui Le craignent.

Réjouissez-vous, vous à qui le Seigneur ne reproche plus ni faute, ni culpabilité, et dont la conscience est déchargée

 

Prière d’intercession

Intercédons ensemble pour notre pays, pour ses habitants et pour tous ceux qui y assument des responsabilités dans la politique, l’économie, la formation, et dans les communautés religieuses

  • Pour des relations vivantes et respectueuses, dans les couples et dans les familles, Seigneur nous te prions !
  • Pour les entreprises qui, dans le contexte économique actuel, sont confrontées à un grand défi : demandons à Dieu que les petites et moyennes entreprises puissent être maintenues
  • Pour que les Églises tissent des liens entre les dénominations, les gens et les cultures, et trouvent des chemins pour intéresser nos contemporains à Jésus-Christ et à sa Bonne Nouvelle libératrice ; Seigneur que les chrétiens soient unis afin que le monde croie !
  • Pour que nous ayons le courage d’apporter l’Évangile de Jésus- Christ et d’en démontrer les effets dans tous les domaines de notre vie, afin que les gens soient encouragés et stimulés par notre espérance vivante placée en Dieu ;
  • Pour que celles et ceux qui assument des responsabilités dans tous les domaines de la société soient à la place où Dieu les veut, renouvelés et créatifs, tout en faisant preuve d’humanité ;
  • Pour que les autorités reçoivent toute la sagesse nécessaire pour décider, diriger et agir selon la justice ;
  • Pour toutes les personnes qui, au niveau communal, cantonal et fédéral, s’engagent pour notre pays et relèvent les défis politiques ;
  • Pour une coopération constructive des partis politiques et une communication entre eux empreinte d’estime mutuelle, afin qu’ensemble ils trouvent des solutions et des compromis utiles pour notre pays ;
  • Pour le corps de police et la protection personnelle de ses agents dans l’exercice de leurs fonctions ;
  • Pour les acteurs dans les médias : Qu’ils soient consciencieux et fassent preuve de tact dans la recherche et la transmission d’informations, malgré la pression que représentent pour eux le taux d’écoute ou le nombre de lecteurs à atteindre ;
  • Pour les enseignants et les éducateurs : Qu’ils puissent accomplir leur tâche exigeante avec joie, créativité et beaucoup d’amour ;
  • Pour nous, citoyennes et citoyens de la Suisse : Que nous puissions, dans tous les domaines de notre vie, démontrer que nous appliquons les valeurs bibliques mentionnées dans le préambule de notre Constitution fédérale ;
  • Pour nous en tant que chrétiens et chrétiennes, membres de Paroisses et d’Églises en Suisse : que nous nous tournions les uns vers les autres, avec le désir de nous comprendre et de rechercher l’unité en Christ;
  • Pour des rencontres fructueuses entre chrétiens et pour des relations respectueuses avec des personnes de toute confession et de toute religion

Toutes ces choses, et bien d’autres encore, nous te les demandons au nom de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a appris à te dire :

Notre Père qui est aux cieux…

Adaptation des prières proposées sur ce site : https://www.jeune-federal.ch/liturgie-et-sujets-de-priere  


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