Progresser sans cesse

La première lettre aux Thessaloniciens est le plus ancien écrit chrétien qui décrit la vie et les préoccupations des premiers chrétiens. Ceux-ci sont juifs et non juifs et vivent ensemble.

Certains se posent des questions concernant la vie après la mort. Paul annonce la résurrection du Christ, son retour et notre union a lui après la mort.

Ce n’est pas un hasard que ce texte fait partie des lectures du premier dimanche de l’Avent où notre regard se dirige vers le retour du Christ. Les premiers chrétiens l’attendaient de manière imminente.  

 

1 Thessaloniciens 3,11-4,3  

« Que notre Dieu et Père lui-même, et notre Seigneur Jésus, aplanissent notre chemin jusqu’à vous ! Que le Seigneur fasse grandir et abonder votre amour les uns pour les autres et pour tous, à l’exemple de celui que nous avons pour vous ! Qu’il affermisse votre cœur, pour qu’il soit irréprochable dans la sainteté devant notre Dieu et Père, à l’avènement de notre Seigneur Jésus, avec tous ses saints ! Amen ! »

« Au reste, frères, nous vous le demandons et nous vous y encourageons dans le Seigneur Jésus : vous avez appris de nous comment vous devez vous comporter pour plaire à Dieu; c’est bien ce que vous faites, mais progressez encore. Vous savez en effet quelles injonctions nous vous avons données par le Seigneur Jésus. La volonté de Dieu, c’est votre consécration : abstenez-vous de l’inconduite sexuelle.

 

Structure du passage

La prière de Paul : 3,11-13

Elle a trois parties :

  1. Elle demande au Père et au Fils de conduire Paul et les siens
  2. Elle demande que l’amour grandisse parmi les Thessaloniciens
  3. Elle demande la sanctification des Thessaloniciens

Exhortation de Paul à ses lecteurs : 4,1-3

  1. Progresser dans l’accomplissement de la volonté de Dieu
  2. Se rappeler des instructions données par Paul
  3. Dieu veut notre sanctification, en particulier dans les relations entre les genres.

 

Lectio divina sur ce passage

V. 11. « Que notre Dieu et Père lui-même, et notre Seigneur Jésus, aplanissent notre chemin jusqu’à vous ! »

Au verset 10, Paul exprimait son désir ardent de revoir les Thessaloniciens. Il dit maintenant ce désir dans la prière. Il a confiance que Dieu le conduira à nouveau vers eux… ce qui sera le cas quelques années plus tard : après son ministère à Ephese, il visitera en effet à nouveau la Macédoine.

Dire notre désir devant Dieu, voici une dimension de la prière. Est-ce que j’ose exprimer mon désir ? Pour Ignace de Loyola s’exercer à déposer nos désirs devant Dieu est le commencement de la prière. C’est un exercice spirituel continuel !

Cette retraite pourrait être l’occasion de le faire ou de le recommencer.

Prenons le temps d’identifier notre désir et de le dire au Christ et au Père, comme Paul s’adressait aux deux.

Et ce désir n’est pas centré sur nous-mêmes, mais c’est le désir de communion avec les frères.

Le Christ, notre frère, nous conduit vers le Père, qu’il nous conduise aussi vers nos frères et soeurs !

  • Quels sont les frères avec lesquels je désire être proche.
  • Quelles sont les peurs, les blessures qui font obstacle ?
  • V. 12.  Que le Seigneur fasse grandir et abonder votre amour les uns pour les autres et pour tous, à l’exemple de celui que nous avons pour vous!

Ce verset est au cœur d’une spiritualité de communion. La communion est fragile, sans cesse menacée. Elle doit s’améliorer et s’élargir. Au début de sa lettre Paul reconnaît que ses lecteurs savent aimer. Mais cet amour doit grandir sans cesse. C’est le grand thème de la sanctification progressive que Paul reprendra deux versets plus bas (4,1)

Et puis cet amour ne peut se limiter à quelques-uns. Il commence, certes, par les proches de la communauté de Thessalonique mais s’étend aussi à tous. Et ce « tous » ne se limite pas seulement aux chrétiens, mais c’est devant tous les hommes que nous avons à faire le bien, comme Paul le dit ailleurs (Rom 12,7). Sans cesse nous avons à nous demander qui n’est pas encore autour de la table de la communion.

  • S’améliorer : que signifie pour moi ce verbe si important dans la spiritualité de Paul
  • V. 13. « Qu’il affermisse votre cœur »

La prière qui demande un affermissement du cœur est fondamentale. Fortifier le coeur est la prière de chaque jour, aussi nécessaire que le pain quotidien qui fortifie le corps. Le coeur dans les Écritures est le point de concentration de la personnalité.

David parlait ainsi dans le psaume 51 : « crée en moi un coeur pur, renouvelle et fortifie mon esprit » (v. 12). La tradition juive considère ce psaume comme le plus beau car le croyant veut vivre devant Dieu avec les profondeurs du cœur.

Notre cœur doit être « irréprochable dans la sainteté », pas seulement nos actions extérieures. Paul rejoint l’insistance de Jésus sur le coeur qui critiquait l’hypocrisie :  « Vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs » (Luc 16,15)

La perspective du retour imminent du Christ – avec le jugement qui y est associé – est un fort motif de sanctification.

Le Christ viendra avec les saints. S’agit-il des élus (parmi lesquels les fidèles juifs de l’ancienne alliance) ou des anges (dans l’AT, les anges sont appelés « saints » ; Job 5,1) ? Ou bien la deux à la fois ?

  • Le premier dimanche de l’Avent nous oriente vers la seconde venue du Christ. Quelle place la méditation sur la « parousie » a-t-elle dans ma vie spirituelle ? Est-elle un motif pour « m’améliorer » ?

 

4,1 Progressez encore !

Ici commence la partie parénétique de la lettre où Paul communique des exhortations concrètes. L’Évangile reçu doit se traduire en vie communautaire. Le comprend-on aujourd’hui où l’individualisme règne ?

En fait Paul ne leur demande qu’une seule chose, pour laquelle il vient d’ailleurs de prier : progresser dans le Seigneur Jésus.

Jésus est le chemin et les lecteurs connaissent déjà son tracé.

Paul exhorte en effet « dans le Seigneur Jésus » (v. 1) : ce n’est pas une sagesse humaine quelconque, mais elle est inspirée du style de vie et des paroles de Jésus que l’Esprit saint vivifie dans le cœur des croyants et au milieu d’eux.

 

4,2. Puis, Paul dit qu’il a reçu ces instructions « par le Seigneur Jésus ».

Comment comprendre ces mots ? Est-ce que Paul fait référence aux paroles de Jésus dans les évangiles ? Sans doute circulaient-elles dans la communauté de Thessalonique dans toutes leur richesse ?

Ces paroles sont vivantes et vivifiantes car la conviction de la première Église était que, par sa résurrection, Jésus est à jamais vivant et présent au milieu des siens. Jésus, l’Emmanuel, les redit lui-même à la communauté. Elles ont autorité

 

V. 3 « Ce que Dieu veut est votre sanctification ».

La sanctification est l’action de se sanctifier. On traduit aussi par consécration, c’est à dire de vivre de plus en plus non pour nous-mêmes mais pour Dieu et pour Jésus qui nous a aimés et s’est donné pour nous. En l’aimant et en nous donnant à lui, à notre tour. Et en lui, en nous donnant les uns aux autres.

Paul commence par dire ce que signifie cette sanctification dans le domaine de la sexualité, c’est à dire du rapport fondamental entre les hommes et les femmes, du respect dû au corps humain.

 

« Que vous vous absteniez de l’immoralité sexuelle »

Voilà ce qu’il annonce à la fin du v. 3 pour développer ce thème jusqu’au v. 8

Le mot traduit par « inconduite sexuelle » (porneia) désigne chez Paul toute les relations sexuelles hors mariage. C’est également le cas dans le judaïsme de l’époque. Quand Paul énumère les vices des païens, l’immoralité sexuelle vient toujours en premier.

Or, pour Paul, la sanctification appelle à rompre de manière radicale avec les mœurs ambiantes. Si le monde entre dans l’Église, celle-ci se divise.

  • Comment est-ce que j’accueille cette dimension radicale de la vie chrétienne que Paul souligne ?  
  • Je peux en faire un sujet de méditation et de prière. Qu’est-ce que le Christ veut me dire aujourd’hui à travers le silence en écho à sa Parole durant cette Lectio divina ?

Après avoir exhorté ses lecteurs à sanctifier les relations entre hommes et femmes, Paul les appelle à progresser dans les autres domaines essentiels de leur vie : le travail, les loisirs et toutes les relations sociales.

Tout doit être marqué du sceau de l’amour fraternel inspiré par l’exemple de Jésus et de Paul et de ses compagnons qui l’illustrent concrètement. (4,9-12)

Martin Hoegger

La Pelouse sur Bex, 27 novembre 2021


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