Arcabas lavement des pieds

Quatre jours qui ont transformé le monde

Voici une méditation sur les quatre jours qui constituent, pour les chrétiens, l’axe de l’histoire. Les quatre jours de la passion, de la crucifixion, de l’ensevelissement et de la résurrection de Jésus. 

Chaque année la communauté de Saint Loup choisit un verset comme parole de vie de l’année. Il servira de fil rouge pour ces quatre jours qui ont transformé le monde.

« Avec Christ je suis crucifié, dit l’apôtre Paul. Et il ajoute, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Galates 2,20)

 

Jeudi saint : avec Christ

Jésus nous appelle à vivre avec lui tout ce qu’il a donné dans cette soirée à jamais gravée dans la mémoire.

Durant un repas il rassemble autour de lui les siens en qui nous pouvons nous reconnaître. Désormais lorsque nous répétons ses gestes avec le pain et la coupe, il est avec nous pour nous nourrir, nous libérer et nous unir. Nous voulons aussi être avec lui à chaque eucharistie. Que rien ne nous sépare de lui et les uns des autres. Que la situation de confinement actuel stimule notre créativité pour rester en lien !

Durant ce repas, il prend un linge et lave les pieds de ses disciples, nous appelant à nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimés. La mesure de son amour est d’être sans mesure : il nous a aimés à l’extrême, à tel point que si nous manquons d’amour nous pouvons toujours puiser dans le sien.

Dehors, levant les yeux vers le ciel, il dit « Père, l’heure est venue… ». Dans cette prière il nous entraîne avec lui pour diriger notre regard vers l’humanité entière appelée à entrer dans son Royaume de paix et de lumière. Avec lui, nous prions pour qu’il nous garde dans l’unité qu’il partage avec son Père… « afin que le monde croie ».

Puis, dans le jardin de Gethsémané, près du pressoir à huile, Jésus est pressé de toutes parts par le tentateur, mais il s’agenouille et dit à son Père : « Non pas ma volonté, mais la tienne » ! Il nous indique le chemin : marcher avec lui signifie aussi affronter la souffrance en invoquant l’Esprit de fidélité.

 

Vendredi saint : avec Christ je suis crucifié

Qui pourra décrire la profondeur des souffrances vécues durant les six heures que Jésus a vécues sur une croix ? Ses souffrances physiques : fouets, épines et clous. Morales : ironie, moquerie et mépris. Mais aussi spirituelles : le cruel sentiment d’abandon par Dieu qui l’a traversé en un éclair, alors que le soleil s’obscurcissait et la terre tremblait.

Tout cela il l’a vécu pour nous. Pour nous justifier, il a été considéré comme coupable. Pour nous réconcilier, son âme a été déchirée. Pour que nos nuits ne soient plus obscures, ses yeux ont connu les ténèbres.

Il vit tout l’Évangile et nous révèle la profondeur du lien d’amour qui l’unit à son Père, notre Père : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » ! Regardons à lui ! Vivons avec lui les sept paroles qu’il a prononcées sur la croix !

Avec lui, nous sommes crucifiés et par lui nous pouvons vivre ses paroles. Avec sa mère et le disciple qu’il aimait, il nous appelle à prendre soin les uns des autres.

 

Samedi saint : ce n’est plus moi qui vis

≈Les disciples et sa mère ont perdu Jésus. Celui pour qui ils ont engagé leur vie et tout quitté est dans un tombeau. Et dans ce tombeau sont aussi leur espérance, leur cœur et leur idéal. Leur vie a-t-elle encore un avenir ? Leur espérance se conjugue au passé. Leur cœur est blessé. Leur idéal bafoué. Ce ne sont plus eux qui vivent…mais les ombres d’eux-mêmes.

Dans ce tombeau nous pouvons aussi déposer nos blessures, nos échecs, nos transgressions. Nous pouvons lui demander de nous vider de nous-mêmes et de venir habiter nos vides. Afin que ce ne soit plus nous qui vivons, mais lui en nous.

 

Dimanche de Pâques : c’est Christ qui vit en moi

Car il est ressuscité pour venir vivre au milieu de nous et en nous. La résurrection n’est ni un symbole de renouveau, ni une résilience, mais une œuvre de Dieu. Alors que tout semblait fini et perdu, Dieu fait le premier pas. Son œuvre est de toujours ouvrir devant nous des chemins neufs. Alors que les disciples apeurés s’étaient barricadés, « Jésus se tient au milieu d’eux et leur dit : « la paix soit avec vous ».

Cette année, nous vivrons Pâques de manière semblable, confinés dans nos maisons par peur du Coronavirus ! Mais ayons foi que le Ressuscité nous rejoindra et soufflera sur nous l’Esprit qui donne paix, joie et pardon !

La vocation de l’Église est de faire vivre par la foi ces réalités en nous et parmi nous. La vie de Jésus en nous les produit ! Il nous appelle à les vivre au près et au loin.

Martin Hoegger

 

Une prière
 
Que n’as-tu pas vécu pour nous unir en toi,
toi le Vivant parmi nous qui donne l’Esprit
et nous envoie dans ce monde que tu aimes ?
 
Jeudi saint, tu as lavé les pieds de tes disciples
nous invitant aussi à prendre soin les uns les autres.
 
Tu nous as rassemblés autour de toi lors d’un repas
où tu désires à jamais te donner en nourriture.
 
Dehors tu as prié pour l’humanité en nous appelant
à entrer dans l’unité que tu partages avec ton Père.
 
A Gethsémané tu as fait sa volonté et non la tienne
traçant ainsi le chemin pour notre vie, pas à pas.
 
Vendredi saint, élevé sur une croix,
tu es descendu aux tréfonds de l’humanité
pour la libérer de tout enfermement
et la ramener de tout égarement.
 
C’est alors que tu perds tout pour tout nous donner.
Dans la personne de ta mère au pied de ta croix
et dans celle de ton disciple bien-aimé,
tu nous demandes de nous accueillir les uns les autres.
 
Depuis Pâques, tu fais toujours le premier pas.
Avec toi Jésus nous voulons vivre désormais
et crucifier en nous ce qui nous sépare de toi.
En toi Jésus, nous voulons nous donner au Père.
Au milieu de nous, Jésus, verse ton Esprit et unis-nous !

«Lire les autres textes de la retraite:  « Je vis, mais ce n’est plus moi ! » Retraite de Pâques 2020


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