famille de Jesus1

L’appel à suivre Jésus et la famille. Luc 9,51-62

Quel est le sens de ma vie et quelles sont mes priorités ?

Le passage de l’Évangile de ce dimanche répond à ces deux questions fondamentales de notre vie.

Jésus, nous est-il dit, se met en route vers Jérusalem. Avec détermination : « Il durcit son visage », nous dit littéralement le texte. « Son oui est oui. Son non est non ». Pas d’ambiguïté chez lui. Il vit tout ce qu’il dit !

Il se met en route pour Jérusalem, car il sait que dans la ville sainte s’accomplira son destin. Il sera rejeté, crucifié et ressuscitera trois jours après.

Mais Jérusalem n’est pas le but de la vie de Jésus.

Son but est de retourner auprès du Père, d’où il est venu. C’est comme le dit cet Évangile, « d’être enlevé au ciel ». En dans ce retour vers Dieu, il porte dans son cœur toute l’humanité réconciliée.

De même le but de notre vie est semblable : la fin de notre vie n’est pas notre mort, où tout s’anéantirait, comme le pensent les matérialistes, mais c’est la vie en Dieu, la communion avec le Père à travers Jésus-Christ.

Avec cette confiance nous pouvons affronter avec la même détermination que Jésus les petites morts quotidiennes en attendant la grande mort qui nous ouvre à la pleine communion avec le Père.

Ce chemin nous conduit vers la Jérusalem céleste, à travers les pertes et les épreuves de la Jérusalem terrestre.

Mais comment marcher sur ce chemin ?

Jésus donne dans ce passage deux attitudes fondamentales.

D’abord il nous invite à vivre la règle d’or.

Puis il nous invite à le mettre en premier. Avant toutes choses !

 

1. La règle d’or

Jésus venait de la donner dans son sermon sur la montagne. Elle appelle à faite à l’autre ce qu’on voudrait qu’il nous fasse, c’est à dire à de mettre à sa place en faisant le premier pas pour l’honorer et le servir. 

Cette maxime, dit Jésus résume tout ce que Dieu attend de l’homme : « c’est la loi et les prophètes ! »

Elle se concrétise particulièrement dans l’appel à aimer ses ennemis. Probablement le commandement le plus exigeant de Jésus. Commandement qu’il a vécu en pardonnant à ses ennemis du haut de La Croix ! 

Or voici que ses disciples n’ont pas intégré cet enseignement fondamental de Jésus. 

Confrontés au refus d’un village samaritain de les recevoir, ses disciples veulent invoquer le feu du ciel pour détruire leur ennemi héréditaire ! 

Jésus réagit immédiatement en les reprenant avec sévérité.

Ce genre d’attitude est incompatible avec les valeurs du Royaume de Dieu. On ne peut marcher à la fois marcher avec lui et souhaiter du mal à son prochain !

Et pour faire entrer dans leur esprit et leur cœur son enseignement sur l’amour de l’ennemi, Jésus leur raconte, peu après, la parabole du Bon Samaritain, où l’on voit l’ennemi prendre soin d’un juif !

Si on veut le suivre sur chemin vers le Père à travers la Jérusalem de la souffrance et de la résurrection nous avons à mettre avant l’amour réciproque et continuel exprimé par la Règle d’or.

Vivre cette Règle est donc la première attitude pour avancer avec Jésus vers le Père.

 

2. Le mettre en premier 

Le deuxième point du style de vie du disciple est de mettre Jésus en premier. Avant même les affections les plus précieuses (et légitimes) dans nos vies, à savoir les relations familiales !

Trois dialogues de Jésus nous le font comprendre dans ce passage. 

Je vous invite à vous attarder sur le troisième. 

À l’appel de Jésus de le suivre, un homme lui répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu ».

Dans son livre (Un rabbin parle avec Jésus. Cerf, Paris, 2008)) le rabbin juif américain Jacob Neusner imagine être l’un des auditeurs présents lorsque Jésus parlait aux foules.

Il explique pourquoi, malgré sa grande admiration pour Jésus, il n’aurait pas pu devenir son disciple.

L’une de ses raisons est l’attitude de Jésus vis-à-vis de la famille. A plusieurs reprises, dit-il, Jésus semble inviter à enfreindre le commandement : « Honore ton père et ta mère » !

Il demande de renoncer à aller enterrer son propre père. Ailleurs, il affirme que celui qui aime son père et sa mère plus que lui n’est pas digne de lui.

Il est vrai qu’ailleurs Jésus rappelle l’importance des liens familiaux : l’indissolubilité du mariage, le devoir d’assister son père et sa mère.

Il faut dire que cette objection n’est pas seulement celle d’un rabbin ou d’un juif, mais elle est profondément enracinée dans de nombreuses cultures et la nôtre aussi.

Souvent j’entends l’affirmation « pour moi, il n’y a rien de plus sacré que la famille. Elle passe avant tout ! » 

La famille avant l’appel de Dieu en Jésus Christ ! 

Mais allons plus loin pour mieux comprendre la radicalité de l’appel de Jésus !

Un jour il a répondu à des personnes qui lui disaient que sa famille le cherchait : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ?… Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mt 12, 49-50).

Jésus ne dévalorise pas la famille naturelle, mais annonce une nouvelle famille avec Dieu comme père est Dieu et où tous sont frères et sœurs, à travers la foi en lui.  

Avait-il le droit de le faire ? s’interroge le rabbin Neusner. Pour ce dernier, cette famille spirituelle existait déjà : c’était le peuple d’Israël uni par l’observance de la Torah, la Loi mosaïque. 

Il n’était permis à un fils de quitter la maison paternelle que pour étudier la Torah. Mais Jésus ne dit pas : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que la Torah, n’est pas digne de la Torah ». Il dit : «Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi». 

Il se met à la place de la Torah et seul quelqu’un qui est supérieur à la Torah et à Moïse qui l’a promulguée, peut faire cela.

Neusner conclut : « je réalise maintenant que seul Dieu peut exiger ce que Jésus exige » (p. 91). La discussion sur Jésus et les liens de nous ramène au cœur de l’identité de Jésus : « que dites-vous que je suis » ?

Si un chrétien ne croit pas que Jésus agit avec l’autorité même de Dieu et qu’il est lui-même Dieu, il y a davantage de cohérence dans la position de Neusner qui refuse de le suivre que dans la sienne.

Suivre l’enseignement de Jésus signifie aussi accepter sa personne.

Réciproquement, accepter sa divinité implique de le suivre dans son enseignement.

Toutefois il faut bien souligner que Jésus, en suscitant la « famille de Dieu » autour de lui, n’est pas seulement contre la famille naturelle, mais il la protège et la promeut.   

La famille est le premier lieu où vivre la règle d’or nous invitant à nous mettre à la place de l’autre et à faire le premier pas.

Elle est aussi le premier lieu où chacun cherche à être fidèle à Dieu en le mettant à la première place, à écouter sa voix et sa volonté. Elle est le premier lieu où la Parole de Dieu doit habiter avec toute sa richesse.

Une famille unie par de tels liens spirituels est solide et affrontera bien des tempêtes qui aujourd’hui ne manquent pas.

En résumé Jésus nous demande deux choses : nous mettre à la place de l’autre et mettre Dieu en premier !

Alors pour répondre à l’appel de Jésus à avancer avec lui, dans quelque lieu que ce soit, en famille ou en communauté, vivons la Règle d’or en nous mettant à la place de l’autre et mettons Jésus en premier !

 

Prière

Pour entrer dans le renouveau, tu nous appelles 

à ne pas nous conformer au monde présent, 

mais à être transformés par le renouvellement de notre intelligence, 

et à suivre ta Parole, toi-même, Jésus ! 

 

C’est pourquoi nous venons à toi dans un esprit de repentance. 

Nous nous humilions devant toi pour les chemins suivis sans toi. 

Nous avons été fascinés par les modes de pensées actuelles. 

Nous avons payé tribut aux idoles de notre temps. 

Sur la simplicité de ton Évangile, 

nous avons construit des superstructures rationnelles. 

La force de ton incarnation et de ta résurrection ont été neutralisées.

Ton Esprit saint ne peut pas souffler pour le renouveau de l’Église.

 

Nous crions à toi, Esprit saint !

Regarde l’état de ton Église !

Viens à nous avec ton vent qui ébranle, 

avec ton eau qui lave,

avec ton feu purifie, 

avec ton regard qui sourit,

avec ta Parole qui édifie, 

avec ta mission qui envoie ! 

 Ne vous conformez pas aux mœurs des nations » (Jérémie 10,2) 


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