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La persévérance dans la prière.

La persévérance dans la prière ? Plus nous avançons dans la vie chrétienne, plus nous nous rendons compte qu’elle ne va pas de soi. Nous avons pris des habitudes et le rythme de la vie moderne, ses distractions, ses nombreuses sollicitations et informations sont autant d’obstacles à la prière. Comment perséver dans la prière ?

 Je vous invite d’abord à redécouvrir l’enseignement de Jésus sur la prière continuelle, puis à voir comment les premiers chrétiens la mettaient en pratique. Il faut toujours retourner aux sources chaudes de l’Evangile et de la vie de la première Eglise. Puis, dans un deuxième temps, j’aimerais vous proposer quelques points pour avancer vers plus de persévérance dans la prière.

 

La prière persévérante dans le Nouveau Testament
S’il est une constante dans l’enseignement de Jésus sur la prière, c’est bien ses appels répétés à la prière persévérante :
• « Il leur disait une parabole pour montrer qu’il faut toujours prier sans se lasser… » Et il raconte l’histoire de cette veuve qui insiste jour et nuit auprès d’un juge pour que celui-ci lui rende justice. Puis il conclut : « Dieu ne ferait-il pas justice à ceux qu’il a choisis, alors qu’ils crient vers lui jour et nuit ? » (Luc 18)
• « Restez éveillés dans une prière de tous les instants », demande-t-il aux siens qui attendent son retour (Luc 21,36)
• « Priez pour pouvoir résister quand l’Esprit du mal vous tentera », dit-il aux disciples dans le jardin de Guetsémané (Luc 22,41).
Si à Guetsémané, les disciples n’ont pu rester en éveil, à cause de leur fatigue et de leur faiblesse, le livre des Actes des Apôtres montre qu’un effet de la venue de l’Esprit saint dans l’Eglise est de rendre possible cette prière continuelle :
• Les premiers disciples persévèrent dans la prière, chaque jour ils se réunissent dans le Temple pour prier et pour célébrer la cène dans leur maison (Ac. 2,42-46)
• Quand les apôtres sont en danger ou en prison, l’Eglise prie sans cesse pour eux (Ac. 12,5).
• Paul prie sans cesse pour les chrétiens qu’il connaît (Rom. 1,10 ; Col. 1,3 ; 1 Thess. 1,2 ; 2 Thess. 1,11 ; Phm 4).
• Paul exhorte les chrétiens à persévérer dans la prière (Rom. 12,12), en toute circonstance (Eph. 6,18). Comme Jésus le demandait à Guetsémané, il invite ses lecteurs : «Tenez-vous à la prière ; qu’elle vous garde sur le qui-vive dans l’action de grâce » (Col. 4,2). Le verset le plus court de la Bible se compose de deux mots : « Priez sans cesse » (1 Thess. 5,17).
Ces injonctions sur la prière continuelle et sur la vigilance ont inspirés les moines de tous le temps. Les premiers pères du désert cherchaient de toutes leurs forces à conjuguer prière et vigilance pour qu’aucune tentation ne vienne les surprendre.
Mais déjà dans l’Ancien Testament, le croyant était appelé à garder toutes les paroles de Dieu présentes à son cœur. Pour y parvenir, il devait les attacher à son bras, les inscrire sur les montants de ses portes (Dt. 6,4-8). Le Psaume 119, dans son ensemble, est une invocation à vivre constamment en présence de Dieu, en vivant sa Parole.

 

La prière persévérante aujourd’hui ?
« Prier sans cesse » ? Se pose tout de suite une question : ces paroles de Jésus et de Paul sont-elles faites aussi pour nous ? Sont-elles réservées à une élite ? J’entends dire souvent : « on ne peut pas toujours prier ».
Jésus peut-il nous demander quelque chose que nous ne serions pas en mesure de réaliser ? Comment comprendre cette invitation de notre Seigneur, qui nous connaît mieux que nous-mêmes ? Comment trouver une prière qui habite mon cœur, une prière qui me convienne et me donne de vivre en intimité avec Dieu ?
Déjà Grégoire Palamas, un moine grec du 14e siècle, écrivait : « Qu’on n’aille pas penser, frères chrétiens, que seuls les prêtres ou les moines ont le devoir de prier continuellement, et non les laïcs. Non, non. Tous les chrétiens ont en commun le devoir de se trouver toujours en prière ».
Comment rester éveillés et prier sans cesse ? Peut-être avons-nous été un jour attirés par la vie monastique ? Peut-être avons-nous essayé à le faire en nous barricadant de tout et de tous. Mais très vite nous sommes confrontés à une autre sorte de bruit : celui de notre moi !
Voici quelques propositions pour découvrir une prière continuelle, qui puisse habiter notre cœur. Ces suggestions peuvent nous aider à trouver une forme de prière qui convienne à notre tempérament, notre histoire, notre perception de la foi et de la liberté chrétienne. En un mot : une proposition qui corresponde à notre vocation la plus personnelle.

 

1. Celui qui aime prie avec persévérance
Quand on aime une personne absente, notre cœur veille en attendant son retour. Celui qui aime ne se laisse pas distraire. Veiller est le propre de l’amour et quand le cœur veille, il est aussi en prière.
La parabole des jeunes femmes sages et insensées nous le montre. L’huile qui alimente la lampe des femmes avisées représente l’amour de Dieu versé en elles par l’Esprit Saint. Parce qu’elles ont l’amour, leur cœur veille, reste en état de prière, qu’elles dorment ou non. Elles sont prêtes à accueillir l’époux qui va les surprendre.
Quand une mère veille au chevet de son enfant malade, elle est animée par l’amour. C’est l’amour qui la maintient vigilante, et, tant qu’il l’anime, rien ne vient troubler sa prière.
Celui qui aime Jésus fait tout en fonction de Lui. Il le rencontre dans les diverses manifestations de sa volonté, parfois surprenantes, pas seulement dans les moments mis à part durant la journée pour le prier. Pour celui qui l’aime, toute l’existence peut devenir prière continuelle, rencontre intérieure et silencieuse avec lui.
Pour prier sans cesse, il faut donc être dans l’amour : aimer Jésus dans chaque prochain que, dans sa providence, il placera à nos côtés.

 

2. La Parole vécue nous maintient dans la prière.
Jésus prend l’image de la vigne et des sarments, si familière à son peuple qui depuis des siècles cultive la vigne. Il sait bien que seul le sarment bien greffé au cep peut porter du fruit. Y a-t-il une image plus forte pour décrire le lien qui nous unit au Christ ? « Je suis le cep et vous êtes les sarments » (Jean 15,1)
Puis Jésus dit : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera » (Jn 15,7). En devenant un homme, le Fils s’est greffé, le premier dans notre humanité. Dans notre vie il prend aussi l’initiative. Il nous a aimés le premier, il nous vivifie par sa grâce en nous donnant de son Esprit, en nous baptisant. C’est lui qui suscite en nous la prière et la maintient.
Puis, il nous promet de demeurer en nous si nous vivons ses paroles. Vivre ses paroles est notre responsabilité. Si ses paroles sont en nous, non comme des pierres au fond d’un puits, mais comme des graines jetées en terre, elles porteront du fruit. Et le premier fruit de la parole vécue est la présence de Jésus en nous. Et comme Jésus prie toujours, nous serons alors dans une prière continuelle.
Ailleurs il dit : « Celui qui m’aime gardera mes paroles, mon Père l’aimera et nous viendrons faire notre demeure en lui » (Jn. 14,23). L’accent est mis sur la Parole à vivre, qui nous invite à rester dans l’amour. En effet dans l’Evangile de Jean en particulier, garder sa Parole équivaut quasiment à mettre en pratique le commandement nouveau de l’amour réciproque. Le fruit de la Parole vécue est la venue de la Trinité en nous. Et la Trinité est prière incessante, circulation de vie et d’amour.
Ainsi en gardant à l’esprit la Parole méditée et intériorisée dans les mille et unes circonstances de la vie quotidienne, nous pouvons demeurer dans un état de prière permanente.
Personnellement, chaque mois, je prends une nouvelle Parole de Jésus ou de la Bible que j’essaye de garder constamment à l’esprit et de vivre. Souvent aussi, me reviens la Parole que j’ai reçue à ma confirmation : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Toujours, je fais l’expérience, qu’en en faisant mémoire, je reste dans un état de prière.

 

3. Se souvenir de son baptême alimente en nous la prière
Par notre baptême, nous avons revêtus le Christ (Gal. 3,27), nous sommes greffés sur lui (Rom. 6,4), nous sommes morts et ressuscités avec lui (Col. 2,12), l’Esprit agit en nous (Eph. 4,5). Ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ en nous (Gal. 2,20). Nous devenons un membre vivant du corps du Christ. Jésus habite en nous et prie en nous.
Toute la journée devient alors une prière continuelle, si nous vivons dans l’Esprit du Christ, en faisant sa volonté, en aimant comme il aimé. Si Jésus vit en nous, nous ne pouvons qu’être dans un état de prière, car Jésus prie sans cesse son Père, lui qui est toujours tourné vers lui (Jean 1,1).
Si je me souviens de mon baptême et que je marche dans l’Esprit en faisant la volonté de Dieu, je suis en Dieu. Je ne fais pas seulement des prières, je deviens prière. Pas besoin donc de multiplier les prières, il suffit d’aimer la volonté de Dieu telle qu’elle se présente à moi à chaque instant.

 

4. Une aide concrète : « les perles du cœur »
perles.mainIl y a trois ans je cherchais un moyen pour perséverer dans la prière. Durant un séjour en Grèce, l’idée m’est venu de faire un petit bracelet avec des couleurs différentes.
Quel est l’objet que les jeunes (et sans doute également beaucoup d’adultes) touchent le plus aujourd’hui ? Leur téléphone portable ou « Smartphone » ! Je voudrais leur proposer un objet qu’ils peuvent toucher encore plus et qui servira à communiquer avec Dieu !
Dans l’Ancien Testament, des symboles servent à éveiller la mémoire. Une petite boîte est placée sur le front de celui qui prie (Deutéronome 6,4). Et, pour se souvenir des commandements, le juif met des liens autour de son bras. En agissant ainsi de manière très concrète, nos amis juifs n’oublient pas Dieu et sa Parole. Il faut éveiller la mémoire pour prier.
Ces perles, je les appelées « perles du cœur », car au centre il y a une perle en forme de cœur. Elle me rappelle qu’il faut prier avec le cœur. Autour du cœur il y a les perles vertes de l’écoute. Ecouter avec le cœur !
Puis les les perles blanches de la confiance dans l’amour de Dieu, notre Père. En les touchant, je prie le Père
Les perles rouges des blessures. Celles que Jésus a vécues pour nous sur la croix. En les caressant je me souviens de la croix de Jésus
Les perles jaunes de la lumière. La lumière de Jésus ressuscité. J’invoque Jésus ressuscité, présent au milieu de nous.
Les perles bleues du chemin. Le bleu c’est la couleur de l’espace. Or celui qui remplit tout et pénètre tout, c’est l’Esprit saint. Je le prie de me conduire sur mon chemin.
Avoir ce bracelet autour du bras me permet de me souvenir constamment que Dieu est le Père qui m’aime, le Fils qui est mort et ressuscité pour moi et l’Esprit saint qui habite dans mon cœur. Cela me permet de persévérer dans la prière.

 

5. La perspective de notre « heure » appelle en nous la prière.
Un jour Jésus reviendra, cela sera « la grande heure » de l’humanité. Mais chacun devra vivre une « petite heure », lorsque le Christ viendra pour lui personnellement, afin de le ramener dans le sein du Père. C’est dans cette perspective que Jésus nous appelle à rester éveillés dans une prière de tous les instants (Luc 21,36)
Le chemin du chrétien est un chemin de sanctification. Jusqu’à la fin de notre pèlerinage, nous cherchons à faire grandir notre amour dans sa dimension verticale – pour Dieu – comme dans sa dimension horizontale – pour le prochain.
Un jour viendra l’heure, notre heure, qui sera exclusivement consacrée au Père, où nous serons seul avec le Seul. Alors notre être ne sera que prière, il n’y aura plus d’obstacle entre lui et nous. Nous serons prière.
Pour nous préparer à ce moment, nous pouvons nous exercer déjà maintenant à prier constamment, comme le désire Jésus : « Restez éveillés et priez tout le temps » (Luc 21,36). La perspective de « notre heure » est un puissant stimulant à prier sans cesse, à « être prière », pas seulement à l’avoir.

 

Conclusion : s’encourager à la persévérer dans la prière
Sur le chemin de la vie chrétienne, nous ne sommes pas seuls. Nous avons besoin de nous rencontrer pour nous encourager les uns les autres.
Récemment j’ai participé à une rencontre internationale de chrétiens (Ensemble pour l’Europe) avec une quarantaine de mouvements et de communautés. Cela m’a redonné une nouvelle énergie. J’y ai rencontré des frères et des sœurs qui ont traversé de grandes épreuves et sont restés fidèles.
La persévérance est contagieuse. Celui qui la vit encourage les autres à aller jusqu’au bout.
Durant cette rencontre, une sœur a eu un malaise cardiaque et il n’a pas été possible de la réanimer. Elle est partie vers le Père au milieu de nous. Cela nous a rappelé combien la vie est fragile et brève.
Cela nous a recentrés sur l’essentiel : la communion avec le Christ vivant, la fidélité à sa Parole et la prière continuelle.
Nous n’avons qu’une vie et elle est brève. Tenons bon, jour après jour, affrontons chaque difficulté l’une après l’autre pour suivre le Christ ! Et avec son aide, persévérons dans la prière!

 

Seigneur, qui est, qui était et qui vient,
Nous venons à toi avec nos limites et nos fragilités :
Tu nous appelles à prendre garde à nous,
Mais nous nous dispersons en mille activités.
Tu nous appelles à veiller dans l’amour,
Mais nous nous laissons gagner par le ressentiment.
Tu nous appelles à prier en tout temps,
Mais nous nous replions sur nous-mêmes.

Dans le silence, nous voulons nous rendre transparents à toi
Visite maintenant nos cœurs !
Décharge-nous de nos lourdeurs !


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