Entrer dans une retraite spirituelle

De vendredi soir jusqu’à dimanche, j’animerai une retraite dans la communauté de Saint Loup. Voici quelques réflexions sur le sens d’une retraite spirituelle.
Quelle est la motivation principale de nos actions? Voici une question que nous pouvons nous poser au moment de commencer une retraite. Plusieurs réponses sont possibles; selon Augustin, nous sommes des personnes en quête de paix. « Tu nous a fait pour toi et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose en toi ». Notre vraie maison est celle du Père. Et notre vie entière cherche la paix de cette maison. Pour la trouver, nous sommes capables de tout: de choses sublimes, jusqu’à donner notre vie; comme des choses les destructrices, jusqu’à nous ôter notre vie et celle des autres.
Dans la Bible, nous découvrons que la paix n’est pas une idée, mais d’abord une personne: Dieu, le Christ qui nous offre la vraie paix : « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai le repos ». Jésus marche sur nos chemins et nous appelle à le suivre. On n’entre dans son repos qu’en mettant nos pas dans les siens. Il n’y a pas de paix en Lui, sans conversion du cœur à Lui.
Une retraite est un temps de conversion. Un temps où l’on se tourne vers Dieu, en espérant qu’il nous visite et nous donne sa paix, sa joie et nous renouvelle intérieurement. Un temps où nous essayons de vivre autrement que dans le quotidien habituel. Un temps où nous ôtons ce qui peut faire obstacle à l’expérience de la paix intérieure et extérieure. Pour cela, pour que l’ouverture au Christ, qui est paix, puisse se réaliser, une personne, un couple, une famille ou une communauté doivent non seulement prier, mais également jeûner.
Qu’entendre par ce verbe jeûner, alors que nous continuerons à nous alimenter? Le temps de jeûne est un temps où l’on vit un rythme différent. Nous pouvons vivre autrement durant ces trois jours. Par exemple, il y a le jeûne de l’information: nous pouvons nous passer de journaux, radio, médias sociaux…; le jeûne de la parole, puisqu’une partie de la cette retraite est silencieuse. Mais rappelons-nous avant tout que le « jeûne que Dieu préfère » est la foi active dans l’amour, le pardon et la réconciliation. De cette manière nous entrerons dans la paix promise par Dieu.
La retraite, un lieu où on vient déposer ses fardeaux devant le Christ.
Nous venons avec nos désirs, nos difficultés, nos transgressions et leurs conséquences. Au cours de la retraite, ces choses peuvent remonter à la surface. Mais dans la lumière de l’amour de Dieu, nous pouvons aussi faire l’expérience de la vérité des paroles de Jésus qui appelle les fatigués et les opprimés à venir à lui. Il est celui qui donne repos et fraîcheur à notre âme (Mt 11,28). Nos problèmes, préoccupations et angoisses sont le lieu où Jésus nous accueille tels que nous sommes et prend soin de nous. Il nous invite à recevoir sa grâce, à nous abandonner à lui.
Un pèlerinage à la rencontre du Christ.
La retraite est une sorte de pèlerinage, où nous marchons à notre rythme, chantons les psaumes, lisons et méditons la Bible, gravissons la montagne, nous arrêtons de temps en temps. Le but de ce pèlerinage est de « revenir à la maison du Seigneur« , pour le rencontrer et recevoir son pardon et sa paix, la tête parfumée d’huile (Psaume 23)
Nous rencontrons le Christ dans sa Parole, dans l’Eucharistie; mais son amour nous attend également dans le frère et la sœur, dans la beauté de la nature ainsi que dans la rencontre avec soi-même.
La retraite favorise la rencontre avec le Ressuscité au milieu de nous. On y vient pour rencontrer le Christ humble et discret. Seul l’esprit de pauvreté permet une rencontre avec une présence qui se donne dans l’humilité. On entre dans une retraite non pour parfaire des connaissances religieuses ou intellectuelles, mais pour renouveler notre intimité avec Jésus. C’est la Personne de Jésus qui vient se donner à nous, qui vient en contact avec nous. Dans la retraite nous découvrirons cette présence de Jésus dans notre vie où il veut être au centre de notre existence. Et nous accueillerons aussi sa volonté sur nos vies.
Le contenu d’une retraite
Dans la retraite, la vie de prière, les enseignements, la célébration de la sainte cène, l’accompagnement personnalisé, donnent des conditions essentielles pour un chemin de conversion et de guérison.
Une grande partie de la retraite consiste à approfondir un thème biblique. Quel est le but de l’enseignement? Renouveler la foi en éclairant la personne du Christ Sauveur. Dévoiler le visage du Père et sa miséricorde infinie sur le monde. Quand sa lumière est reçue, elle peut renouveler l’amour fraternel entre tous et éclairer le dessein d’amour de Dieu sur chaque personne.
Quel est le rôle de l’accompagnateur? Il peut aider à se situer en vérité devant le Christ. Dans la mesure où le retraitant s’ouvre à lui, il peut annoncer la tendresse et le pardon du Christ sur toute vie blessée. La réconciliation avec Dieu et avec les frères et sœurs permet ensuite de vivre la sainte cène en vérité.
Le silence
Le silence est important dans la retraite pour favoriser la prière, le recueillement et l’écoute de l’Esprit Saint. Pour cela, il est nécessaire de faire taire les voix qui sont en nous et de ne pas courir après les pensées inutiles.
Le silence est nécessaire pour l’amour, car aimer c’est écouter un être, c’est être attentif à une personne, c’est faire attention à un cœur pour l’entendre.
Le silence n’est pas seulement extérieur, mais aussi intérieur. Il faut veiller à ne pas laisser bavarder son âme. « Maintiens en tout le silence intérieur pour demeurer en Christ », dit la règle de Grandchamp. Le silence de l’âme n’est pas une écoute complaisante de soi, mais une écoute de l’Esprit Saint, cette voix subtile, qui désire se faire entendre. J’aime cette prière de Marthe Robin:
« Donne-moi, donne à tous de comprendre la grande valeur du silence dans lequel on entend Dieu ! Apprend-moi à me taire pour écouter la Sagesse Eternelle. Apprend-moi à tirer du silence tout ce qu’il renferme de grand, de saint, de surnaturel, de divin ; aide-moi à en faire une prière parfaite, une prière toute de foi, de confiance et d’amour, une prière vibrante, agissante, féconde, capable de glorifier Dieu et de sauver les âmes ! Ma vie vaudra ce que vaudra mon oraison. »
Martin Hoegger


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