GAM le Mont 2018 05

Accueillir l’étranger: une promesse.

Une soirée au groupe d’accueil des migrants, Mont sur LausannePour ce « dimanche des réfugiés » (17 juin 2018), je m’inspire des propositions de l’Entraide protestante basées sur les figures des deux Joseph de la Bible: le fils de Jacob (Genèse 39,1-6) et le père (adoptif) de Jésus (Matthieu 2,13-15). Ces deux Joseph sont accueillis dans le même pays: l’Egypte. 

Commençons par une petite expérience de rencontre! Chaque lundi soir des requérants d’asile sont accueillis pour un repas à la maison de paroisse du Mont sur Lausanne, par un groupe d’accueil.

Au début de cette année une classe du collège du Mont a participé à ces rencontres. Les élèves ont ensuite réfléchi sur la migration et réalisé des œuvres d’art pour exprimer ce qui les avait touchés.

Le mois dernier, migrants, jeunes et bénévoles du groupe d’accueil se sont retrouvés au collège pour un repas, puis une exposition à laquelle les parents des élèves ont été invités.

Ce fut une belle rencontre et le fruit de beaucoup d’engagements. Merci! C’est à travers de telles actions qu’on humanise notre société !

 Accueillir l’étranger, c’est d’abord le rencontrer.

« Tu aimeras l’étranger » dit la Bible dans tant de passages. Aimer, c’est d’abord accepter de rencontrer.

L’Egypte dans la Bible a une réputation tragique : l’oppression et l’esclavage que le peuple vit sous les pharaons…mais elle est aussi un pays d’accueil pour les deux Joseph. Elle est donc également un symbole positif, car des hommes et des femmes ont accepté de rencontrer des étrangers.

Accueillir, c’est reconnaître les dons de l’autre :
Les plus de vingt milles réfugiés huguenots venant de France en Suisse au 17e siècle ont apporté leur savoir faire : horlogerie, industrie de la soie, édition.

Joseph a apporté ses dons à Potiphar. Celui-ci les a reconnus et il l’a intégré à sa maison. Accueillir Joseph a été source de bénédiction pour Potiphar.

L’Ecriture nous dit sans cesse qu’accueillir l’étranger, c’est accueillir une bénédiction : « N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, on accueilli des anges » (Hébreux 13,2). Et Jésus lui s’identifie à lui en disant : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25)

Aujourd’hui un réfugié doit attendre en moyenne 17 ans avant de trouver une solution durable. C’est long, trop long ! Est-ce que nous nous privons pas de bénédictions en attendant si longtemps ?

Accueillir, c’est offrir un avenir et une espérance

Le nom de Joseph signifie : « Dieu fait accroître » : il signifie avenir et espérance.
La fuite de Joseph avec Jésus et Marie en Egypte a ouvert une parenthèse dans leur vie. Ils retourneront à Nazareth ensuite, après que les conditions politiques aient changé en Israël.

Nous ne savons pas ce qui s’est passé durant ce temps d’exil, mais cela a été déterminant pour la suite. Marie et Joseph se sont ouverts à un autre culture, auront vécu la condition de réfugiés : quelle influence cela a-t-il eu sur Jésus ?

Accueillir aujourd’hui un étranger, c’est aussi permettre qu’il puisse rebondir avant de retourner chez lui quand la situation politique aura changé. L’accueillir, dans l’espérance que ce séjour sera pour lui une parenthèse qui lui permettra de rebondir.

Le mot « paroisse » – par-oichia – signifie d’ailleurs « maison d’à côté » – ou maison où l’on accueille ceux qui sont de passage. Ce mot nous rappelle que nous sommes tous « étrangers et voyageurs » et que nous n’avons pas de « cité permanente ici-bas » (Lettre aux Hébreux)

N’opposons pas éthique de conviction et éthique de responsabilité !

L’éthique de conviction se nourrit de l’Ecriture qui dit « Tu aimeras l’étranger ». L’éthique de responsabilité est le niveau politique qui doit réfléchir à la grave question de l’intégration.

Aller à la rencontre des réfugiés dans l’esprit de l’Evangile donne une lumière nouvelle aussi sur les questions politiques. Les décisions peuvent être prises autrement, avec plus de pertinence et de profondeur.

Les chrétiens doivent dire aux politiques leurs convictions bibliques au sujet de l’accueil de l’étranger. Mais ils doivent aussi prier pour eux dans leurs grandes responsabilités.

Conclusion : Je vous invite prier pour deux choses :

– pour que le Seigneur éclaire les autorités dans leurs responsabilités politiques concernant l’intégration.

– pour que le Seigneur nous révèle toujours mieux ce que signifie « Tu aimeras l’étranger » et la promesse de bénédiction liée à son accueil.


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