le Greco Jesus a gethsemani

« Ne me cache pas ta face » !

Jésus n’a pas seulement prié le psaume 22 dans sa passion, mais tous les psaumes.

Nous pouvons donc lire chaque psaume en ayant à l’esprit ce que Jésus a vécu dans ses derniers moments, et en particulier sur sa croix. En ce jour de Vendredi saint, je vous invite à lire ainsi le Psaume 27 que nous approfondissons durant cette retraite, surtout l’exclamation : « C’est ta face, Seigneur que je cherche » ! (v. 8)

 

Un homme menacé

Ce psaume nous montre un homme menacé par de redoutables ennemis qui en veulent à sa vie.

« des malfaiteurs m’attaquent pour me déchirer » (v. 2)

« des ennemis m’entourent ». (v. 6)

Comment ne pas penser aux ennemis de Jésus qui en veulent à sa vie et qui finalement réussiront à le faire condamner ?

 

Dieu délivrera

Mais cet homme est convaincu que Dieu le délivrera. Cette certitude est le leitmotiv du Psaume. Le Seigneur est « sa lumière et son salut ».

Il doit donc prendre courage et espérer contre toute espérance, que Dieu interviendra. C’est pourquoi ce psaume se termine par un appel à l’espérance et à fortifier son cœur dans cette certitude que Dieu aura le dessus contre toute adversité.

 

« Je cherche ta face »

Cet homme ne demande qu’une seule chose : Habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de sa vie.

Sa préoccupation essentielle est de « rechercher la face de Dieu » (v. 8), de contempler sa douceur (v. 4).

Contempler la face de Dieu, comme l’ont fait Moïse et les anciens d’Israël (Ex 24,9) ou de nombreux prophètes.

Mais que veut dire « je cherche ta face » ?

Non pas rechercher le visage d’une idole comme on le faisait dans les autres religions.

C’est une expression pour dire qu’on désire vivre en permanence en présence de Dieu.

Il est un Dieu qu’on ne peut ni prouver, ni saisir, mais dont on peut éprouver la douceur et la bonté quand la délivrance succède au malheur.

Le mot hébreu pour « douceur » signifie à la fois la bonté, le charme, l’amabilité, la beauté. Appliqué à Dieu on peut le traduire par grâce ou faveur. Cet homme souhaite que la grâce de Dieu lui apparaisse dans toute sa splendeur.

En somme cet homme ne souhaite qu’une seule chose, demeurer auprès de Dieu, là est pour lui le seul absolu : Il « cherche d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » (cf Mt 6,33).

 

Dieu ne nous abandonne jamais !

Et puis cet homme affirme une grande conviction : Dieu n’abandonne pas ceux qui le recherchent de tout leur cœur.

Une conviction qui se retrouve dans de nombreux autres psaumes (9,11 ; 14,2). Oui, Dieu promet le rassasiement et le bonheur à ceux qui le cherchent (22,27).

Dieu n’abandonnera jamais son fidèle. Même si son père ou sa mère l’abandonneraient, Dieu jamais ! (v. 10).

Etre abandonné par ses propres parents serait le signe d’une extrême solitude. Mais le fidèle ne fera jamais cette expérience, car Dieu est là même dans le malheur le plus terrible.

Le prophète Esaïe reprend cette hypothèse pour affirmer que même si une femme pourrait oublier son fils (Es 49,14), le Seigneur n’oublierait pas et n’abandonnerait pas son peuple.

 

Jésus abandonné !

Jésus est habité par cette conviction : Dieu ne peut pas abandonner son fidèle.

Toute sa vie montre sa communion sans faille avec son Père. Dès le matin il le prie dans la solitude. De son cœur jaillit une louange continuelle et de sa bouche des paroles de vie éternelle.

Il est le Saint et le Juste de Dieu ; l’Innocent et l’Agneau de Dieu.

« Le Père et moi, nous somme un », dit-il sans cesse !

S’il y a une personne qui ne devait pas être abandonnée par Dieu, c’est bien lui.

Or voici que Jésus sur la croix éprouve, pour un moment l’abandon de la part du Père.

Il s’écrie en effet, citant la Parole du Psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ?

Cet abandon est un profond mystère, presque impensable.

Pourquoi traverse-t-il cette expérience douloureuse ?

Pourquoi le regard de celui qui n’a fait que chercher la face du Seigneur se voile-t-il ?

Pourquoi entre-t-il dans cette obscurité ?

Pourquoi Dieu lui a-t-il caché sa face ?

Comment est-il possible que le Fils éprouve au fond de son être, l’absence du Père ? 

Personne ne peut sonder en profondeur ce qui arrive à Jésus. Le mystère ne sera dévoilé, partiellement, que dans la résurrection de Jesus et, totalement, que dans la pleine lumière de notre face à face avec l’Eternel, après cette vie ici bas. 

Le Fils était parfait, toujours obéissant à sa mission. Il n’y a rien en lui qui justifie une telle traversée d’obscurité.

Pourtant, le juste se trouve à la place du condamné, le saint à la place du maudit, et le fidèle est privé de la récompense visible de sa fidélité.

Jésus est le seul à avoir été abandonné de la sorte. C’est vraiment le comble ! Son cri est une des énigmes les plus insondables.

Seule la foi qui se met à genoux et implore l’Esprit saint peut commencer à en saisir le sens.

Que Dieu nous révèle un peu aujourd’hui le sens de l’abandon de son Fils !

Qu’il nous donne de chercher la face de Celui qui l’a perdue par amour pour nous !

Jésus, par ton abandon,

apprends-moi à vivre à ta suite,

en tant que disciple de ta croix.

Apprends-moi comment choisir

de souffrir plutôt que de faire souffrir,

de mourir plutôt que de tuer,

d’accueillir plutôt que de repousser,

de discerner plutôt que de mépriser

de pardonner plutôt que de juger,

de donner plutôt que de recevoir,

de partager plutôt que de confisquer,

de réunir plutôt que de diviser,

de dire la vérité plutôt que de l’accommoder,

de renoncer plutôt que de m’agripper,

de simplifier mon style de vie plutôt que d’accumuler !

 

Alors tu viendras à moi dans la puissance de ta résurrection,

tu m’uniras à mes frères et sœurs

et avec eux je serai illuminé par ta clarté.

 

Tableau du Greco: Jésus à Guetsemané


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