Berna. Lepreux

Transformés pour devenir disciples. La guérison du lépreux. Marc 1,40-45

« Transformation », qu’évoque ce mot dans notre vie personnelle et communautaire ? En grec ce mot est « métamorphose ». On pense tout de suite à celle de la chenille en papillon. Notre vie est aussi une suite de transformations depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, avec des moments de crise, comme celle de l’adolescence.

La société également se transforme, en particulier les moyens de communication. L’Eglise aussi ! Comment ce récit de la rencontre entre le lépreux et Jésus nous fait-il entrer en profondeur dans la compréhension de cette transformation ?

 

La Parole de Jésus est transformatrice

Comment ce lépreux a-t-il eu le courage de s’approcher de Jésus ? En le faisant il transgressait la loi sociale qui l’obligeait à se tenir à distance. Il devait en effet crier à chaque personne qui l’approchait : « Impur, impur » ! (Lévitique 13,45s)

Quelle terrible exclusion sociale devait-il vivre ! Le lépreux était comme un mort. Découvrir la lèpre sur soi signifiait presqu’un enterrement. D’ailleurs les textes du Lévitique montrent que le rituel d’isolement du lépreux ressemble au rituel funéraire.

La condition d’un lépreux est désespérée. Pour les rabbins il est plus difficile de guérir un lépreux que de ressusciter un mort, car dans l’Ancien Testament il y a deux récits de guérisons d’un lépreux et trois récits de résurrection d’un mort.

C’est dans cette situation d’exclusion que le lépreux a entendu Jésus annoncer le Royaume de Dieu. En effet l’évangéliste nous dit, juste avant cette rencontre, que Jésus proclamait son message dans toute la Galilée.

Bien que le récit n’en dise rien, j’imagine que le lépreux a eu le cœur transpercé par une parole de Jésus. Sans doute en apprenant les nombreux malades qu’il a guéris, il a été mis en route.

Avant même sa rencontre personnelle avec Jésus, les paroles et les gestes du Sauveur l’ont travaillé. Une transformation commençait en lui.

C’est ainsi que Jésus, dans l’Esprit saint, continue à agir aujourd’hui : par les paroles et les gestes de ses disciples. En annonçant sa Parole et en témoignant par nos actes, nous avons confiance que le Ressuscité va transformer des vies.

Même si nous ne voyons pas immédiatement les résultats, ayons confiance que la semence qui a été jetée dans la bonne terre germera, grandira et portera des fruits !

Des personnes viennent ici à Saint Loup pour se jeter aux pieds de Jésus. Ne les jugeons pas, même si parfois leur comportement pourrait nous étonner !

Croyons qu’elles ont été mises en route par une Parole de Dieu !

Croyons que Dieu est en train de les travailler et de les transformer !

Tant de paraboles de Jésus nous parlent de la force transformatrice de sa parole.

Ayons donc foi en la force de cette parole !

 

La rencontre avec Jésus nous transforme personnellement

Et puis il y a le moment de la rencontre personnelle avec Jésus.

A l’évidence elle montre que ce lépreux a été touché. Il vient vers Jésus et se met à genoux et lui dit l’essentiel de ce qui habitait son cœur : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur ».

Ces quelques mots révèlent ce qu’est la foi : une confiance qui n’a pas besoin de beaucoup de mots. Une confiance du cœur qui s’exprime parfois par un seul mot.

Et Jésus ne tarde pas d’agir en réponse à ce cri du cœur. Sa réponse est aussi brève que le cri du lépreux. « Il dit : Je le veux, sois pur ! Aussitôt la lèpre le quitta ; il était pur ».

Oui, ayons confiance que Dieu répond à nos cris du cœur !

Il ne tarde pas car il est amour, compassion, tendresse. Il connaît nos souffrances et nos luttes. Il est « ému de compassion », comme nous dit l’évangéliste.

Il écoute nos prières quand elles viennent du fond d’un cœur repentant.

Personnellement, c’est après avoir été transpercé par une parole de Jésus dans l’Evangile que je me suis mis à genoux pour la première fois. Un seul mot est sorti de ma bouche : « pardon ». C’était plus fort que tout, car je m’étais rendu compte que j’avais blessé beaucoup de personnes.

Et que j’avais blessé Dieu présent en chacune, créée à l’image de Dieu.

Le lendemain il a répandu son amour dans mon cœur et a transformé mon regard sur lui. Alors que j’étais athée, sans Dieu, j’ai été persuadé en un clin d’œil de son existence. Dieu est, et il est amour !

Et puis mon regard sur les autres s’est aussi transformé : ce petit mot de six lettres, que j’ai dit dans ma chambre, je l’ai redit aux personnes que j’avais blessées.

Oui, la rencontre avec Jésus nous transforme !

Pour tous ceux qui la vivent, cette rencontre devient l’axe spirituel de leur vie. Elle peut être un chemin de Damas où, en un instant, nous sommes convertis. Comme elle peut être un chemin d’Emmaüs où Jésus se révèle peu à peu à nous en allumant dans nos cœurs une flamme qui devient de plus en plus forte.

Chemin de Damas ou chemin d’Emmaüs : ses voies pour nous rejoindre sont multiples. L’essentiel est de devenir son disciple et de le suivre. C’est ce à quoi le lépreux est appelé dans la suite du récit.

 

La rencontre avec Jésus transforme nos relations

La suite du récit est étonnante.

Pourquoi est-il dit que « Jésus s’emporta contre lui et le chassa aussitôt » en lui recommandant d’aller vers le grand prêtre et de ne rien dire à personne.

Pourquoi cette sévérité de Jésus à son égard ?

Cette sévérité, nous l’avons déjà vue dans le récit d’exorcisme qui précède. La lèpre comme la possession par le démon ont comme conséquences terribles l’isolement, la division et l’exclusion de la personne.

Or Jésus est venu pour nous réconcilier avec Dieu et nous réunir les uns avec les autres. Devant un possédé et un lépreux, il est devant la force de division de la mort. Le même mot est aussi utilisé lorsque Jésus est devant la tombe de son ami Lazare, où Jésus frémit de colère.

Jésus nous veut heureux et il est en colère contre tout ce qui provoque la rupture de l’homme avec Dieu, avec les autres et avec lui-même.

Il nous veut en communion et il est colère contre tout ce qui détruit la communion.

C’est pourquoi, après avoir guéri le lépreux, il lui demande solennellement d’aller trouver un prêtre.

Ce dernier avait, en ce temps, l’autorité de reconnaître la guérison et de déclarer que la personne pouvait réintégrer la communauté.

Si Jésus a guéri ce lépreux, c’était pour qu’il vive à nouveau dans la compagnie des hommes et des femmes. .

La rencontre avec Jésus non seulement nous transforme, corps, âme et esprit, mais transforme aussi nos relations les uns avec les autres.

La rencontre avec Jésus nous « console ». Consolation, quel beau mot ! Ce mot d’origine latine signifie « être avec » (con-) « celui qui est seul » (solus).

Consoler veut dire : « je suis avec toi dans ce que tu vis. Tu ne seras pas seul ».

Apporter la consolation est si important. Il y a tant de blessures, de solitudes, de tristesses. Comment pouvons-nous alléger un peu le fardeau de tant de personnes ? Nous pouvons et devons offrir la consolation, dans la mesure où nous aussi avons été consolés par l’amour du Christ.

 

Dans la rencontre avec lui, Jésus nous appelle à le suivre

Jésus appelle le lépreux guéri à devenir disciple. Il lui demande une chose difficile : ne dire à personne ce qui lui est arrivé, sauf au prêtre.

Mais l’homme lui désobéit ! Il préfère annoncer à tous ce que Jésus lui a fait ! Il doit encore apprendre ce que signifie être disciple.

Il montre ainsi que le problème de l’humanité ne se limite pas à la dimension matérielle et physique. Le problème est l’incrédulité et la désobéissance dans le cœur humain.

Jésus accueille et guérit …mais il appelle à le suivre. Nous voyons cela dans tant de récits évangéliques.

Rien n’est plus grand que l’obéissance. Elle est plus grande que le témoignage et toute forme d’apostolat.

Une œuvre aussi belle et noble soit-elle ne l’est plus si elle ne procède pas de l’obéissance.

Jésus nous appelle à nous approcher de personnes précises : tel malade à visiter, tel ancien à consoler, tel jeune à encourager, telle personne avec qui se réconcilier…Mais souvent nous temporisons et nous nous engageons sur d’autres chemins pensant réaliser sa volonté.

Agir dans l’Esprit saint, c’est agir en tant que disciples. Devenir disciples, telle est la transformation que Dieu veut dans nos vies.

Tel sera aussi le thème de la prochaine Conférence mondiale sur la mission et l’évangélisation du Conseil œcuménique des Eglises qui aura lieu du 8 au 13 mars 2018, à Arusha en Tanzanie :

« Agir selon l’Esprit: appelés à être des disciples transformés ».

J’y participerai.

Merci de votre prière pour cette conférence !

Prions aussi les uns pour les autres afin que nous soyons tous des disciples transformés par la rencontre avec le Christ !

Que nous cherchions avant toutes choses à le suivre sur les chemins où il nous appelle !

 

Par ta Parole et ton Esprit qui nous renouvellent :

Viens et transforme-nous !

Par ta solitude qui nous invite à la prière :

Tourne-nous vers le Père !

Par ton silence qui nous conduit au recueillement :

« Donne-nous un cœur qui écoute » !

Par ta sainteté qui nous met à genoux :

Seigneur Jésus, aie compassion de nous !

Par ton amour qui nous encourage :

« Si tu le veux, tu peux nous rendre purs » !

Par ton pardon qui fait chanter notre cœur :

Fais de nous des ouvriers de paix !

Par ta simplicité qui nous appelle au partage :

Apprends-nous ton style de vie !

Par ton accueil qui nous ouvre à la rencontre :

Unis-nous tous en toi !

 

Tableau de Berna

 

 


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