La femme pecheresse au pied de Jesus par Rubens

Que de blessures! Le don des larmes.

Qu’est-ce que la foi ? Comment croire ? Est-ce que je suis sûr de ce que je crois ? Est-ce que ma foi n’est pas une illusion ? Voici des questions qui habitent tous ceux qui cherchent Dieu. Et qui peut-être continuent à habiter ceux qui l’ont trouvé. Or voici un des plus récits les plus forts de la Bible sur la signification de la foi.

 Il est même une grande illustration du « salut par la foi ».
« Ta foi t’a sauvée », dit en effet Jésus à cette femme.
Je vous invite à relire l’Evangile de Luc 7,36-50
Qu’est-ce qui a poussé cette femme à s’inviter dans la maison de ce notable, avec tant de spontanéité, sans égard aux convenances ?
C’est sa foi !
Comment cette foi est-elle née dans son cœur ?
Notre récit ne le dit pas.
On peut supposer que cette femme ait écouté Jésus, qu’elle l’ait aussi vu agir.
Elle l’a entendu annoncer la grande miséricorde de Dieu pour tous.
Elle a l’a vu guérir les malades, libérer les tourmentés, relever un paralysé, dire et vivre des paroles de vie éternelle, ramener un mort à la vie, clouer le bec aux orgueilleux.
Alors son cœur a été touché. 
Une brèche s’est faite dans son cœur à travers laquelle un torrent de grâce s’est déversé. Un torrent qui se signale par ces larmes qui coulent sur son visage et qu’elle répand sur les pieds de Jésus. Le don des larmes est le plus beau des dons qu’il faut sans cesser demander, surtout dans les moments de peine. 
Cette femme a reçu ce don, à tel point qu’elle ne peut faire autrement que de courir vers Jésus pour lui dire tout son amour.
Elle s’élance vers lui et l’embrasse.
La vraie foi, c’est une confiance du cœur qui embrasse Jésus.
Elle a « touché le Verbe de vie » (1 Jean 1,2).
Ce récit nous dit d’une manière « touchante » ce qu’est la foi : se tourner vers Jésus de tout son être, de toutes ses forces, de tout son amour.
Le mettre désormais en premier dans sa vie.
Rien de plus réel, de plus concret, de plus vivant, de plus évident pour celui dont le cœur a été touché.
Pour celui qui l’a faite, c’est l’expérience la plus belle, la plus indiscutable, la plus profonde.
Aucun argument ni aucune théorie ne peuvent le faire douter désormais de la vérité de son expérience.
Oui, ce récit nous montre que la foi chrétienne est une relation personnelle.
La foi n’est pas une adhésion à un système religieux ou moral, mais un attachement à une personne.
Au cœur de la foi chrétienne, il y a l’union à Jésus-Christ.
Lui seul peut nous unir les uns aux autres. S’il n’y a pas cette union au Christ, il n’y a pas de communion entre nous.
C’est pourquoi, dans l’Eglise, nous avons à tout faire, tout penser, tout vivre en fonction de Jésus.
Nous avons à le mettre au cœur de tout, à rechercher sa présence vivante et sa volonté bonne, sinon nous ne sommes plus son Eglise.

Une femme blessée
Mais qui est cette femme qui vient ainsi vers Jésus ?
Le récit dit qu’elle est une « pécheresse ». Un mot dur à entendre!
Mais il ne dit pas quel a été son péché.
En tout cas Simon, le pharisien la méprise dans son cœur.
Sans doute cela se voyait dans le regard et l’attitude de cet homme.
Cette femme, je la vois comme une personne blessée.
Blessée par le regard et le jugement de Simon et de tant d’autres.
Blessée sans doute par de nombreuses épreuves dans sa vie.
Blessée par des choix qu’elle a faits, dont certains lui étaient peut-être imposés.
Blessée par des transgressions qu’elle a peut être commises à plusieurs reprises.
Cette femme, c’est peut-être chacun d’entre nous.
Car nous aussi avons été blessés par tant de critiques, tant d’épreuves, tant de jugements.
Nous aussi nous nous sommes blessés sans doute par des erreurs que nous avons pu commettre.
Il y a tellement de blessures dans notre monde aujourd’hui.
Tant de cris, tant de tristesses, tant de colères devant tant d’injustices, tant de violences, tant de maladies.
Cette femme ce sont toutes celles qui pleurent leurs enfants écrasés par ce camion fou à Nice, vendredi soir dernier.
Cette femme n’est-elle pas, finalement, chacun de nous ?
N’est-elle pas l’humanité blessée et souffrante qui a besoin d’être consolée, relevée, accueillie ?
N’est-elle pas l’Eglise, « l’Epouse » que le Christ aime et veut guérir, purifier et rendre parfaite ? (Ephésiens 5,25-30).
Le Christ l’aime tellement qu’il a lui-même été blessé pour elle !

La lumière de la Parole
Que fait Jésus devant cette femme ?
Il parle et sa parole est lumière.
Quel à propos dans ses paroles !
Des paroles pleines de bonté et de justice.
Des paroles qui prennent sa défense.
Des paroles qui font réfléchir et remettent en place ceux qui la jugent.
Des paroles qui relèvent, pacifient et ouvrent un avenir de promesse.
Ce récit est non seulement un grand texte sur le salut par la foi, mais aussi sur la force de la Parole de Dieu.
Or, puisqu’il est ressuscité, Jésus continue à nous parler aujourd’hui, comme il parlait dans la maison de Simon.
Il utilise les paroles de l’Evangile pour réaliser la même œuvre de libération et de guérison.
Ses paroles font autorité. Elles réalisent ce qu’il dit : « tes péchés ont été pardonnés », dit-il à la femme.
Et dans le cœur de cette femme, une joie et une paix qu’elle n’a encore jamais connues !
Cette autorité nous est donnée aujourd’hui.
En effet la première chose que Jésus donne à ses disciples après sa résurrection, c’est sa paix et l’autorité de déclarer le pardon en son nom.
Quand nous déclarons le pardon de leurs fautes à tous ceux qui se tournent vers Jésus dans une vraie foi, le Christ l’accomplit véritablement dans leur cœur.
Quand nous disons le Notre Père tous ensemble dans le nom de Jésus, le Christ nous unit véritablement en Lui, fait de nous des frères et des sœurs et nous conduit vers le Père.
Quand nous célébrons son dernier repas avec les mots qu’il a prononcés, il vient lui-même s’asseoir à sa table comme il s’est mis à table dans la maison de Simon.

Va en paix !
Ces trois mots terminent notre récit.
Mais ils vont habiter désormais le cœur de cette femme toute sa vie durant.
Parfois il suffit d’une parole de l’Evangile pour nous transformer, nous faire vivre et avancer.
L’Evangile est lumière et vie.
La paix, c’est le don immense de Dieu.
C’est aussi le dernier mot de tous nos cultes quand nous recevons la bénédiction de la part de Dieu.
La paix c’est notre relation avec Jésus.
Que veut dire Jésus à cette femme par ces mots « Va en paix » ?
Il lui dit : « Reste en relation avec moi ! Fais vivre en toi les paroles que je t’ai dites ! Continue, spirituellement, à m’embrasser ! Prie-moi constamment ! Et ma paix qui surpasse tout ce que tu peux imaginer viendra dans ton cœur ».
Ces paroles il nous les redit aussi à nous, il les redit sans cesse et chaque jour depuis bientôt 2000 ans.
Il est là, ressuscité, vivant avec nous pour nous entraîner sur son chemin.
Prenons la main qu’il nous tend !


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