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En marche vers 2033. Chroniques belges

Je me suis rendu en Belgique, du 1er au 3 mai 2017 avec Olivier Fleury, directeur de l’Association « Jesus Celebration 2033 » (JC 2033) qui appelle les Eglises à marcher ensemble vers 2033, anniversaire des 2000 ans de la résurrection de Jésus-Christ.

L’ancien directeur du « Parcours Alpha » de Belgique, Joseph Hoquet, nous accueille à l’aéroport et nous conduit au monastère de Chevetogne, au sud-ouest de Bruxelles.

 

Chevetogne

Haut lieu de la rencontre entre l’orthodoxie et le catholicisme, ce monastère œuvre depuis bientôt cent ans à la réconciliation entre chrétiens.

Nous passerons quatre heures passionnantes avec l’abbé Thaddée Barnas, entrecoupées par l’office de prière (dans le rite orthodoxe-byzantin) et le repas en silence avec les moines.

Le Père Thaddée est un grand connaisseur des questions concernant l’unité chrétienne et, depuis de longues années, responsable diocésain de l’œcuménisme.

En prenant connaissance de la vision JC 2033, il se réjouit : «  Depuis tout petit, je suis touché par la réconciliation des chrétiens de tous bords. 2033 est une occasion merveilleuse de témoigner au monde de la victoire de Dieu dans la résurrection du Christ, à renouveler notre témoignage et à nous réengager dans notre mission commune ».Thaddee BarnasThaddee Barnas dans l’Eglise byzantine de Chevetogne

Mais, soudain, la voix du moine se fait grave et le ton véhément : « En l’an 2000 l’Eglise catholique et la Fédération luthérienne mondiale venaient de signer la déclaration commune sur la justification par la foi. Mais quelque mois plus tard, le Vatican a publié un document sur les indulgences dans le cadre du jubilé de l’an 2000. C’était une gifle pour les protestants. Ici à Chevetogne, cela nous a aussi profondément blessés. Ce n’est pas la vraie théologie catholique ! »

Il estime que cette question doit être reprise pour permettre la célébration en 2033 d’un jubilé vraiment œcuménique. Il espère à ce sujet un dialogue entre le Vatican et le Conseil œcuménique des Eglises.

Avant de nous quitter le Père Barnas nous redit : « L’intuition de votre projet est géniale. Elle nous centre sur le cœur de notre foi. Nous avons un idéal : rendons le possible » !

 

Découverte du sanctuaire de Beauraing

Christophe RouardDe gauche à droite : Olivier Fleury, Joseph Hoquet, Martin Hoegger, Christophe RouardA quelques kilomètres se trouve le sanctuaire de Beauraing, le « Lourdes » belge, un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés du pays. Nous nous imprégnons de l’atmosphère de ce lieu paisible avant de rencontrer pour le déjeuner le Père Christophe Rouard, recteur de ce sanctuaire. « Les gens viennent ici avec une piété populaire pour prier pour leurs proches. Ils sont en recherche. Nous essayons de centrer leur piété sur Jésus-Christ ».

Engagé dans le « Parcours Alpha » et dans le service d’évangélisation du diocèse de Namur, C. Rouard se réjouit de la portée missiologique de JC 2033 : « C’est un très beau projet susceptible de réunir les chrétiens autour de l’essentiel, la personne du Christ. 2000 ans cela se fête! ». 

 

Mettre au centre le Christ mort et ressuscité, seul pont entre les Eglises

Le lendemain matin, sur la route de Jodoigne à Bruxelles, nous lisons le texte de ce jour dans le « Guide » : un passage de la lettre de Paul aux Colossiens où l’apôtre appelle à prier avec persévérance afin que le Seigneur lui ouvre les portes (chap 4). Nous venons juste de finir de prier lorsqu’une automobile nous fait une queue de poisson sur l’autoroute. Nous évitons de justesse un accident. Nous comprenons que sans Lui nous ne pouvons rien faire ! Chaque voyage est une aventure où nous avons besoin de prières.                   

Nous arrivons au « Christian Center » dans la banlieue de Bruxelles, siège de plusieurs organisations évangéliques. « L’unité commence par la formation de vrais disciples », nous dit Joseph Hoquet qui a rassemblé plusieurs responsables, dont Raymond Vandeputt, président du « Réseau Antioche » qui rassemble 80 Eglises pentecôtistes en Belgique.

Il est également membre du Conseil du Synode fédéral des Eglises protestantes et évangéliques de Belgique, qui rassemble plus de 500 Eglises.

La vision de 2033 éveille en lui des souvenirs : le rassemblement œcuménique de Strasbourg avec Thomas Roberts en 1982 ; à l’occasion de Pâques de l’an 2000 il avait rassemblé toutes les Eglises évangéliques de Belgique. « Je voudrais une célébration oecuménique en 2033, avec tous, orthodoxes et catholiques compris. Mais les Eglises membres de notre Synode n’en sont pas encore là » !Christian center BruxellesDe gauche à droite: Rocky Gathright, Joseph Hoquet, Olivier Fleury, Daniel Abaidoo, Martin Hoegger, Jean François Thys

Le pasteur Daniel Abaidoo, d’une Eglise africaine à Bruxelles (Gates of the Kingdom) partage le défi de la présence des Eglises issues de la migration. Alors que les Eglises évangéliques reculent, celles-ci sont en croissance. « Nous n’avons pas de frontières et sommes flexibles et ouverts. Tout ce qui est à célébrer, nous sommes prêts à le faire », dit-il au sujet du projet 2033.

Rocky Gathright est un missionnaire d’origine américaine. Comment voit-il ce projet en tant que non belge ? Tout d’abord il souhaite que la majorité catholique se fortifie dans sa foi, plutôt que de se laisser gagner par la sécularisation ou l’athéisme. Sa vision de l’unité chrétienne : « Nous sommes déjà une famille avec une même foi. Mais dans la réalité on voit trop les différences. En Belgique il est très difficile de rassembler les Eglises. Nous avons toujours à revenir au Christ mort et ressuscité, le mettre au centre, c’est ce qui me plaît dans ce projet 2033 ».

Selon lui, pour mettre dans le coup les évangéliques il faut un pont vers les catholiques. Et ce pont est la présence du Christ ressuscité parmi nous

Jean François Thys qui collabore au Réseau Antioche en encourageant les artistes, nous confie:  « Mon sentiment est que ce projet est une dimension nouvelle. Il est appelé à grandir. Comment ? Seul le Seigneur le sait. Je vote pour ».

 

Manifester ensemble la joie de Pâques

Athenagoras et OlivierNous sommes reçus chez Mgr Athénagoras, métropolite de l’Archevêché orthodoxe de Belgique (Patriarcat œcuménique). Autour d’un copieux goûter, il commence par nous faire part de ces convictions au sujet de la résurrection du Christ. Pour découvrir l’orthodoxie il faut lire le livre d’Olivier Clément « Dialogue avec le patriarche Athénagoras », nous dit-il.

Ce livre reste très actuel et le chapitre sur la résurrection est splendide. Il montre combien la résurrection est au centre de la foi orthodoxe. « Durant tout le temps pascal nous nous saluons en disant « le Christ est ressuscité ». Je me sens toujours un peu triste à la fin de ce temps ».  

Le métropolite nous explique aussi que baptême au nom de la Trinité est fait par trois immersions qui symbolisent les trois jours après la mort du Christ. Nous sommes baptisés dans la mort du Christ pour pouvoir participer à sa résurrection. Dans la nuit de Pâques on proclame l’Evangile dans plusieurs langues, pour marquer l’universalité de la résurrection. On ne le fait pour aucune autre fête. Cela montre le respect pour la diversité des peuples et la dimension universelle du christianisme 

« L’idée est louable », dit-il au sujet de JC 2033. Mais comment pourra-t-on vivre ce jubilé ?  « Il faudrait manifester davantage la joie de Pâques. Ici les médias ne donnent pas d’importance à Pâques. Une veillée œcuménique manifestera notre joie commune. Je suis convaincu que le message de la résurrection est le plus fort que l’on puisse donner à l’humanité. Tant de personnes vivent dans l’indifférence. Il faut sortir pour les rejoindre ».

  

Sortir ensemble pour annoncer la résurrection

En conclusion à ce bref voyage en Belgique, nous visitons les responsables du mouvement des Focolari en Belgique, à Rotselaar, près de Bruxelles. Ce lieu de rencontres est intégré à petit pôle industriel avec sept entreprises qui adhèrent à « l’économie de communion ».

Les responsables de ce mouvement aux larges horizons nous reçoivent au lendemain d’une journée des familles. « Il faut mettre beaucoup de jeunes dans le coup. La résurrection est l’événement central de l’humanité. Après la mort, qu’est-ce qui se passe. Le néant? C’est une question que tous se posent. La réponse de la résurrection de Jésus doit être apportée à tous », s’écrie Colette Letolguenec en découvrant le projet.2017 05 03 16.38.36

« L’unité est un pilier très important. Un élément clé est de mettre ensemble les réseaux », ajoute Ton Jongstra qui recommande de présenter ce projet à « Ensemble pour l’Europe », un réseau de communautés et de mouvements.

Comme C. Letolguenec vient de vivre un voyage œcuménique avec des membres de l’Eglise orthodoxe de Bruxelles, nous lui racontons notre visite auprès de Mgr Athénogoras. Elle est touchée que le métropolite parle de la nécessité de  « sortir ». Le pape François le répète sans cesse : les chrétiens doivent sortir pour rencontrer l’humanité qui souffre. « Que 2033 soit un moment où nous pourrons sortir ensemble pour annoncer la résurrection avec nos vies et l’amour en action » !

Nikita Skatchoff, prêtre relié au mouvement des Focolari, nous recommande de collaborer avec les mouvements catholiques et de visiter leurs responsables. Il ne cache pas son enthousiasme : « JC 2033 est un mouvement rassembleur. Dans l’unité il y a une force extraordinaire. Mais seule la présence du Christ parmi nous la permet et féconde toute action. Pour cela il faut nous engager les uns envers les autres. ».

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