Holy Trinity

Vraie et fausse Trinité.

Le dimanche après la Pentecôte honore la Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit. S’il y a une chose contre laquelle se battent toutes les Ecritures, ce n’est pas tant l’incroyance que l’idolâtrie. Le problème de l’humanité est de défigurer la vraie Trinité par une trinité idolâtre.

Son problème n’est pas de ne pas croire en Dieu…mais de mettre sa foi dans des idôles, de remplacer le vrai Dieu par des faux-dieux qui lui font perdre sa liberté. 

Le vrai Dieu, nous le croyons, Jésus nous l’a révélé : il est un Père d’amour ; il est un Fils de grâce ; il est un Esprit de communion. L’apôtre Paul le dit de manière succinte dans cette prière: 

Que la Grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ! (2 Cor 13,13)

Dieu est un Père qui nous aime immensément et nous appelle à la reconnaissance et à la maîtrise de soi.

Mais ce Dieu amour, nous le remplaçons par un faux dieu. Ce premier faux dieu s’appelle l’avidité, le contraire de la reconnaissance et de la maîtrise de soi.

Dieu s’est révélé en Christ qui s’est donné avec générosité. Sa grâce nous appelle à nous donner à notre tour.

Mais ce Dieu de grâce, nous le remplaçons par le repliement sur soi. Le deuxième faux dieu de cette trinité contrefaite s’appelle l’égoïsme, le contraire de la générosité et du partage.

Enfin Jésus nous a révélé que Dieu est Esprit. Esprit de communion et de relation. Il est l’amour entre le Père et le Fils. Il est aussi celui qui nous unit à Dieu et les uns avec autres.

Mais ce Dieu de communion qu’est l’Esprit saint, nous le remplaçons par le troisième dieu de cette trinité idolâtre. Et ce dieu s’appelle Mammon ou l’argent, qui occupe toutes nos pensées et nous coupe du vrai Dieu.

 

Reprenons les unes après les autres, les trois personnes de la vraie Trinité et leurs contrefaçons idolâtriques :

Crois-tu en l’amour de Dieu, Père et créateur…ou en ton ventre ?

Dieu est un Père qui nous aime immensément. Il est notre créateur et nous appelle à vivre dans la confiance avec lui, en nous souvenant toujours que nous ne appartenons pas à nous-mêmes, mais à lui.

Croire en un Dieu Père, créateur, amour veut dire vivre devant lui, dans la reconnaissance, la tempérance et le respect des limites de notre corps et de la création dans laquelle nous vivons.

Refuser Dieu créateur conduit à mettre l’homme au centre avec son avidité. Le ventre devient alors son Dieu, la première personne d’une trinité tyrannique. Il faut consommer toujours et de plus en plus. Faire toutes les expériences possibles et imaginables. Exploiter la nature sans limites.

Au moyen Age, Satan était représenté par une énorme bouche qui dévore tout. Celui qui se livre à lui ne connaîtra aucun répit. Il voudra toujours plus et finira par se détruire.

Mais celui qui met Dieu en premier est libéré et goûte à la beauté et à la bonté de tout ce qu’il a créé.

 

Te confies-tu en la grâce de notre Seigneur Jésus Christ…ou en tes biens ?

Dieu est le Fils devenu homme pour nous faire participer à sa grâce. Il est venu pour servir, non pour être servi. De riche qu’il était dans le sein du Père, il s’est fait pauvre. Il a tout donné et partagé pour nous délivrer du repliement sur soi.

Croire en la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ veut dire suivre son style de vie en partageant nos biens – qu’ils soient matériels ou spirituels. Sa grâce nous anime pour aller à la rencontre des autres, les écouter, prendre soin d’eux, donner quelque chose de soi-même.

Refuser le Fils qui a tout partagé avec nous conduit à se replier sur soi-même et à le remplacer par une autre divinité.

La deuxième personne de cette fausse trinité sont nos biens, nos propriétés. Nous nous confions en eux, oubliant que si nous avons reçu quelque bien c’est pour le partager avec d’autres, en particulier avec les plus petits, les plus faibles, les plus pauvres. La propriété privée doit toujours être au service du bien commun, sinon elle devient une idôle et nous coupe de la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Es-tu habité par l’Esprit de communion…ou par l’amour de l’Argent ?

Dieu est l’Esprit saint, personne de communion entre le Père et le Fils. Il est, comme le dit une belle prière, « le roi du ciel, consolateur, l’Esprit de vérité qui pénètre tout et remplit tout ».

L’Esprit saint nous conduit dans toute la vérité, il purifie et transforme nos cœurs. Comme il a habité le Christ, il nous habite et greffe en nous ses qualités et nous fait participer à son style de vie.

Mais celui qui se ferme à l’Esprit saint sera habité par un autre esprit. C’est l’esprit du monde. Jésus appelle ce Dieu « Mammon » ou l’Argent. C’est la troisième personne de cette fausse trinité.

Quand l’Argent saisit une personne, il envahit toutes ses pensées et dirige sa volonté. Tout ce qu’elle fait, elle le fait en vue de s’enrichir encore plus. Rien ne suffit.

L’Esprit saint est un esprit de communion. Mais l’esprit du monde est un esprit de division. Quand Mammon entre dans nos cœurs et dans l’Eglise, il crée beaucoup de divisions et de blessures.

L’Argent pris comme une fin et non un moyen nous coupe non seulement des autres, mais surtout de Dieu. Celui qui s’est livré à Mammon ne prie plus. Ou s’il prie, sa prière est fausse et intéressée. Dieu ne l’écoute pas.

 

Trinité et engagements

Si la Trinité devient notre vie, si nous vivons  la Grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit nous pourrons aussi vivre les engagements qu’on appelle traditionnelement « chasteté, pauvreté et obéissance ».

Ces engagements, je le rappelle en cette journée où nous fêtons les soeurs « jubilaires » de la communauté de Saint Loup, sont les trois orientations fondamentales de la vie chrétienne.

Ils concernent tout autant ceux et celles qui s’engagent dans le célibat consacré que ceux et celles qui s’engagent dans le mariage.

Ces deux états de vie sont un don de Dieu « pour vivre dans le temps présent, comme le dit Saint Paul, avec sobriété, justice et piété » (Tite 2,12), ou encore pour suivre Jésus, selon le Sermon sur la Montagne, dans le « jeûne, l’aumône et la prière » (Matthieu 6).

Seule une vie animée par la vraie Trinité permet de vivre les engagements et d’être délivré de la fausse trinité de l’avidité, de l’égoïsme et de Mammon.

L’avidité est en effet le contraire de la sobriété (ou de la chasteté qui signifie autre chose que l’abstention de relations sexuelles)  à vivre devant le Père, sobriété qui correspond au jeûne auquel Jésus nous appelle dans le Sermon sur la montagne.

L’égoïsme est l’inverse de la pauvreté vécue par le Fils, pauvreté du Christ qui nous appelle à vivre dans la simplicité et le partage. Ce que Jésus appelle l’aumône dans le sermon sur la montagne. Vivre ainsi, c’est pratiquer la vraie justice.  

L’obéissance à Mammon est la corruption de l’obéissance à l’Esprit saint qui est un Esprit de communion et de vraie piété. C’est seulement dans l’Esprit saint que nous pouvons prier le Notre Père que Jésus nous donne dans le sermon sur la montagne.

Que la Grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec nous tous !…

Oui que la vraie Trinité vienne dans nos cœurs et nous pourrons en déraciner la fausse trinité de l’avidité, de l’égoïsme et de Mammon!

Et nous pourrons aussi y faire habiter la sobriété et la chasteté du Père, la justice et la pauvreté du Fils, ainsi que la prière et l’obéissance de l’Esprit saint !

 

Père d’amour, tu as tout créé pour que nous goûtions à ta bonté et ta beauté.

Pardonne notre avidité !

Conduis-nous dans la sobriété, le jeûne et l’intégrité !

 

Christ de grâce, tu as tout partagé avec nous pour nous enrichir de ta pauvreté.

Pardonne nos repliements !

Apprends-nous ta simplicité, ta justice et ta générosité !

 

Esprit de communion, tu pénètres et remplis tout pour que nous respirions en toi.

Pardonne nos compromissions !

Fais habiter en nous la prière, la confiance et la plénitude de tes dons !

Saint Loup, le 11 juin 2017 


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