Esprit saint. Las tu

Comment l’Esprit vient-il à nous? (Jean 14,15-23)

Comment Dieu peut-il être présent dans notre vie ? Voici une des questions les plus fondamentales de notre vie. Le besoin de relation avec Dieu reste le coeur de la vie de toute personne. Mais elle est souvent remplacée, dans la société contemporaine, par les expériences les plus diverses. (1)

Les apôtres de Jésus se posaient cette question quand Jésus leur annonçait qu’il allait les quitter puis qu’ils le reverront.

Un de ses disciples exprime alors l’attente du groupe des apôtres. Il désirait de la part de Jésus, une manifestation éclatante pouvant changer le cours de l’histoire.

« Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »

Les apôtres voyaient en effet en Jésus le prophète tant attendu des derniers temps, le Roi d’Israël prenant la tête du peuple de Dieu pour instaurer définitivement le règne de Dieu.

Jésus répond au contraire qu’il ne se manifestera pas de façon extérieure et spectaculaire.  

Il précise de quelle manière il restera présent au milieu des siens après sa mort et sa résurrection et il explique comment rester en contact avec lui.

Comment assouvir le besoin de relation avec Dieu, qui constitue l’aspiration la plus profonde de la personne? Aspiration que notre société veut remplacer par toutes sortes d’ersatz.  

L’Évangile est la réponse radicale à ce besoin.

L’affirmation de Jésus est claire :

« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. »

 

L’Esprit en nous…avec le Père et le Fils !

La présence de Jésus dans le coeur des chrétiens et au milieu de la communauté peut se réaliser immédiatement.  Il n’y a pas besoin d’attendre le futur. 

C’est le coeur même du chrétien qui devient le nouveau tabernacle, la demeure vivante de l’Esprit saint.

Cet Esprit, nous promet Jésus, demeurera auprès de nous et sera en nous : 

« Moi, je prierai le Père,et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ;vous, vous le connaissez,car il demeure auprès de vous, et il sera en vous ».    

Dans la tradition de l’Ancien Testament, le lieu de la demeure de Dieu au cours de la marche au désert était la « tente ».

Ensuite, ce fut le « temple », puis la ville même de « Jérusalem ».

Aujourd’hui, cependant, le lieu de la présence de l’Esprit saint (et c’est ici que réside le caractère extraordinaire du christianisme !) est le cœur même de celui qui écoute l’Évangile et le met en pratique.

Et, chose encore plus étonnante, ce n’est pas seulement l’Esprit saint qui vient en nous, mais aussi le Père et le Fils :

« Mon Père et moi, nous établirons notre demeure en lui »

C’est la Trinité même, communion d’amour, qui vient nous habiter et nous relier les uns aux autres dans cette même communion d’amour.

 

« Le christianisme ne fait que commencer ».

Pour rencontrer Dieu, nous dit l’Évangile, nous n’avons besoin ni de miracles, ni de visions extraordinaires, ni même de nouvelles révélations.

L’Évangile nous suffit !

Cependant beaucoup cherchent ailleurs. D’autres disent que cela fait déjà deux mille ans qu’on l’écoute et rien n’a changé ou si peu.

On aspire à de nouvelles perspectives, peut-être liées à l’Évangile, mais qui l’adapteraient et le rendraient plus moderne.

J’ai été pourtant très impressionné par une réflexion que faisait souvent le Père Men, prêtre à Moscou, tué au début des années 90.

Il avait fondé quelques années auparavant un mouvement de renouveau religieux et il disait à ceux qui l’approchaient :

« Ne croyez pas que l’Évangile ait déjà tout dit, parce qu’en réalité nous sommes encore aujourd’hui aux prémisses dans la compréhension de ses paroles ! ». Et il ajoutait : « Le christianisme ne fait que commencer ».

Nous sommes à peine au début d’une véritable compréhension de l’Évangile.

« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. »

 

Comment l’Esprit vient-il à nous ?

Mais comment le chrétien peut-il atteindre un tel but ? Comment porter Dieu en soi? Comment entrer en profonde communion avec lui ?

C’est l’amour pour le Christ.

Un amour qui n’est pas sentimentalisme, mais se traduit en vie concrète et nous fait, précisément, observer sa Parole.

C’est à cet amour du chrétien – et nous le sentons bien – que Dieu répond par son amour: la Trinité vient habiter en lui.

« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. »

«… il observera ma parole. »

Quelles paroles le chrétien est-il appelé à observer ?

Dans l’Evangile de Jean, « mes paroles » sont presque toujours synonymes de «mes commandements ». Le chrétien est donc appelé à observer les commandements de Jésus. 

Il ne faut pourtant pas les considérer comme une liste de lois.  Il faut plutôt les voir tous résumés dans ce que Jésus a illustré par le lavement des pieds : le commandement de l’amour réciproque.  

« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. »

Comment bien vivre cette Parole, au point que le Père lui-même nous aime et que la Trinité établisse chez nous sa demeure ?

En vivant de tout notre coeur l’amour réciproque entre nous, avec décision et persévérance.

 

Rencontrer l’autre pour accueillir Dieu

J’aimerais pour terminer raconter l’histoire de Maximilien Kolbe, un prêtre polonais assassiné dans un camp de concentration.

Il illustre comment rencontrer l’autre concrètement.

Face à un prisonnier qui allait mourir de faim dans le bunker de la mort – un inconnu pour lui, devenu son prochain dans le moment présent de la vie – il oublie d’un coup toute l’œuvre qu’il était en train de réaliser : il avait eu une grande influence spirituelle, publié plusieurs livres.

Beaucoup le suivaient. Il décide de prendre la place de celui qui devait mourir.

Kolbe aurait pu penser qu’il aurait pu rendre gloire à Dieu davantage à travers cette œuvre qu’il avait fait naître dans l’Eglise, en restant en vie.

Pourtant il n’a aucune hésitation et il offre sa vie pour sauver celle d’un père de famille.

Nous sommes souvent, nous aussi, dérangés dans nos occupations importantes par quelqu’un qui s’introduit à l’improviste dans notre vie pour nous demander quelque chose, ou par un appel téléphonique, par quelque événement.

Alors, nous faisant forts de l’importance, à nos yeux, du travail que nous sommes en train de faire, nous ne daignions pas accorder un regard à celui qui frappe à notre porte. Nous ne faisons pas attention à ce qu’il demande, nous renvoyons à plus tard.

Devant chaque personne, sachons oublier, même pour un bref instant, tout ce que nous faisons de beau, de grand et d’utile, et soyons prêts à l’accueillir.

A travers mon prochain, c’est le Père et le Fils qui frappent la porte de notre cœur et désirent venir à nous pour faire de nous leur demeure.  

A travers lui, c’est l’Esprit saint qui désire jaillir de notre cœur.

« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. »

 

Tu viens à nous, Seigneur Jésus,

avec ton Père et l’Esprit de vérité

quand nous écoutons ta Parole,

reconnaissons que tu es dans le Père,

nous détournons de nous-mêmes et de nos idoles,

te célébrons avec ton peuple,

gardons ton commandement nouveau,

t’aimons dans nos frères et sœurs sur notre chemin.

 

Tu viens et demeures en nous de tant de manières.

Quel désir de relations avec nous de ta part !

Donne-nous d’être attentifs à tes rendez-vous !
Toi le Dieu qui désire être avec nous !

L’Emanuel de nos cœurs,

La brise de nos âmes,

L’eau de nos soifs,

Le pain de nos faims,

Le vin de nos fêtes,

La lumière de nos nuits,

Le chemin de nos déserts !

[1] Cette prédication est inspirée d’un commentaire de la « Parole de Vie » par Chiara Lubich sur le texte de Jean 14,23 (mai 2001)


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