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Noël : la culture du ciel

Quand un étranger arrive dans un autre pays ou sur un autre continent, il doit s’adapter à la nouvelle culture. S’il veut s’y intégrer il doit apprendre la langue et les codes sociaux ; cela demande bien des efforts de sa part…

 Lundi dernier j’ai participé au repas de Noël que le Groupe d’accueil des migrants (GAM) du Mont sur Lausanne a mis sur pied. A ma table il y avait surtout des jeunes afghans (en grande majorité ce soir-là) et des érythréens. J’ai été frappé par la capacité des jeunes d’apprendre rapidement la langue française. Il est vrai que plus on est jeune, plus c’est facile.

Mais un étranger apporte aussi avec lui sa culture, ses moeurs, sa langue, sa manière de vivre les relations. Parfois il a une religion différente : nous découvrons alors que les mots de sa prière ne sont pas les nôtres, les mélodies de ses chants nouvelles. Souvent c’est une joie de les découvrir. Ses mets sont plus épicés que notre cuisine et on goûte dans son assiette des saveurs inconnues.

Bref, un étranger apporte avec lui sa culture. Il n’est pas seulement un bras qui vient donner des forces à l’économie de notre pays…ou prendre le travail des suisses et apporter les problèmes de la migration (selon la perspective que l’on a !). Il ne faut pas oublier qu’il est avant tout une personne humaine avec son cœur, sa foi, ses blessures et ses espérances.

Dieu s’inculture

Noël, c’est l’incarnation de Dieu. On pourrait aussi dire que c’est Dieu qui s’inculture. Jésus né à Bethléem arrive dans une culture particulière: juive d’il y a plus de 2000 ans. Cet enfant nait d’une mère comme tous les enfants. Il apprend le langage des hommes, la vie de famille, un métier. Il a partagé toutes les dimensions de notre condition avec ses grandeurs et ses misères, excepté le péché, mais il a pris sur lui nos péchés pour nous les pardonner et nous en délivrer.

Dans un des poèmes les plus émouvants sur l’incarnation que je connaisse, la poète Marie Noël fait dire à Marie :  

[…] De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas

Pour parler aux gens perdus d’ici-bas…

Ta bouche de lait vers mon sein tournée, 

O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée. 

 […]De mort, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas

Pour sauver le monde… O douleur ! là-bas,

Ta mort d’homme, un soir, noir, abandonnée,

Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.

Dieu apporte une nouvelle culture

Noël ce n’est pas seulement l’entrée de Dieu dans notre culture, c’est aussi une nouvelle culture qui arrive sur notre terre. Dans cet enfant, une autre culture vient parmi nous. En tant que Fils du Père, Jésus apporte avec lui sa propre culture : la « culture du ciel » !

Il apporte la lumière et la vie qui brille dans les ténèbres. Nous pouvons contempler sa gloire (Jean 1,3,14)

Quelle est cette culture du ciel ?

2016 12 24 13.02.22Quand nous regardons les crèches qui se trouvent dans nos maisons, nos Eglises et parfois mêmes dans nos rues, nous la devinons un peu.

Les santons de la crèche me touchent toujours, chaque année. Chez nous, nous avons une crèche que cinq générations ont contemplée. J’aime m’arrêter devant elle, la contempler, surtout avec mes petits enfants.

La crèche est un lieu de rencontre et de communion. Rencontre entre des riches et des pauvres, des étrangers (les mages venus d’Orient) et des gens d’ici (les bergers). Rencontre entre des hommes et des animaux : la nature est réconciliée, c’est le message « écologique » de Noël. Rencontre entre le ciel où les anges chantent la gloire de Dieu et la terre où suent les travailleurs.  

Cette culture du ciel que Jésus vient apporter est une culture de la rencontre, de la communion, de l’accueil.

Peuvent la recevoir et en vivre un peu, ceux qui acceptent, un moment, de contempler cette crèche qui nous parle d’humilité et de simplicité et qui prennent le temps de regarder ce simple enfant, d’où rayonne pourtant une lumière et une vie qui renouvellera l’humanité, bien plus : le cosmos tout entier.

Que son style de vie devienne le nôtre !

Dans notre prière quotidienne, nous disons dans la prière du Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » !

La volonté de Dieu est faite au ciel. En Dieu tout est en relation d’amour et de don. C’est ce que Jésus a vu et entendu. C’est ce que Dieu désire aussi pour toute l’humanité !

Dans l’Evangile Jésus dit « : « Je rends témoignage de ce que j’ai vu et entendu ». (Jean 3,32) Qu’a-t-il vu et entendu ? Au ciel nous verrons des couleurs nouvelles, nous entendrons des chants aux mélodies angéliques. Ceux d’ici bas n’en sont qu’un pâle reflet.

Personne n’en connaît le secret si ce n’est Jésus. Il nous l’a révélé en vivant au milieu de nous sa « culture du ciel », celle de l’amour réciproque qui est la volonté de Dieu pour toute l’humanité.

Jésus vivra une vie toute simple dans une famille, avec ses joies et ses difficultés. Lui aussi connaîtra l’exil, les chemins de pèlerinage, l’insécurité. Il apprendra un métier, se formera dans la réflexion et la connaissance religieuse. Mais sa palette de peintre contiendra toutes les couleurs de cette nouvelle culture. Il vivra cette « culture du ciel » jusqu’à la croix qui est faite du même bois que celui de la crèche.

Une culture qu’il a résumé en une seule règle, celle qu’on appelle la règle d’or : « Fais à l’autre ce que tu voudrais qu’il te fasse ».

Et il nous donne son Esprit pour que son style de vie devienne le nôtre, pour que nous aussi, peu à peu, fassions sur cette terre si blessée sa volonté divine qui est faite au ciel, vivions sa « culture du ciel ».

Jésus continue à introduire cette nouvelle culture à travers nous, qui sommes les membres de son corps mystique. Chacun peut apporter sa contribution dans tous les domaines : science, arts, politique, communication, etc…

Oui, avec lui et en invoquant son Esprit, devenons des artisans de la « culture du ciel » ! Ainsi cela sera Noël tous les jours !

 

Je vous propose, pour terminer, cette prière de frère Alois, le prieur de la communauté de Taizé :

Dieu éternel,

A Noël, par la venue de Jésus sur la terre,

Tu as donné un nouveau commencement à l’humanité.

Une lumière inconnue s’est levée,

Une espérance de paix pour la famille humaine.

Cette lumière, tu la fais briller en nous par ton Esprit saint,

Elle éclaire nos ténèbres.

Tu renouvelles en nous

L’émerveillement de ta venue en nos cœurs.

Alors nous voudrions te chanter sans fin,

Et demeurer proches,

De tous ceux qui sont dans la peine et la souffrance,

Et qui attendent de voir ta lumière. 


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