bon berger

Les « défauts » de Jésus…

Je vous invite à prendre du recul en contemplant les « défauts de Jésus » et à nous laisser corriger par ceux-ci. Jésus, en effet, a au moins cinq « défauts » : il n’a pas bonne mémoire ; il ne connaît pas les mathématiques ; il ignore la logique ; il est un aventurier ; il ne s’entend ni en finances ni en économie. Bien sûr ce sont des défauts « selon le monde« , car Jésus est « l’agneau de Dieu sans tâches« . Il est absolument sans défauts!

 

Premier « défaut »: Jésus n’a pas bonne mémoire

Sur la croix, Jésus entend la voix du brigand placé à sa droite: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi » (Lc 23,42). Si j’avais été à sa place, j’aurais répondu: «je ne t’oubliera pas, mais tes crimes doivent être expiés. » Jésus lui répond au contraire: «En vérité je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23,43). Il oublie tous ses péchés .
La même chose se répète avec la pécheresse qui a recouvert ses pieds de parfum: Jésus ne lui demande rien sur son passé scabreux, il dit simplement: « Ses péchés si nombreux ont été pardonnés parce qu’elle a montré beaucoup d’amour» .
La parabole du fils prodigue nous raconte comment, sur le chemin du retour vers la maison paternelle, celui-ci prépare en son coeur ce qu’il dira: « Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers » (Lc 15,18). Mais lorsque le père le voit arriver de loin, il a déjà tout oublié, il court à sa rencontre, il l’embrasse, il ne lui laisse pas le temps de prononcer son discours et il se tourne vers ses serviteurs qui restent bouche bée: «Apportez la plus belle robe, et habillez-le; mettez-lui un anneau au doigt, des sandales aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie » (Lc 15,23-24)
La mémoire de Jésus n’est pas comme la mienne; non seulement il pardonne, et pardonne à toute personne, mais il oublie même qu’il a pardonné.

Deuxième « défaut »: Jésus ne connaît pas les mathématiques

Si Jésus avait passé un examen de mathématiques, il aurait peut-être été recalé. La parabole de la brebis perdue le montre bien. Un berger avait cent brebis. Une d’elles s’égare et il s’en va sans délai à sa recherche, laissant les 99 autres à la bergerie. Une fois qu’il l’a retrouvée, il charge la pauvre créature sur ses épaules (cf. Lc 15,4-7).
Pour Jésus, un est égal à 99, et vaut même peut-être encore plus! Qui acceptera jamais une chose pareille? Mais sa miséricorde s’étend de génération en génération..
Quand il s’agit de sauver une brebis perdue, Jésus ne se laisse décourager par aucun risque, aucune fatigue.
Dans la parabole du roi qui remet la dette à son serviteur, la somme est tellement énorme, qu’on se demande s’il connaît la valeur des chiffres. Cela représente 60 millions de francs or.
Quelle simplicité hors de tout calcul, quel amour pour les pécheurs!

Troisième « défaut »: Jésus ignore la logique

Une femme, possédant dix drachmes, en perd une. Elle allume donc la lampe à huile pour se mettre à la chercher. Lorsqu’elle la retrouve, elle appelle ses voisines et leur dit: « Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la pièce que j’avais perdue! » (cf. Lc 15,8- 1 0).
Il est réellement illogique de déranger ses amies pour une simple pièce d’argent! Et qui plus est de faire la fête pour se réjouir de l’avoir retrouvée!
D’autant plus qu’en invitant ses amies, elle dépense bien plus qu’une drachme! Dix drachmes ne suffiront pas à couvrir la dépense…
Nous pouvons donc dire, avec Pascal: « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». En conclusion de cette parabole, Jésus dévoile l’étrange logique de son coeur: « C’est ainsi, je vous le déclare, qu’il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit».

Quatrième « défaut »: Jésus est un aventurier

Celui qui s’occupe de la publicité d’une compagnie, ou se présente comme candidat aux élections, prépare un programme bien précis, avec de nombreuses promesses. Rien de tel chez Jésus. Sa propagande, vue d’un point de vue humain, est vouée à l’échec.
À qui veut le suivre, il promet procès et persécutions.
À ses apôtres, qui ont tout laissé pour lui, il n’assure ni le vivre ni le logement, il leur permet seulement de partager son mode de vie.
À un scribe désireux de s’enrôler parmi les siens, il répond: « Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids; le Fils de l’homme, lui, n’a pas où poser la tête» (Mt 8,20).
Le passage des béatitudes (cf. Mt 5,12), véritable « autoportrait » de Jésus, se présente du début à la fin comme un paradoxe, même si nous sommes habitués à l’écouter:
«Heureux les pauvres de coeur…, heureux ceux qui pleurent…, heureux ceux qui sont persécutés pour la justice …heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, que l’on vous persécute, et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse car votre récompense est grande dans les cieux» (Mt 5,3-12).
Mais les disciples avaient confiance en cet aventurier. Depuis 2000 ans et jusqu’à la fin du monde, la foule de ceux qui ont suivi Jésus ne s’épuise pas. Il suffit de regarder les témoins de tous les temps. Beaucoup d’entre eux font partie de cette association bénie des aventuriers. Sans adresse, sans téléphone, sans E-mail ni Facebook…

Cinquième « défaut »: Jésus ne s’entend ni en finances ni en économie

Souvenons-nous de la parabole des ouvriers de la vigne: « Le royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui sortit de grand matin, afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Sorti vers la troisième heure, puis vers la sixième heure, et encore vers la onzième heure… il les envoya à sa vigne. » Le soir, en commençant par les derniers, pour finir par les premiers, il paya à chacun une pièce d’argent (cf Mt 20,1-16).
Si Jésus avait été nommé administrateur d’une communauté ou directeur d’une entreprise, ces institutions auraient fait faillite ou banqueroute: comment peut-on payer à celui qui a commencé son travail à cinq heures de l’après-midi le même salaire qu’à celui qui travaille depuis le matin? S’agit-il d’une méprise? Ou bien Jésus fait-il mal les comptes? Non! Il agit en connaissance de cause et l’explique: « Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de mon bien? Ou alors ton œil est-il mauvais parce que je suis bon? »

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Demandons-nous: pourquoi Jésus a-t-il de tels « défauts »? Parce qu’il est Amour (cf. 1 Jenn 4,16). L’amour authentique ne raisonne pas, ne mesure pas, ne dresse pas de barrières, ne calcule pas, ne regarde pas les offenses et ne pose pas de conditions. 
Jésus agit toujours par amour. Du foyer de la Trinité, il nous a apporté un amour immense, infini, divin, un amour qui va jusqu’à la folie et met en cause nos mesures humaines.
Lorsque je médite sur cet amour, mon coeur est comblé de bonheur et de paix. J’espère qu’au terme de ma vie, le Seigneur me recevra comme le plus petit des travailleurs de sa vigne et je chanterai sa miséricorde pour toute l’éternité, perpétuellement stupéfait devant les merveilles qu’il réserve à ses biens-aimés. Je serai heureux de voir Jésus avec ses « défauts », qui en fait n’en sont pas. Lui qui est parfait corrige dès maintenant les miens!

D’après F.X. Nguyen Van Thuan : Témoins de l’Espérance.


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