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Pâques 2016 : Cinq sources où le Ressuscité rassasie notre soif

En ce matin de Pâques, nous voici en compagnie de Marie de Magdala. Elle va découvrir, justement au cœur de son épreuve, un Amour qui la bouleverse ! Jésus l’appelle et lui manifeste son amour. (Jean 20,11-18)

 

 N’a-t-elle pas vécu cette parole des Lamentations ? En la rencontrant Jésus lui a fait comprendre que sa bonté s’est renouvelée pour elle, ce matin-là, il y a bientôt 2’000 ans. Le « matin des matins », celui de la résurrection de Jésus.

Et moi, quel est mon premier réflexe le matin ? Allumer la radio, lire mes e-mails, consulter ma page Facebook ? Comment est-ce que je me prépare à vivre une nouvelle journée ? Sera-t-elle un espace pour accueillir des surprises ? 

Je vous invite à une petite promenade avec Marie de Magdala dans ce jardin. Et à nous poser deux questions :

  • Comment le Ressuscité l’a-t-elle rencontrée ?
  • Comment nous rencontre-t-il aujourd’hui ?

 A la lumière de ce récit, je vous invite à vous désaltérer à quelques sources. Dans ce jardin de la résurrection se cachent cinq sources où le Christ nous donne son eau vive et nous découvre son Amour :

  • La source de la communauté
  • La source de l’écoute  
  • La source de l’accompagnement 
  • La source de l’eucharistie
  • La source du témoignage
  1. La source de la communauté

Avant de rencontrer Jésus, Marie de Magdala découvre deux anges  dans le tombeau. Un dialogue s’instaure avec eux. Ces anges ont préparé Marie à rencontrer Jésus. La vraie vocation de la communauté est d’être un lieu que Jésus vient visiter. Elle commence là deux ou trois croyants sont réunis en son nom : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». (Matthieu 18,21)

Soyons donc des « anges » les uns pour les autres ! C’est à dire des personnes qui vivent de telle manière qu’ils annoncent la lumière de Jésus parmi nous. Le mot « ange » signifie en effet le messager, l’annonciateur d’une bonne nouvelle.

Ces jours, durant cette retraite, nous avons goûté à une petite communauté provisoire, où, je l’espère, nous nous sommes entraidés à faciliter cette venue du Ressuscité parmi nous. Certes il nous visite aussi quand nous sommes seuls dans notre chambre, « dans le secret », comme il nous le promet (Matthieu 6,6).

Mais il nous fait cette grande promesse de sa visite lorsque nous sommes réunis « en son nom ». Et « en son nom » signifie « dans son style de vie », caractérisé par la mise en pratique de son « commandement nouveau », comme je l’ai rappelé à plusieurs reprises.

 2. La source de l’écoute

Jésus parle à Marie, mais dans un premier temps elle est incapable de le reconnaître. C’est seulement lorsqu’il l’appelle par son prénom « Marie », que ses yeux s’ouvrent. Que s’est-il passé dans le cœur de Marie ? L’intonation de sa voix était-il différent ? Mystère de la rencontre entre l’homme et Dieu !

Dans tous les récits de la résurrection, je suis frappé par la difficulté qu’ont les disciples à reconnaître Jésus. Le doute est omniprésent. Il semble qu’il faut que Jésus vienne lui-même parler au cœur de chacun pour qu’ils s’ouvrent à la foi. Ainsi en est-il des deux disciples sur le chemin d’Emmaüs, dont les yeux sont incapables de reconnaître Jésus marchant à leur côté. Ainsi en va-t-il de l’apôtre Thomas qui ne croira pas tant qu’il n’aura pas mis son doigt dans le trou de ses mains. Et de tant d’autres.

En fait pour que la confiance naisse en nous, il faut que Jésus fasse le premier pas et frappe à la porte de notre cœur. Nous avons vécu ensemble des moments forts de lectio divina. Des moments de grâce où nous avons reçu la Parole de Dieu de manière nouvelle. Mais cela ne suffit pas pour créer la foi en nous. Jésus doit venir à nous et nous appeler personnellement, verser une parole en nous, une parole vivifiante comme Marie l’a entendue, une parole qui l’a convertie.

C’est quand la Parole est animée par l’Esprit saint qu’elle agit avec efficacité dans nos vies. Alors invoquons l’Esprit saint pour nous et pour tous ceux avec qui nous cheminons ! Seul l’Esprit saint peut déboucher cette deuxième source de l’écoute.

 3. La source de l’accompagnement

La troisième source dans le jardin de la résurrection est celle de l’accompagnement spirituel. Nous avons besoin de trouver sur notre chemin des personnes qui nous posent de bonnes questions. Quelles sont les premières paroles des anges, puis de Jésus lui-même à Marie de Magdala : ils lui posent des questions : « pourquoi pleures-tu, qui cherches-tu ? »

Nous ne pouvons pas nous promener seul dans ce jardin. Nous avons besoin d’être accompagnés par des amis qui nous partagent leurs expériences, qui ont une expérience de la foi,  avec qui nous pouvons réfléchir aux questions de vie ou qui nous posent des questions bienveillantes.

Alors je me demanderai : comment suis-je accompagné? Qui me pose de vraies questions ? 

Il est intéressant de voir que Jésus utilise un mot qu’il a lui-même prononcé. C’est le mot pourquoi, un des derniers mots qu’il a crié sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ».

Jésus connaît le sentiment d’abandon de Marie de l’intérieur, parce qu’il a vécu lui-même cette immense douleur de l’abandon. Il connaît nos blessures. Il peut donc nous comprendre, venir à notre aide. De même nous pouvons aussi nous encourager les uns les autres si nous avons été encouragés.

Buvons donc à cette troisième source en demandant à Dieu d’être accompagnés par de vrais amis ! 

 4. La source de l’eucharistie

« Ne me retiens pas » ! dit Jésus à Marie de Magdala. Mais dans le récit suivant, il dit à  Thomas : « avance ton doigt ici et regarde mes mains » ! Comment pouvons-nous toucher le corps de Jésus aujourd’hui ? A chaque sainte cène où nous recevons son corps et son sang ! Mais nous ne pouvons pas le retenir.

A chaque cène le Christ nous redit ces deux choses : « Ne me retiens pas » et « Avance ton doigt » ! Il nous rappelle qu’il est à la fois le Tout Proche et le Tout Autre. Infini et personnel. Transcendant et immanent.

Comme il a dit à Marie de Magdala : « Je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu », Jésus nous le redit à chaque eucharistie. Durant ce moment de grande grâce il vient à nous – en nous et au milieu de nous – lui notre frère ressuscité pour nous assurer qu’il nous a préparé une place autour de la table dans la Maison de son Père et notre Père.

C’est d’eucharistie en eucharistie que ma foi en Jésus ressuscité s’affermit. Je ne pourrais plus vivre sans cette source qui est le cœur de la vie de l’Eglise.

Mais à chaque fois je dois me demander à quoi m’engage la participation à la sainte cène dans ma relation avec mes frères et sœurs, eux aussi appelés comme moi à prendre place autour de cette table.

 5. La source du témoignage

A la fin de ce récit Jésus envoie Marie de Magdala annoncer aux disciples la grande nouvelle : « Va trouver mes frères et dis-leur… » ! Elle deviendra « l’apôtre des apôtres ». La tradition de l’Eglise lui a accordé une place importante comme évangéliste.

Quel est l’effet du témoignage ? Non seulement nous permettons à d’autres de connaître l’Evangile et de s’ouvrir à l’amour de Dieu. La foi vient de ce que l’on entend. Ne l’oublions jamais ! Mais le témoignage nous construit aussi intérieurement, nous fortifie. Celui qui donne l’Evangile reçoit en retour le centuple, même des persécutions qui ont comme effet ultime d’enraciner encore davantage en nous la réalité de la résurrection de Jésus !

Le témoignage a deux dimensions. C’est d’abord se mettre à l’écoute des autres et à comprendre leurs besoins. Puis c’est partager l’espérance qui nous habite. Le témoignage est écoute et annonce.

Il y a exactement 20 ans, les moines de Tibhirine ont été des témoins crédibles. Ils étaient remplis d’un immense respect pour tous les hommes mêmes ceux égarés sur le chemin de la haine et  de la violence. Mais ils n’ont pas eu peur de rester témoins de l’amour du Christ pour tous, en se mettant au service du peuple algérien qu’ils aimaient tant. Ils l’ont payé de leur vie. Nous en faisons mémoire ces jours.

Que leur exemple nous donne le courage du témoignage, quand le Christ nous dit à nous aussi : « va trouver mes frères et dis leur… ». Pour ce faire qu’il nous donne d’éprouver son amour au coeur de nos épreuves! Qu’il nous abreuve généreusement de son eau vive aux sources de la communauté, de l’écoute, de l’accompagnement spirituel et de l’eucharistie !

Partout où tu passes, Toi le Ressuscité,
Sur la terre des bons et des méchants,
Dans le ciel des anges et des démons,
Les choses ne restent pas comme avant.

Tu libères et tu guéris,
Tu consoles et tu relèves,
Tu donnes des paroles de vie,
Tu rassembles un peuple saint,
Tu lui ouvres une voie nouvelle,
Tu l’unis dans l’amitié.

Alors la terre fleurit,
Le ciel s’éclaire,
Les affligés sourient,
Les enfants dansent.

Tout ce que dit l’Evangile,
Tu continues à le faire aujourd’hui.
A jamais, tu es Emanuel, Dieu parmi nous.
Tu nous accompagnes dans nos vallées obscures,
Et les as toutes traversées jusqu’à l’extrême.

Donne-nous de reconnaître
Et de désirer ta visite parmi nous.
Non d’abord pour nous-mêmes,
Mais pour nos enfants et nos amis.
Pour les enfants de nos enfants
Et pour les amis de nos amis.

Oui, Jésus, donne-nous des yeux
Pour ne pas passer sans te voir
En ceux où tu nous attends :
Les plus petits d’entre tes frères.

Martin Hoegger

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