choc dialogue

Ou le dialogue, ou le choc des civilisations !

Quel est pour moi le message des attentats de Paris, auxquels j’ajouterai aussi – ne les oublions pas ! – les massacres perpétrés au Nigeria, au Pakistan, en Irak ? A mon sens, ces événements tristes et révoltants soulignent encore plus l’urgence du dialogue aussi bien entre les religions qu’à l’intérieur des religions.

 

Dans notre monde où les cultures, les pensées, les religions cohabitent de plus en plus, à cause des flux migratoires et des techniques de communication, on ne peut plus s’ignorer les uns les autres. On doit se rencontrer et pour ce faire, on a besoin de lieux, de temps consacrés à la rencontre, de personnes qui portent le dialogue.

Or c’est justement la vocation de l’Arzillier (à Lausanne) d’être une « maison du dialogue offerte pour la paix entre Eglises, Religions et Spiritualités ». Je participe depuis bientôt 20 ans à la vie de l’Arzillier et je constate combien le dialogue a formé ma personne, est devenu comme une deuxième nature. J’ai appris à avoir confiance dans le dialogue, qui porte en lui des forces pour construire la vie commune. Alors que le manque ou le refus du dialogue conduit inévitablement à des affrontements et à des tensions. Ou le dialogue, ou le choc des civilisations !

Ce dialogue a de multiples facettes. Il a une dimension intellectuelle, mais il s’exprime aussi à travers des réalisations communes. Pour moi la base de tout dialogue est de créer des relations d’amitié les uns avec les autres. Parfois on manque du temps nécessaire à cela : simplement être ensemble parce que la vie nous réunit, avec des tâches toutes simples. L’important n’est pas tant ce que nous faisons, disons ou déclarons, mais la manière dont nous le faisons. Si l’amitié est présente beaucoup de choses deviennent possibles.

Sans dialogue, nous nous isolons, nous déconsidèrons l’autre et nous nous radicalisons vite. Voire nous légitimons la violence au nom de Dieu. Avec le dialogue, nous cherchons à nous connaître, nous comprendre, nous mettons en valeur ce que nous découvrons chez l’autre, nous soulignons ce que nous avons en commun, comme nous respectons les identités différentes.

Le dialogue vécu à l’Arzillier a aussi une dimension intra-religieuse : à l’intérieur de chaque religion, il y a un dialogue à vivre entre la diversité de ses courants. Ce dialogue est très nécessaire. Chaque religion doit chercher ce qui favorise la rencontre entre ses membres. Pour les chrétiens, c’est le dialogue œcuménique. Et puis il est important que les religions dialoguent aussi avec des pensées et des spiritualités non religieuses, qui sont de plus en plus présentes aujourd’hui.

Le dialogue interreligieux, entre membres de deux ou plusieurs religions est une stimulation pour accueillir les dons que Dieu, dans sa grâce commune, a versé dans le coeur des hommes, lui qui « remplit leur coeur de joie » (Actes 14,17). Je découvre sa générosité qui va au-delà de tout ce que j’imaginais et a vaincu beaucoup de résistances en moi. En même temps, ce dialogue m’enracine dans ma propre tradition chrétienne, ou plutôt dans une personne : le Christ de communion qui, pour moi, est source et modèle de dialogue.

Par le dialogue, je crois être devenu un meilleur chrétien et j’espère que ce chemin de perfectionnement est aussi celui que vivent mes amis d’autres religions que je rencontre à la maison de l’Arzillier et dans d’autres lieux. Devenir des croyants plus crédibles, en dialogue les uns avec les autres, telle me semble être la réponse à donner à ces dramatiques événements récents. Comme l’a écrit Maria Voce, la présidente du mouvement des Focolari, il s’agit de « renouveller notre propre engagement à intensifier et multiplier les actes et les gestes de réconciliation, les espaces de dialogue et de communion, les occasions de rencontre et de partage à tous les niveaux et sous toutes les latitudes, pour recueillir le cri de l’humanité et le transformer en une nouvelle espérance ».


Publié

dans

par

Étiquettes :